Lundi 16 juin 2008 à 9:13

 

J'ai aimé la rencontre avec les hommes de ma vie, la dualité, la complicité, le rire, la quiétude, la séduction, l'impérieux besoin de reconquérir chaque matin, de rêver une vie à deux tout en sachant parfaitement que rien ni personne ne résisterait à mon piano, à mes théâtres, à la route partagée avec d'autres.


Barbara

Jeudi 12 juin 2008 à 8:36

 

La seule chose qui me soit restée de mon mariage, c'est une photo où je figure dans une robe noire au bras d'un homme qui n'était pas mon mari. Je m'étais mise par erreur, dans la précipitation des mariages du samedi, au bras d'un homme qui sortait en même temps que moi. Les premiers jours, j'ai bien aimé être dans la peau d'une femme mariée. Qu'on me dise : " Bonjour, madame ! " ou jouer avec mon alliance, la faire tourner ! Mais ça n'a pas duré très longtemps. Ce que j'aime surtout, c'est la rencontre, la magie d'une rencontre.


Barbara

Samedi 7 juin 2008 à 17:13

 

La vérité,  c'est en scène et au lit !

Barbara

Mercredi 28 mai 2008 à 8:26


La petite maison de la rue Mollard à  Saint-Marcellin.


Août 1944 : comme un bouquet de feu d'artifice, la libération de Paris ! Paris libéré ! Qu'est-ce que cela peut représenter pour moi à cette époque là ? Les voyages, les exodes, les fuites de 1939 à 1945 n'ont pas rendu ma vie douloureuse ; la faim ne m'a jamais vraiment tenaillée, je n'ai jamais été trop longtemps séparée de ma mère, nous n'avons jamais porté l'étoile jaune, aucun de nous n'a été déporté. Mes peurs et mes douleurs d'enfant, est-ce vraiment à la guerre que je dois les imputer ? Je pense que le mot " libération " voulait dire pour moi que c'en était fini des morts et des atrocités, et que le monde allait pouvoir se retrouver. C'était comme une immense fête. J'allais revoir ma Granny. Nous allions habiter enfin une vraie maison. J'allais pouvoir être juive sans peur, librement. Nous restons encore quelque temps à Saint-Marcellin où nous voyons arriver les Américains. Entre-temps, mon petit frère Claude nous rejoints ; il a deux ans : c'est drôle de retrouver un petit frère qui parle ! Je le promène en poussette. Nous quittons Saint-Marcellin en 1945. Je suis triste, j'éprouve une drôle de sensation ; j'ai beau savoir que c'est pour retrouver Paris, pour moi, c'est partir vers l'inconnu. Quand je reviendrai à Saint-Marcellin, vingt-trois ans plus tard, dans ma " belle Mercedes grise à toit ouvrant " c'est " Peter " qui conduira. Marie Chaix sera près de moi. Bouleversée, je traverserai la grande rue, puis la place d'armes qui mène au chemin bordé de mûres. je retrouverai le coteau, la villa qui, en fait, n'est qu'une modeste maison ; les dahlias fauves seront toujours là.
J'ai eu tort, je suis revenue
dans cette ville loin perdue
ou j'avais passe mon enfance.
J'ai eu tort, j'ai voulu revoir
le coteau ou glissaient le soir
bleus et gris ombres de silence. (...)  
 Mon enfance ( Barbara)

Barbara

Mardi 27 mai 2008 à 14:07

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Demain


(
1968 )


Je suis fataliste. Demain n'existe pas pour moi.


Barbara

Dimanche 25 mai 2008 à 7:50

 

Cauchemar

(
1985 )

On me dit  :  " C'est à vous ! " 
Et je ne trouve pas la porte de la scène.

Barbara

Lundi 19 mai 2008 à 8:21

 


