Mardi 18 août 2009 à 8:41

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A chaque spectacle, la vérité absolue, elle se consume, elle est l'amante et instaure un véritable dialogue d'amoureux avec la salle. Sa sincérité est extrême, elle va, elle s'abandonne. Plus d'une fois, derrière le rideau, elle s'écroule... Avant l'enregistrement public, elle a un vrai problème physique, les musiciens la voient changer de couleur. Sergio ne la quitte pas des yeux. Au final de L'Aigle noir, pendant la reprise symphonique, le plateau est mis à nu. Magnifique, Barbara apparaît au fond, sur un  "  fly-case  "  de vingt mètres de long. Un soir, malgré quelques milliers de watts autour de lui, Sergio croit entendre hurler  "  Je t'aime  "  Il se dit  :  ça ne peut pas être elle, pourquoi ferait-elle ça ?  "  J'essaie de distinguer, j'ai un doute. Je pense que ce  "  Je t'aime  "  est lancé par un admirateur passionné, je ne dis rien. Tout d'un coup, j'ai l'absolue conviction que ce cri d'amour vient de Barbara. Le lendemain, avant le concert, je vais lui parler  :
- Barbara, vous êtes folle, vous ne pouvez pas faire ça...
- Mais pourquoi ?
- Vous n'avez pas le droit de prendre ce risque tous les soirs !
- Pourquoi tu l'entends ?
- Bien sûr. Vous vous rendez compte du danger de crier comme ça ?
- Viens, viens...
Elle m'emmène au fond de la scène, sur le  "  fly  " ...
- Sergio, tu ne peux pas savoir, tu ne peux pas savoir, je ne peux pas me retenir. Quand tu vois l'amour de ces gens, quand tu vois l'amour qu'ils m'envoient comme ça et que je prend, je ne peux pas me retenir, je suis obligée de leur dire que je les aime aussi. Ca me rentre de partout, ils m'envahissent, c'est un cri que je leur donne, je n'en suis pas consciente, je sais que je rentre dans un état second, je ne peux pas faire autrement...

Sergio Tomassi  ( Accordéoniste )

Mercredi 12 août 2009 à 10:32



<  Eglantine  >



Eglantine   ( Barbara/Barbara )   ( 1972 )


Dans la grande maison d'Eglantine
Les volets se sont fermés
Dans le matin léger, Eglantine
Pour toujours, s'en est allée,
Pour toujours, s'en est allée
Et l'enfant veuf,
Superbe dans ses habits de velours,
L'enfant veuf
Pleure sur son premier chagrin d'amour

Nous n'irons plus jamais
Dans les grandes allées qu'elle aimait
Pour cueillir en bouquet
Les roses transparentes de mai

Sur son ombrelle
Ma fiancée
Quelle était belle
Je l'avais toute à moi
Ma mie, ma divine

Elle riait de ses bavardages
Et partageait ses secrets
Elle disait " mon enfant sauvage
Mon chéri, mon adoré,
Mon tout petit fiancé "

Contre cent mille
Sans épée, sans chevaux et sans armée
Pour Eglantine
Il guerroyait des caves aux greniers
De la cuisine offerte
Montaient l'odeur du pain grillé,
Le goût des pommes vertes
Mêlés aux myrtilles écrasées
Dans le jardin
Sa fiancée
Qu'elle était belle
Sa tendresse
Sa mie, sa divine

Dedans le grand salon d'Eglantine
Les roses sont effeuillées
Sur le piano, quelques sonatines
Commencées, inachevées,
Commencées, inachevées
Et l'enfant triste,
Superbe dans ses habits de velours,
L'enfant triste,
D'un doigt, rejoue la valse des amours

Sous le lustre en cristal
Elle le berçait dans ses bras
C'était son premier bal
C'était hier et c'est loin déjà

Sous sa dentelle
Sa fiancée
Qu'elle était belle
Ils ne danseront plus jamais
Plus jamais

Dans la grande chambre d'Eglantine
L'enfant s'est agenouillé
Sur le lit blanc, repose Eglantine
Il a posé un baiser
Au bout de ses doigts glacés
Le pays où tu vas,
Où l'on ne va pas quand on est petit,
Le pays des parents
Où j'irai aussi quand je serai grand

Aura-t-il des prairies,
Des chevaux blancs,
Est-ce loin, ce pays
Oh, emmène-moi,
Dis, grand-mère ?

