Lundi 3 mars 2008 à 8:25

 

Pouvoir

(
1990 )

Un pouvoir ? Non ! Pourtant, oui, d'une certaine façon : on peut, quand on est sur une scène, qu'on a fait sortir les gens de chez eux pour qu'ils viennent vous écouter, leur demander beaucoup d'autres choses. Il faut faire attention à cela.

(
1993 )

Le pouvoir rend fou. A un moment donné, le pouvoir n'est plus dans la réalité. Il parle d'une réalité qu'il ne connaît plus, puisqu'il n'est pas dedans. Les gens de pouvoir vivent enfermés dans un autre monde.

Barbara

Vendredi 29 février 2008 à 8:05

 


Dans ma vie de femme, j'ai certainement fait beaucoup de choses donc j'ai honte. Et j'en fais tous les jours, comme tout le monde. Mais, dans ma vie de femme qui chante, je ne crois pas en avoir fait beaucoup. Je veux bien ne pas être belle, tant pis, mais je veux pouvoir me regarder dans une glace.

Barbara

Lundi 25 février 2008 à 8:29

 


Je prends de grandes distances pour ne pas devenir une habitude, pour que ce bonheur d'être là, cette émotion, demeurent intacts. Pour que ces sentiments soient rares, il faut soi-même être rare.


Barbara

Vendredi 22 février 2008 à 8:33

 


C'était un dimanche vers onze heures. J'étais arrivée depuis une semaine à Tel-Aviv afin de rendre visite à ma soeur qui traversait une période difficile. Je reculais volontairement l'instant de me rendre au bord de la mer que je pouvais pourtant apercevoir depuis ma fenêtre d'hôtel. Je me souvenais comment, en tournée d'été, lorsque nous arrivions au petit matin dans une ville du littoral, je faisais stopper la voiture, courais tout habillée et pénétrais jusqu'à mi-corps dans l'eau parfois glacée. Mon exaltation était telle que je poussais des cris violents, puis sortais de l'eau, m'asseyais, et des larmes alors venaient. Toujours, lorsque j'avais contemplé la mer avant que de chanter, je restais imprégnée de l'odeur de sel et d'iode, je gardais dans l'oreille le battement des vagues, dans les yeux l'image de l'espace infini. Les premières chansons de mon récital étaient pleines de ces impressions que j'essayais à toutes forces de retransmettre avec mes mots, ma voix, mes doigts sur le clavier. Je sortis de l'hôtel, un escalier accédait directement à la plage. Sous mes pieds, le sable était brûlant, aussi fin qu'une poudre beige mouchetée de petits éclats de mica. Je me dirigeai le plus lentement possible vers la mer pour différer mon plaisir. Mes jambes douloureuses me portaient difficilement. Mon sac, dans lequel je traînais le script de Lily Passion, mon magnéto, mes cassettes, pesait lourd à mon épaule. Il était pourtant rare, depuis déjà un certain temps, que je porte la moindre chose ou me déplace longtemps à pied. Rare aussi que je fusse seule, toujours protégée par la compagnie d'un homme qui me conduisait et veillait sur moi ( ou sur qui, plus souvent, je veillais ) Sur un monticule de sable, je déposais mon sac... je me mis à penser à Jacques ( Brel ). Ce n'était pas qu'il fût mort qui me révoltait le plus. Mais qu'il ne vît plus ni la mer ni le ciel. Je repensai à cette exigence qu'il montrait vis à vis de lui même, à son rire, à nos longues heures de route, à bord de sa Jag verte dans laquelle nous écoutions Ravel tout en parlant de sa peur et de sa méconnaissance foncière des femmes, de sa propension à rechercher en elles sa propre masculinité. Tout me revenait, assise là dans le sable, six ans après sa disparition. Tu es toujours présent. je ris avec toi.
Face à la mer, j'éprouvais une impression de liberté ; de solitude et de petitesse aussi, mais j'étais bien. Il était midi. Je décidai de retourner chez ma soeur, à Tsirelson Street.


