Barbara rue Rémusat
Barbara veille sur ses proches, protectrice et féroce comme une louve aux aguets. Pas de méprise : cela ne veut pas dire qu'elle soit toujours tendre avec eux, au contraire ! Mais son intransigeance et sa possessivité ont aussi leur bon côté : dès qu'elle vous admet dans son cercle, vous pouvez être sûr qu'elle va monter la garde. " Si on l'avait appelée au milieu de la nuit en lui disant " Je suis perdue " elle serait venue immédiatement, a insisté Nadine Laïk. Il ne fallait pas toucher à un seul de nos cheveux ! " Barbara peut tout lâcher en une seconde pour sortir un ami ou un parent d'une mauvaise passe. C'est arrivé plusieurs fois. Avec sa mère, bien sûr, qu'elle avait installée dans son immeuble de la rue Rémusat ( Barbara loue un appartement récent composé d'un salon, une cuisine et une chambre au septième et avant dernier étage de l'immeuble ) pour pouvoir veiller sur elle quasiment jour et nuit. D'ailleurs, ceux qui les ont observée de près ont gardé en mémoire des dizaines d'histoires et de coups de main en catastrophe... Barbara a toujours été là pour soutenir Esther, moralement et matériellement. Madame Serf n'avait pourtant rien de ces femmes âgées perdues sous le poids des ans et de la fatigue : en 1961, date de l'installation rue Rémusat, elle n'a que cinquante-six ans. Mais rappelez-vous : entre elles les rapports s'étaient curieusement inversés après la mort du disparu de Nantes. " Elle deviendra elle-même mon enfant chérie que j'assumerai, protégerai toujours et du mieux que je pourrai. " C'est effectivement ce qu'elle fit. Avec son frère aussi. Le plus jeune, le plus fragile. Celui qu'elle promenait en chantonnant dans son landau de nouveau-né sur la place de Saint-Marcellin. Toute sa vie Barbara s'en est occupée, de loin ou de près. Elle fut là. Attentive et soucieuse. Infiniment délicate, malgré les écorchures de l'existence. " Comment l'épargner sans pour autant se laisser déchirer au point de ne plus être suffisamment disponible pour lui ? " Il y a, dans se mémoires, des questions rares qui en disent long. Barbara aimait profondément les siens et tentait de les protéger du mieux qu'elle pouvait.
Idem avec ses amis, son autre famille. Barbara déploya pour eux des trésors d'écoute et d'attention. Elle a su les comprendre et les rassurer avec un raffinement et une perspicacité hors du commun, presque terrifiants, tant ils sortaient de l'ordinaire. Il n'est que de lire les quelques pages que Marie Chaix a consacrée à la dame de Rémusat, dans son roman L'âge du tendre, pour saisir à quel point Barbara a pu l'aider à accoucher d'elle-même. Lui tenir la main pour passer le gué de ses angoisses enfouies, lui souffler les mots justes pour permettre aux siens de s'échapper enfin, la deviner tout entière pour pouvoir mieux la guider. Au moment de leur rencontre, Marie avait une vingtaine d'années, elle n'avait encore rien raconté de son père, égaré pendant la guerre, mais Barbara, sûrement, avait senti... " Parle-moi de ton père " Je me suis mis en route. Elle venait de déverrouiller une porte. Je ne sais plus ce que je lui dis. Sans doute tout. Ce jour-là, Barbara écouta et apaisa, ce qui changea tout. Plus tard, Marie Chaix expulsa le passé dans des livres bouleversants.
Idem avec ses amis, son autre famille. Barbara déploya pour eux des trésors d'écoute et d'attention. Elle a su les comprendre et les rassurer avec un raffinement et une perspicacité hors du commun, presque terrifiants, tant ils sortaient de l'ordinaire. Il n'est que de lire les quelques pages que Marie Chaix a consacrée à la dame de Rémusat, dans son roman L'âge du tendre, pour saisir à quel point Barbara a pu l'aider à accoucher d'elle-même. Lui tenir la main pour passer le gué de ses angoisses enfouies, lui souffler les mots justes pour permettre aux siens de s'échapper enfin, la deviner tout entière pour pouvoir mieux la guider. Au moment de leur rencontre, Marie avait une vingtaine d'années, elle n'avait encore rien raconté de son père, égaré pendant la guerre, mais Barbara, sûrement, avait senti... " Parle-moi de ton père " Je me suis mis en route. Elle venait de déverrouiller une porte. Je ne sais plus ce que je lui dis. Sans doute tout. Ce jour-là, Barbara écouta et apaisa, ce qui changea tout. Plus tard, Marie Chaix expulsa le passé dans des livres bouleversants.
14, rue Rémusat 75016 Paris
Ces actes étaient en accord avec sa parole … Tout comme son âme, l’essence de son corps qui distillait de l’amour .
Magnifique témoignage d'une femme qui avait une priorité dans sa vie , le bonheur des autres.
J'aime la photo... Comme un couperet dans l'éternité elle a su saisir l'instant qui l'a éblouie.
BISOUS