
Pierre Murat ( Journaliste )
Jeudi 29 janvier 2009 à 10:37
Mercredi 21 janvier 2009 à 16:10
Mardi 13 janvier 2009 à 11:26
14, rue Rémusat 75016 Paris
Mardi 30 décembre 2008 à 8:44
Thème astral, carte du ciel et planètes pour
BARBARA,
née le lundi 9 juin 1930 à 16h00 à Paris (France)
Soleil en 18°02 Gémeaux, AS en 25°05 Balance,
Lune en 28°58 Scorpion, MC en 2°17 Lion
Astrologie chinoise : Cheval
Son élément : Métal
Sa planète : Saturne
Son métal : Mercure
Sa pierre : Beryl
Mardi 4 novembre 2008 à 7:54
Lundi 20 octobre 2008 à 20:52
Dessin Luc Simon - 1963
Lorsque les mômes, à ma demande, et après qu'on leur eut distribué un texte, ont entonné L'Aigle noir, Barbara s'est tue, enfoncée sur sa chaise, tête baissée, les yeux fermés, tout à côté de moi. Jusqu'à la fin du troisième couplet. Et là, j'ai senti sa main venir chercher un des micros que j'avais conservés sur mes genoux. Puis elle s'est levée et a rajouté sa voix à celle des élèves, prenant le temps d'embrasser tendrement sur le front chacun des quatre-vingt-dix présents, avant de remonter doucement les quatre marches qui menaient jusqu'à la scène toujours en chantant, mais seule, et a capella cette fois. Instinctivement, certains ont alors rallumé leur briquet, ce qui m'a amenée à éteindre la lumière. Comme à son arrivée. Et Barbara est sortie dans le contre-jour du soleil déclinant qui filtrait par la porte, de la même façon qu'elle était entrée. Comme un aigle noir qui regagne le ciel. Une belle sortie de scène. Comme pour une dernière à Mogador. Elle m'avait dit 17 heures. Il était 20 heures, et tout le monde pleurait. Je n'ai pas tardé à suivre les pas de Barbara, avec qui il était convenu qu'elle rejoigne le bureau pour m'attendre avant de prendre congé. " Bah, tu vois, maintenant je boirais bien un p'tit coup ! " me lance Barbara sur un ton enjoué en me voyant enfin arriver. Puis elle ajoute : " Mon Alice, je me suis régalée. Ils sont beaux, ils chantent bien, ils semblent si heureux avec toi... C'est bien. Tu crois qu'ils sont contents de la journée ? " Comme dans sa loge à Mogador, quand elle m'avait demandé si j'avais aimé son spectacle. Bien sûr, qu'ils ont aimé. Et plus encore ! Je lui raconte ma sortie dans la cour avant de traverser le hall pour rejoindre le bureau, quand il m'a fallu enjamber quelques petits groupes assis çà et là, certains prostrés et silencieux sur les marches, d'autres enlacés par trois ou quatre qui pleuraient à chaudes larmes en me remerciant au passage. Oui, " Babou " vraiment, je crois qu'ils sont contents de la journée !
Extrait du livre
Samedi 18 octobre 2008 à 12:51
Mardi 14 octobre 2008 à 10:17
Trois ans plus tard, un matin d'avril 1993. " Allô, Alice ? C'est Barbara. Excuse-moi de ne pas t'avoir appelée plus tôt mais j'ai eu beaucoup de travail et quelques petits soucis de santé, aussi, qui m'ont obligée à reporter mon spectacle du Châtelet à la rentrée de novembre. Mais tout cela est passé et tout est en ordre maintenant... " Je n'ose pas lui poser de questions pour avoir plus de détails sur son état de santé, puisque l'allusion qu'elle vient d'y faire n'appelle pas de demande de supplément d'information. " Je t'avais proposé de venir voir tes petits et j'aimerais vraiment le faire, alors si tu penses que ça peut toujours les intéresser... " Il y a des moments où l'on n'ose plus penser à quoi que ce soit, et je m'entends bredouiller un banal : " Bien sûr... " , avant qu'elle poursuive. " Dis-moi, mon Alice, c'est quand, la dernière date des cours ? " Vite le calepin ! " C'est le vendredi 2 juillet... " Ok donc, on va s'adapter ! " Alors c'est parfait, je viens le 2, d'accord ? Tu me rappelles quelques jours avant pour que nous convenions de l'heure et que tu me donnes l'adresse et tout... Je me réjouis à l'avance, mon Alice. Je t'embrasse et je t'aime fort ! " Oui, évidemment, c'est aussi simple que ça avec Barbara ! Moi aussi, je l'aime fort, bien qu'on ne se connaisse que depuis peu, et encore mal, mais je n'oserai ni ne saurai jamais comment le lui dire... En attendant, me voici avec un bel engagement à respecter sur les bras ! Comment recevoir dignement Barbara ? Une femme rare, que nul ne voit jamais autrement que sur scène, et encore ! Je suis certaine que la moitié des élèves ne connaissent d'elle que L'Aigle noir. Trouvez le " truc en plus " qui fera de ce dernier jour de cours de la session 92-93 un des plus beaux derniers jours que nous ayons vécus au sein des SAD. 14 heures ( précises ) On a frappé à la porte du bureau. Avec le cœur qui bat dans tous les sens, j'ouvre à Barbara, qui déploie de