Mardi 8 avril 2008 à 10:30

 


Ce sont souvent les instants où on a le plus souffert dont on se souvient avec le plus de précision, c'est pourquoi mes chansons sont souvent tristes. Mais ne me faites pas parler de la tristesse ou de la douleur. Un aveu chanté est rarement indécent, alors que les aveux parlés, c'est à réserver aux confesseurs et aux psychiatres.

Barbara

Vendredi 4 avril 2008 à 13:18

 


Mon style venait peut-être da ma non-connaissance de la musique. Quand on connait la musique, on écrit autrement. C'est sans doute mon ignorance de l'écriture qui lui a donné une certaine couleur.

Barbara

Mardi 1er avril 2008 à 8:40

 


Je me souviens d'une autre rencontre, celle de Jacques Attali, en 1986. Je lui avais demandé comment et à qui je devais m'adresser pour essayer de participer à l'action contre le Sida. Sa réponse fut très claire. C'était la même qu'il avait dû faire à Coluche en d'autres circonstances. deux solutions : l'appareil administratif, ou les démarches personnelles, plus souples mais plus difficiles. Après avoir " petit-déjeuné " plusieurs fois au ministère de la santé et en être ressortie comme j'y étais entrée, je décidai d'emprunter mes dédales personnels. je venais juste de composer une chanson sur le sujet, que je souhaitais faire figurer dans mon prochain récital au châtelet. Mon but était de pénétrer dans les prisons et d'y faire de l'information préventive contre le Sida par le biais de ma chanson Sid'amour-à-mort. J'ai rencontré à cette époque le professeur Jacques Leibowitch, puis, toujours par l'intermédiaire de Jacques Attali, le professeur Willie Rozenbaum. J'ai également rencontré le journaliste Gilles Pial qui écrivait dans  Libération et fut le premier à m'interviewer sur le sujet. Michelle Barzac, nouvelle ministre de la santé, fut la première à souhaiter me parler de ma chanson et à me proposer un entretien. Entre-temps, Gilles Pial avait quitté le journalisme pour revenir à la médecine, et c'est avec lui que j'allais pénétrer un peu plus tard dans les prisons. Ma première intervention fut aux Baumettes, à Marseille, en compagnie du professeur Gastaud. C'était en 1988. Parler du Sida à cette époque-là dans les prisons, parler simplement des préservatifs paraissait proprement révolutionnaire. J'ai pourtant rencontré des gens qui m'ont écoutée et qui m'ont facilité les choses, comme Alain Blanc et Jean-Paul Jean, au ministère de la justice. Je parlerai aussi un jour de ce que furent mes rencontres avec les détenu(e)s, au cours desquelles j'ai conscience d'avoir reçu bien plus que je n'ai donné.

Barbara

Lundi 31 mars 2008 à 13:52

 

Fatigue

(
1996 )

J'ai vu, dans des chambres d'hôpital, cette fatigue si forte que tout devient insupportable, la lumière, le regard de l'autre. Nous traversons tous de ces paroxysmes-là. Ces états de fatigue heureuse, au sortir de scène, quand on vous a tout donné et tout mangé, jusqu'à la moelle. Ces moments où la fatigue devient un sanglot...

Barbara

Vendredi 28 mars 2008 à 7:58

 


Mikhaïl Barychnikov

(
1990 )

Ah, Mischa ! Quand il est venu danser à Paris, la première fois, il voulait me voir, il connaissait toutes mes chansons par coeur et expliquait qu'il apprenait le français en écoutant mes disques ! mais ça ne s'est pas fait. Quelques temps après, on m'a appelée pour me dire que Barychnikov voulait danser sur quelques unes de mes chansons au Metropolitan Opéra de New-York et qu'il voulait m'en parler. J'ai sauté dans un avion et j'ai enfin rencontré Mischa : une vraie rencontre, intense, profonde... Il a dansé sur Pierre, Le mal de vivre...

Barbara

Mercredi 26 mars 2008 à 13:18


Les mots


(
1996 )


Je ne suis qu'une murmureuse et j'aime les mots qui ont l'air mieux élevés que d'autres.


Barbara

Jeudi 13 mars 2008 à 9:59

 