Sur la grande maison d'Eglantine
Le portail s'est refermé
C'est fini, fini, Eglantine
Pour toujours s'en est allée,
Pour toujours s'en est allée
A pas lents,
Derrière les grands chevaux de velours,
Un enfant
Pleure sur son premier chagrin d'amour

Oh, ma grand-mère,
Comme je l'aimais
Sous sa dentelle
Ma fiancée
Qu'elle était belle
Oh, grand-mère,
Pourquoi m'as-tu quitté ?

Sur la grande maison d'Eglantine
Le portail s'est refermé,
Le portail s'est refermé...

Mercredi 15 juillet 2009 à 7:53



<  Ma maison  >


Ma maison   ( F.Wertheimer/Barbara )   ( 1973 )


Je m'invente un pays où vivent des soleils
Qui incendient les mers et consument les nuits
Les grands soleils de feu, de bronze ou de vermeil,
Les grandes fleurs soleils, les grands soleils soucis
Ce pays est un rêve où rêvent mes saisons
Et dans ce pays-là, j'ai bâti ma maison

Ma maison est un bois, mais c'est presque un jardin
Qui danse au crépuscule autour d'un feu qui chante
Où les fleurs se mirent dans un lac sans tain
Et leurs images embaument aux brises frissonnantes
Aussi folle que l'aube, aussi belle que l'ombre,
Dans cette maison-là, j'ai installé ma chambre

Ma chambre est une église où je suis, à la fois,
Si je hante un instant ce monument étrange,
Et le prêtre et le Dieu et le doute à la fois
Et l'amour et la femme et le démon et l'ange
Au ciel de mon église brûle un soleil de nuit
Dans cette chambre-là j'y ai couché mon lit

Mon lit est une arène où se mène un combat
Sans merci, sans repos, je repars, tu reviens
Une arène où l'on meurt aussi souvent que ça
Mais où l'on vit, pourtant, sans penser à demain
Où mes grandes fatigues chantent quand je m'endors
Je sais que, dans ce lit, j'ai ma vie, j'ai ma mort

Je m'invente un pays où vivent des soleils
Qui incendient les mers et consument les nuits
Les grands soleils de feu, de bronze ou de vermeil
Les grandes fleurs soleils, les grands soleils soucis
Ce pays est un rêve où rêvent mes saisons
Et dans ce pays-là, j'ai bâti ta maison...

Mardi 7 juillet 2009 à 18:36



<  Le verger en Lorraine  >



Le verger en Lorraine  ( J.Poissonnier/Barbara )   ( 1962 )


Tout le sang qu'ont versé
Les hommes dans la plaine
Et tous les trépassés
Des causes incertaines
Ont fait qu'à ce verger
Il pousse par centaines
La rose et le pommier,
Aussi la marjolaine

Tous ceux qui ont crié
Que leur mort était vaine,
Tous ceux qui ont pleuré,
Le front dans la verveine,
Tous ceux qui ont soufflé,
Là, leur dernière haleine
Ont fait de ce verger,
Sur la rive lorraine,
Un creux tendre où s'aimer
Quand les saisons reviennent

Tous ces désarçonnés
Qui n'eurent le temps même
De dire, émerveillés,
Ce sont tes yeux que j'aime
Toutes ces fiancées
Dont l'attente fut vaine,
Ces hommes arrachés
A leur noce prochaine
Sourient à regarder
Ceux que l'amour amène
Sur l'herbe du verger
Quand leurs bouches se prennent

Tous ceux qui ont laissé
Leurs amours quotidiennes,
Les membres fracassés
Et le sang hors des veines,
Tous ceux qu'on a pleurés
Lors des guerres anciennes,
Ceux qu'on a oubliés
Les sans noms, les bohèmes
Se lèvent pour chanter
Quand les amants s'en viennent
Insouciants, échanger
La caresse sereine
Qui leur fut refusée
Au nom d'une rengaine