ses long bras les ailes de son grand châle noir pour m'envelopper et m'embrasser. " Quel bonheur, mon Alice... Ils ont l'air adorables, tes petits... " Comment ça, " Ils ont l'air adorables, mes petits ? " Elle ne les a même pas encore vus ! Devant mon air dubitatif, et après que je l'ai invitée à s'asseoir, Barbara s'explique et se confond en excuses, en se pelotonnant dans le grand fauteuil noir. " J'espère que tu ne m'en voudras pas... Je suis arrivée avec mon chauffeur vers 12h30. Je lui ai demandé de stationner à bonne distance pour qu'on ne nous repère pas ; j'ai regardé " tes petits " sortir pour aller au bistrot d'en face par petits groupes. J'en ai même aperçu une géniale, avec son walkman sur les oreilles, qui dansait et chantait en traversant la rue, très gaie, très joyeuse, formidable. Ils ont l'air bien, ces enfants. " J'explique à Barbara le scénario de l'après-midi, en lui précisant que, à 14H30 pétante, elle devra se poster derrière la porte de la cour jusqu'à ce qu'elle entende de la musique, puis entrer en faisant attention au fait que la scène sera ensuite dans le noir total. Sentant sur moi un regard inquiet, je tente de la rassurer en ajoutant : " Je t'attendrai juste au pied de l'escalier de la scène pour t'accompagner au fond de la salle, là où j'ai placé deux sièges vides avec deux micros pour le débat... " - " Bien, bien ! tout ça me semble peut-être un peu trop, non ? Mais si tu as prévu les choses ainsi, je te fais confiance. Dis-moi, surtout tu ne me laisses pas seule dehors trop longtemps, n'est-ce pas ? " Mais, non, bien sûr ! " Alors, d'accord ! On y va, mon Alice ?... dit-elle en se déployant de son siège. Ah ! j'oubliais, juste une petite chose... Sois gentille de me prévenir dès qu'il sera 17 heures, j'ai de la route ensuite, et je ne voudrais pas rentrer trop tard à Précy... Et puis-je utiliser tes toilettes avant ? " Mais bien sur ! Où avais-je la tête ? Il est vrai que même lorsqu'on s'appelle Barbara, on va aux toilettes ! Comme tout le monde !
Extrait du livre
Lundi 13 octobre 2008 à 9:21
Je m'autorise malgré tout, certains soirs, à assister aux concerts des artistes que j'aime. Or ce soir-là, il n'est pas question pour moi de manquer le récital de Barbara à Mogador. La plus belle leçon qui soit d'échange d'émotions, de générosité et d'amour entre le public et la grande dame brune. Depuis un enregistrement mémorable au début des années 80 avec vingt-six chanteuses d'un titre écrit en collaboration avec Claude Lemestre au profit des femmes d'Afrique ( La chanson de la vie ), j'ai aimé ce contact qu'on a gardé, Barbara et moi, à travers les faxs que nous échangeons périodiquement pour nous donner des nouvelles de l'instant. Et Barbara adore les choses d'un instant ! Coups de blues, grandes joies, quelques mots suffisent pour conserver le lien affectueux qui nous unit, même à distance, même rarement. Il m'apparaît donc tout à fait normal d'aller, ce soir là, la féliciter dans sa loge à Mogador, chose que je n'aurais jamais osé faire avant de la connaître personnellement, comme c'est le cas avec quelques rares chanteurs. Dans l'entrebâillement de la porte, j'aperçois alors Barbara, affalée dans son fauteuil, le visage encore tout ruisselant de la performance accomplie. Elle se lève d'un bond en découvrant ma présence et me tend les bras pour m'envelopper chaleureusement. " Ah, mon Alice ! ça me fait tellement plaisir que tu sois venue. Alors ?... Tu as aimé ? " Ca, c'est la question qui tue ! Comment trouver les mots quand on vient d'être, comme moi, submergée par l'émotion du début à la fin du spectacle ? Je ne peux que me blottir fort dans les grands bras qui m'entourent et l'embrasser tendrement en ponctuant l'étreinte d'un : " Merci " Tout court ! Mais voilà notre Barbara qui s'emballe soudain. " Alors, Alice ! Comment va ton école ? C'est une idée formidable que tu as eue là. J'aimerais bien venir voir tes petits. J'aurais plein de choses à leur dire, car je sais que ça ne doit pas être facile pour eux tous les jours. Alors, je te propose un truc : je fini Mogador, après je pars en tournée, je m'occupe un peu de mon jardin et je me terre à Précy pour écrire un peu pendant l'été... Bref, je t'appelle après tout ça et, si ça te dit, on prend date ! " Autant demander à un aveugle s'il aimerai voir, ma chère " Babou " ! Mais bien sûr que ça me dit ! Dimanche ou lundi aussi, si tu veux ! Ne t'inquiète pas, nous saurons attendre, et on fait ça quand tu peux, quand tu veux. Les mômes seront aux anges. En même temps que je lui réponds, je n'y crois pas trop... Et pourtant...