La voix

Du premier cri jusqu'au dernier souffle qui demeure en son, la voix est un des principaux véhicules de nos émotions. Riche d'une palette de tons infinis qui nous permet de " dire, dialoguer, chanter, charmer, de reproduire ou de créer d'autres sons " la voix est un instrument magique. Les cordes vocales, moteur fragile, sont pour toute personne faisant profession de sa voix un centre de grande sensibilité. Les séducteurs, les politiques, les orateurs, les acteurs, les avocats, les artistes, les médecins le savent bien. La voix est un argument précieux pour séduire, donc convaincre. L'état de nos cordes vocales " s'accorde ou se désaccorde " souvent en fonction de notre état physique ou psychique. Elles demandent donc les plus grands soins, la plus grande attention. Le trac peut momentanément détimbrer la voix ou la rendre moins audible. L'expression " j'en ai perdu la voix " illustre bien ce phénomène. Une des nombreuses raisons qui m'ont fait tout au long de ma vie arriver très tôt dans les théâtres où je me produisais est que je tenais à me préserver de toute émotion venue de l'extérieur. En effet, toute fatigue ou tout bouleversement passant d'abord par notre psychisme risque très souvent de fragiliser l'organe que nous utilisons professionnellement ( pour les sportifs, le corps, pour les pianistes, les doigts... ) La voix peut être un baromètre de grande exactitude. Combien de fois ai-je pu, à la modification même infiniment peu perceptible de leur timbre de voix, déceler l'état physique ou moral de mes amis ? Nous avons tous la connaissance de timbres de voix qui nous sont insupportables, quelquefois jusqu'au dégoût. On connais également le pouvoir des voix de certains hommes politiques dont nous gardons de triste mémoire le son planté dans nos tympans ( voix de " gourous, " de dictateurs... ) Elizabeth Fresnel-Elbaz, phoniatre, a ouvert un Laboratoire de la Voix, à Paris, dont je ne connais pas d'équivalent en France. C'est à elle que je confie depuis quelques années le suivi de mon état vocal. Je dois beaucoup à son savoir et à son écoute attentive. J'ai commencé à travailler le chant à l'âge de seize ans. Pendant un an, je ne fis que des exercices vocaux et appris à respirer. Les exercices vocaux servent à amplifier, à élargir, à tonifier, à poser la voix. Ce fut un réel bonheur de travailler le chant classique. Mais je pris vite conscience que ma " voie " ne serait ni l'opérette, ni l'opéra comique, ni l'opéra. La respiration joue un rôle presque essentiel dans la technique du chant et... dans la vie courante. Le souffle permet d'enfler, d'élargir, de tenir un son... Je ne me pose nullement en " professeur " je dis ce que fut mon travail, ma manière à moi de manipuler ou de négocier le son avec une voix souple mais modeste et d'une petite tessiture. Je m'aperçus plus tard que la voix debout, la voix assise, la voix couchée sont autant de voix différentes, le souffle n'alimentant pas les cordes de la même façon. La raison qui m'a fait ici m'exprimer est la question posée par Elizabeth : " La voix, c'est quoi pour toi ? " Il y a après la mort un silence très particulier. Si présente, si fidèle que soit notre mémoire à nous restituer les choses, la voix de l' " autre " perdue, disparue à tout jamais, est en nous un grand manque, une douleur insoutenable. " La voix, c'est quoi pour toi ? " Tant pis si c'est un peu emphatique, mais je dirais volontiers que " la voix est la musique de l'âme "

Avant-propos de Barbara pour le livre :
La voix, du Dr Elizabeth Fresnel-Elbaz Éditions du rocher 1997

Lundi 10 mars 2008 à 7:27

 

Johnny Hallyday


(
1993 )


Je suis une inconditionnelle ! On est copain, oui, je crois que je peux le dire. C'est quelqu'un pour qui j'ai une réelle tendresse.


C'est l'enfance prolongée, la force, le choix de pouvoir jouer au cow-boy. Je trouve ça formidable. C'est un héros moderne ! Il a un sens fou du show, de la scène, de la lumière... Il sait tout !


Barbara

Jeudi 6 mars 2008 à 13:57

 


Finalement, j'ai pu faire ce que je voulais comme je le voulais, à part très peu de choses. Donc, mes erreurs, je les assume.


Barbara

Mercredi 5 mars 2008 à 8:33

 


Un après-midi, seule dans la maison, j'entends distinctement la voix de ma grand-mère,  ma Granny ; sa plainte semble sortir des rochers. Lorsque ma mère revient, je lui fais part, d'une voix bouleversée, de ce que j'ai entendu. Quelques heures plus tard arrive un télégramme. Ma mère doit rentrer d'urgence à Paris. Granny s'est endormie. Ma Granny nous a quittés. Je supplie mon père de me laisser rejoindre ma mère. Il refuse. Je menace, je hurle ; cette violence lui fait peur. Je pars. Rue Marcadet, le chagrin me rapproche de ma mère. Nous accompagnons Granny jusqu'au cimetière de Bagneux, puis nous rentrons chez nous.
Ma Granny, je l'ai tellement aimée que, même aujourd'hui, j'ai du mal à en parler. C'est comme une morsure en plein coeur. Lors de sa disparition, le choc fut si important que, durant deux années, refusant sa mort, je la voyais surgir de partout, persuadée qu'elle était toujours vivante. Granny prépare des Kirkles... Granny m'emmène au Jardin d'Acclimatation... Je joue ma musique pour Granny... Granny me donne une poupée russe... une boîte... un sac... Granny sent la poudre de riz... Granny porte des boucles d'oreilles en cristal... Granny me chante une berceuse... Elle me raconte des histoires de loups... Granny me tient contre elle dans le grand lit... Granny prépare du mouton aux amandes et des beignets aux fruits... Granny reçoit ses amies. Les amies de Granny sentent le thé, l'orange confite. Granny et ses amies ne parlent que le russe. Je les vois rire très fort. Elles font beaucoup de gestes. Elles sont très vieilles, mais gracieuses avec leurs cheveux blancs nattés autour de la tête et leurs hautes pommettes légèrement rosies. Elles portent autour de leur cou des rubans de velours noir ; au milieu du velours, il y a un bijou, parfois une pierre de couleur, un camée, une tête blanche épinglée sur le velours. Il y en a même une qui porte une longue chaînette d'or garnie de petites perles laiteuses. Granny vient m'apporter un gâteau aux noix truffé de raisins de Smyrne. Elle dépose un morceau de gâteau sur une assiette posée près d'elle. Toutes ces dames me regardent. Je fais mes yeux, allonge le cou, me déplie et me dirige gravement vers l'assiette. Les dames rient. Granny m'embrasse ; je ris avec Granny.
Je n'ai fait mon deuil de Granny que très tard, longtemps après.


Extrait du livre écrit par Barbara


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