Extrait du livre écrit par Barbara



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Mercredi 20 février 2008 à 8:14

 


En 1957, engagement Chez Moineau, rue Guénégaud. Un matin, monsieur Moineau drôle, chaleureux, bon gestionnaire de son  " cabaret-bistrot "  la main toujours posée sur le tiroir caisse ! En vain je plaiderai pour que le service du couscous cuisiné par madame Moineau s'interrompe durant le spectacle... Les Moineau logent au-dessus de leur cabaret-bistrot et me louent pour quelques temps une chambre lambrissée. Monsieur Moineau vient quelquefois, le matin, frapper à ma porte pour que nous  " belotions "  ensemble. Chez Moineau, le public est essentiellement composé de peintres, de photographes, d'initiés. J'y croise le grand Robert Doisneau qui, pour me faire gagner quelques sous, me fait poser pour une couverture de roman policier. Quand je dis  " poser "  c'est d'ailleurs un peu prétentieux  :  en fait, sur la couverture, il n'y a que ma main gauche ! Un beau peintre partant pour le Mexique me laisse son appartement rue de Seine, sous les toits. Je m'installe avec délices dans ce cadre splendide. je loue un piano noir. Le soir, lorsque je pars chanter, je laisse allumée une lampe de chevet en osier pour rendre plus chaleureux mes retours en pleine nuit... Court-circuit. Incendie. Tout se consume. Les braises incandescentes s'arrêtent juste aux pieds du piano. Pompiers. Eau. Cendres. Plus de lit. Je vais loger en face, à l'Hôtel de Seine où je vis dans l'angoisse du retour du bel inconscient. Mais, à son retour, le propriétaire de l'appartement ne me tient rigueur de rien. Il ne me demandera jamais ni les causes de l'incendie, ni même le moindre dédommagement. Belle âme ! Merci monsieur...


Extrait du livre écrit par Barbara



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Dimanche 17 février 2008 à 9:58

 


En tout cas, sachez que c'est avec vous, par vous, pour vous que j'ai vécu, même si c'est aussi pour moi, bien sûr, que j'ai chanté. Parfois vous étiez lourd, envahissants, terribles ; je me sentais poursuivie, harcelée, dévorée. J'ai eu souvent très peur, mais je vous ai aimés.

Barbara

Mardi 12 février 2008 à 8:11

 


Je plains ceux qui ne connaissent pas le mal de vivre. Il leur manque quelque chose pour entendre celui qui est en face. Je crois qu'il faut traverser des déserts et je crois même que ceux qui n'en ont jamais traversé sont des infirmes. On ne connaît le mal de vivre que lorsqu'on connaît la joie.

Barbara

Samedi 9 février 2008 à 10:25

 


Quoi de plus banal qu'une chanteuse qui chante ? Elle ne fait que son métier. Et quand elle fait un disque, il n'y a aucun événement là-dedans. Soyons mesurés. Qu'est-ce que ça peut bien signifier, dans ce monde terrifiant, d'aller dire  " Attention, je vais chanter ! "

Barbara

Vendredi 8 février 2008 à 8:09

 

Le couloir

(
1996 )
Le texte est fait de toute la douleur, de toute la fatigue des malades. Ceux du sida, particulièrement. Mais ce pourrait être n'importe quelle autre maladie. Et n'importe quel couloir d'hôpital à l'heure où partent les visiteurs, où s'insinue l'angoisse. Ce singulier silence, ces grincements de chariots... J'ai écrit ce texte il y a déjà quelques temps. Quand Jean-Louis Aubert est venu à Précy, il a voulu composer avec moi le climat autour de ces mots là. Il a le sens de la note essentielle.

Barbara

Mercredi 6 février 2008 à 7:42

 


Chanter c'est chanter, écrire c'est écrire, et chanter ce qu'on écrit c'est encore autre chose. Jusqu'à l'âge de trente ans, j'ai chanté, sans écrire : Brel, Brassens, Ferré, Fragson et un tas de gens que j'aimais. Et puis le jour où j'ai eu envie de parler comme une femme, j'ai écrit  " Dis quand reviendras-tu ?  " et je ne l'ai pas avoué pendant longtemps. disons qu'il m'est arrivé d'écrire et que j'en suis la première étonnée. Je crois être plus une femme qui chante qu'une femme qui écrit.


Barbara

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