Extrait du livre
Mercredi 24 septembre 2008 à 14:06
Il a signé les lumières de Gainsbourg, d'Hallyday, de Renaud, de Jane Birkin, de Goldman, de Julien Clerc, de Dutronc, et de beaucoup d'autres. Il garde pourtant de ses vingt années de travail et d'amitié avec Barbara une saveur toute particulière. L'affiche de Pantin trône en bonne place dans son appartement. Dessus, une dédicace de la dame : " magicien, tu es un magicien "
Barbara a toujours eu vingt ou vingt-cinq ans d'avance sur son temps. Dans sa façon d'être comme dans son travail. C'était une femme terriblement libre. L'un des êtres le plus libre que je connaisse. Elle imaginait des spectacles fantastiques. Si Lily Passion ne fait pas l'unanimité, c'est parce qu'il est très audacieux, novateur, fondamentalement d'avant-garde. Barbara doit être la seule avec Michel Berger à avoir fait mentir ceux qui prétendent qu'on ne sait pas faire de comédie musicale de ce côté-ci de l'Atlantique... Pour travailler avec elle, il fallait enfiler sa robe de bure et être disponible à 100% C'est chez elle que se faisait l'essentiel de la préparation. Je passais deux ou trois jours à Précy, on débattait des chansons, on parlait de climat, d'univers. Quand elle arrivait sur scène, nous étions tous hypnotisés, captivés par cette énergie, cette femme qui se donnait à fond. Elle savait parfaitement se déplacer, d'une façon étrange... Elle était d'avant-garde, là encore, avec ses gestes exagérés, son genou levé très haut, sa façon de tourner comme un Derviche ! Elle aimait la mise en scène. C'était une femme de spectacle, une femme de music-hall. Elle était totalement incontrôlable, elle prenait parfois des risques énormes. Je me souviens d'un récital en Hollande où l'on avait prévu de baisser une trappe entre deux chansons. Je lui avais dit : " pas question de revenir à ce moment-là, il y aura un trou énorme dans la scène, Restez en coulisses. " Devinez : elle a voulu revenir ! Il a fallu que Romanelli la retienne de toutes ses forces pour qu'on évite la catastrophe. Elle a eu de la chance. Elle sortait toujours de scène au bord de l'évanouissement. Elle n'a jamais compté ses efforts, même quand elle était fatiguée. On lui disait " doucement, doucement. " Mais on savait que c'était peine perdue. Et puis jamais personne ne m'a fait autant rire. Il fallait la voir, sur la plage de Marseille, avec tous ses froufrous noirs, nous regarder jouer au foot à neuf heures du matin et hurler pour nous encourager ! Barbara n'était pas une femme noire. Elle était terriblement drôle. On riait, avec elle, jusqu'à l'asphyxie. Tout le monde l'adorée. Je me souviens d'Hallyday au Zénith me disant : " fais-moi des lumière comme tu as fait à Barbara " Je me souviens aussi d'elle, allant voir Sardou en coulisses, et lui faire changer trois fois de ceinture... Il s'exécutait sans mot dire ! Pour moi, Barbara restera une sorte de mère spirituelle. C'était une très très grande humaine. Colossale d'âme. Tous les artistes m'ont apporté, mais elle...particulièrement. Pour moi, elle n'est pas morte. J'ai encore ses fax sur mon bureau, ses petits mots : " viens voir l'automne à Précy, il est magnifique "...
Jacques Rouveyrollis