Tout le sang qu'ont versé
Les hommes dans la plaine
Et tous les trépassés
Des causes incertaines
Ont fait qu'à ce verger
Il pousse par centaines
La rose et le pommier,
Aussi, la marjolaine,
Ont fait de ce verger
Sur la rive lorraine
Un creux tendre ou s'aimer
Quand les saisons reviennent
 

Mardi 30 juin 2009 à 10:19



<  Le 4 novembre  >


Le 4 novembre   ( R.Forlani/Barbara )   ( 1970 )


A cinq heures, un quatre novembre,
Le ciel était couleur de soufre
Et le premier Noir que j'ai vu
Courait avec un arrosoir,
Un arrosoir plein de mazout
Un peu plus tard, j'ai vu les flammes
Il paraît que toutes les voitures y sont passées
Y compris la Bentley de Monsieur
J'ai aussi entendu des cris,
J'ai vu des gens qui défilaient
Pour les uns,
Une bien belle journée
Pour les autres...

A cinq heures, un quatre novembre,
Le ciel était couleur de soufre
Et le premier Blanc que j'ai vu
Brandissait une carabine
Il a tiré cinq six cartouches
Sur les Noirs qui poussaient des cris
Puis il s'est versé un whisky
Ce monsieur-là,
C'était Monsieur

Moi, j'arrivais pour être fille
A cinq heures, un quatre novembre
Le ciel était couleur de soufre
Et, ce jour-là, précisément,
On praclamait l'indépendance

Rigolo, non ?
Des mois que je préparais mon coup,
Des mois que je rêvais au jour où
Je cesserais de vendre de la pacotille
Dans une ridicule boutique de la Chaussée d'Antin
Pour être enfin putain. Putain : mon rêve !
Des mois que j'économisais
Pour pouvoir acheter des dentelles, des bas noirs,
Des frusques amoureuses, des affûtiaux pervers
Du linge intéressant, quoi
Des mois que j'inventais des caresses dans ma tête
Et des baisers et pire que ça
Des mois
Et, un lundi, dans un bureau de tabac,
La Providence : un Corse qui connaissait la filière
Il m'a tout donné : l'heure du bateau, le prix du voyage
Et il a fallu que je débarque précisément
Ce foutu quatre novembre !

Putain,
Moi, je n'ai pas pu l'être
Le lundi, ce quatre novembre-là,
Le bordel ferma ses portes
Et toutes les filles s'en allèrent
Moi, je suis restée
Pas pour faire la putain
Pour soigner la goutte de Monsieur


Extrait de la pièce de théâtre Madame

Mercredi 3 juin 2009 à 6:32

 
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Une question se pose : Barbara a-t-elle considéré le cinéma comme une simple passade, un cadeau offert à ses amis les plus chers ? L'entretien accordé à Michel Perez en 1972 prouve qu'elle y a, sans doute, secrètement rêvé. " J'aimerais bien tourner avec Polanski, Losey, Visconti, Fellini. J'aurais aimé tourner Lola de Jacques Demy. Et alors là, on est en plein délire, j'aurais aimé tourner avec Erich von Stroheim, avec Max Ophuls (...) " C'est vrai, on l'aurait bien vue dans Le plaisir. Dans le rôle de Mila Parély la " belle juive " de La Maison Tellier, aussi brune qu'elle, et aussi douloureuse. Avec Danielle Darrieux, tendre et fragile Madame Rosa, Barbara aurait fredonné : " Combien je regrette mon bras dodu, ma jambe bien faite et le temps perdu. " Et puis, tard dans la nuit, pour les esseulés et les retardataires, les derniers clients tristes de toutes ces filles de joie, elle aurait entonné, avec Rosa-Darrieux, sous l'œil réprobateur de la patronne-Madeleine Renaud, ce refrain égrillard et nostalgique :

Nous avons eu Lulu Mange-Tout
Nana-Frisson et miss Poilpoil
Celle qui rendit les hommes fous
Quand elle dansait avec ces voiles
Qui cachaient même pas son cœur
Ni ses six poils de salsifis
Nous avons eu Nini d'Honfleur
Et Rita qui pissait au lit.

De jolies putes vraiment
Et un vraiment bien beau bordel
Même qu'à Dakar
Ça je peux le dire
Ils n'en avaient pas de pareil.


 Extrait de la chanson De jolies putes vraiment  " Madame "

Télérama

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