La vérité tout à coup, ça été de me lever et je me suis levée tout à coup un soir où je ne m'y attendais pas... Et puis je me suis sentie parfaitement heureuse dans ma peau à ce moment-là. Le public m'en a libéré, c'est-à-dire qu'il m'a appris à l'aimer, parce qu'il m'a rendu mon naturel, lui. Parce qu'il m'a aimée, lui, tellement fort que j'ai fini par accepter ce physique et même complètement l'oublier, je lui donnais beaucoup trop d'importance
. Depuis son adolescence, la chanteuse a pris un uniforme noir pour cacher ses formes et coupé ses cheveux très courts pour grader une féminité de garçonne. Elle n'a jamais vraiment assumé son image de femme. le succès va le faire éclore  : Avant, j'étais quelqu'un, j'étais une femme ( comprendre que dans l'enfance, elle était très féminine ) et puis je crois que j'ai tué cette femme volontairement, consciemment, comme ça, lentement, au cours des jours, du temps, parce que je trouvais que d'être une femme pour moi, c'était trop difficile, parce que j'étais quelqu'un extrêmement vulnérable, comme ça crucifiée, comme ça, par des choses, des riens. Et ça, c'est vrai, je crois que j'ai refait quelqu'un, j'ai coupé mes cheveux, j'ai cessé de me maquiller. Et cette femme, que j'avais tuée volontairement pendant des années, comme ça, elle a ressurgi malgré moi, traîtreusement, dans ce que je faisais, dans ma façon de chanter... Et ça, c'était vraiment étonnant, parce que j'avais beau masquer ça tout d'un coup, c'est apparu comme ça. C'est-à-dire que j'en viens à dire que c'est vrai, que le bonheur rend naturel, que le succès rend naturel. Je crois que moi, cela m'a rendu naturelle, en tout cas celui d'être une femme. Bien sûr, j'aime plaire et je dis tout le temps que je ne suis pas une femme, mais je sais bien que je suis une femme. Elle n'aime de son image que ce qu'elle retrouve dans le regard des autres.

Barbara

Samedi 17 mai 2008 à 13:55

 


Une des choses les plus importante, entre deux êtres, c'est la bonne distance qui s'établit entre eux. Certains veulent et peuvent vivre très proches. Moi, je ne peux pas. Il faut que je respire, que je me sépare pour le bonheur des retrouvailles. J'aime les distances, en amour. Pour l'amour de l'amour; je préfère me priver des autres plutôt que de tricher et faire semblant.

Barbara

Vendredi 16 mai 2008 à 7:53

 

Je n'ai pas de souvenirs d'enfance, juste des odeurs, des villes, des paysages, des départs précipités. Je n'ai pas de passé, pas d'avenir, c'est l'instant présent, très fort, très violemment. Je crois qu'il faut pouvoir et savoir refaire sa vie, chaque matin. C'est très important, il faut savoir aussi refaire l'amour à chaque matin... je veux dire par là qu'il faut se reconquérir.

Barbara

Jeudi 15 mai 2008 à 8:14


Suite d'hier...


Quelques jours plus tard, je suis définitivement admise par mes camarades qui m'ont surnommée  " Bambi " Je suis la plus jeune de toutes, et d'humeur rieuse ; elles m'ont très vite prise sous leur protection et m'ont appris à me maquiller, à coiffer ma perruque, à enrouler mes faux cils, le soir, sur une allumette afin de les retrouver bien recourbés le lendemain. Il y avait une habilleuse, madame Blanche, qui, entre chaque tableau, nous dégrafait puis nous ragrafait prestissimo. Les loges étaient au deuxième étage, on grimpait à toute allure les escaliers étroits en retroussant nos lourdes robes à crinoline. Nous étions douze choristes et douze danseuses à partager une grande loge commune, toutes assises devant nos tables à maquillage. La multitude d'ampoules encadrant les glaces donnait un air de Noël à la loge et c'était tous les soirs comme une grande braderie bariolée ; toutes ces couleurs, toutes ces soies, ces taffetas, ces satins, ces dentelles, ces bijoux, ces perruques, ces guêpières, ces fanfreluches de french cancan, cette odeur de poudre de riz  - qui me rappelait celle du sac à main de Granny - et de colle à faux cils... Que ça me plu ! Que j'ai aimé ça ! Que c'était chaleureux et vivant !  A cette époque-là, les choristes, les mannequins et les danseuses étaient professionnellement très mal défendues. Mes camarades m'ont appris comment, si je le voulais, je pouvais arrondir mes fins de mois. Un des machinistes jouait le rôle d'entremetteur et nous trouvait des " clients " dans des milieux plus ou moins interlopes, voire, dans certains cas, très particuliers, parmi ces messieurs de la haute. Je me souviens d'un homme qui payait très cher, disait-on, pour qu'on se laissât enfermer dans un cercueil installé dans une pièce attenante à son bureau, etc. Ces combines ne m'intéressaient pas du tout, mais il me plaisait assez d'être admise au point qu'on me les proposât. Chaque soir, après le spectacle, je reprenais le métro pour rentrer chez moi. Je descendais à la station " Maraîchers " et longeais longuement la rue des Pyrénées pour arriver, essoufflée, au deuxième étage du 50 de la rue Vitruve où ma mère, inquiète, m'attendait avant de s'endormir. Comment ça me semblait doux, de rentrer à la maison.

Extrait du livre écrit par Barbara



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