Mardi 28 avril 2009 à 9:37

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Croquis de Luc Simon


Ceux qui aujourd'hui découvrent Barbara en écoutant ses disques ou en visionnant ses concerts ressentent cette émotion. La vibration n'est pas la même qu'en scène mais sa voix et son image véhiculent son incroyable présence et ce lien unique qu'elle entretenait avec le public.

Barbara, c'est cette voix singulière et indissociable de sa personnalité partie intégrante de son magnétisme et qui, en présence du public, donne le meilleur d'elle-même. Au fur et à mesure que le tour de chant avance, sa voix s'échauffe. Elle monte un peu plus haut dans les aigus, s'approchant un peu plus des graves. Une voix douce à frémir, sans violence même lorsqu'elle dénonce le crime ou l'injustice, et devient plus fluide répondant aux sollicitations de ces vibrations invisibles que lui transmet le public. C'est une caresse. Du bien-être à partager. Elle et eux ont embarqué sur le même vaisseau pour un voyage dont le spectacle n'est qu'une escale parmi d'autres. Ils ne se séparent pas lorsque les projecteurs de la salle s'éteignent. Une autre lumière resplendit en eux dont ils gardent l'empreinte incandescente. Comme Barbara les emporte lorsqu'elle ne chante pas, ils vivent avec elle accrochée au cœur une fois rentrés chez eux. Ils attendent le prochain rendez-vous. Ils savent qu'elle leur voue une fidélité absolue. Comme elle le constatait elle-même, il n'y a pas d'explication logique, pas de formule magique. Barbara possède ce pouvoir de transcender les sentiments. Elle, qui avait puisé en elle-même tellement de force pour surmonter l'enfance blessée, possédait ce don communicatif, cette ouverture sur les autres. Cette capacité à faire passer dans un regard, dans un mot l'essentiel de la vie. " Je leur parle de choses qu'ils connaissent, disait-elle : la solitude, la perte de quelqu'un, le quotidien de chacun. Ils sont dans un moment de vulnérabilité, ils traversent un désert et savent que j'en ai traversé, que nous avons quelque chose en commun ; que je ne triche pas "

Cette force intérieure n'empêche pas les déchirures, les doutes. Chantez lui apparaît parfois dérisoire en comparaison des malheurs qui frappent l'humanité, comme les guerres, la faim... Elle s'interroge. Peut-on encore chanter quand sur la terre tout se déchire et quand autour de soi c'est trop souvent le soleil noir ? Donner, se donner comme cela, à corps perdu a ses limites. Elle se retrouve parfois au bord de l'abîme. Epuisée. Après la folie des tournées, des concerts qui se sont enchaînés nuit après nuit, une sensation de vide immense l'envahit. Il faut se séparer... C'est une respiration indispensable qu'elle doit prendre pour être encore capable de donner une fois prochaine. Elle ne part pas... Elle protège cet amour unique qui existe entre eux. Ce bonheur qui peut-être destructeur si on ne parvient pas à le canaliser. Elle s'endort pour se délivrer de cette fatigue, évacuer le doute et la peur de ne pas être à la hauteur de cette relation passionnelle avec le public. Elle doit se contraindre à les oublier un peu pour se reconstruire, pour rendre sur la scène ce qui lui a été donné. C'est une solitude choisie, nécessaire à son équilibre.

Elle s'isole aussi pour ne pas rester prisonnière de Barbara, ce personnage d'artiste qu'elle a construit plus ou moins consciemment pour échapper à son passé. La femme de théâtre qui range ses habits de scène vit avec cette sorte de contradiction. Ce besoin d'être aussi elle-même. Celle qui s'habille de blanc, qui aime s'endormir dans les tentures azur de sa chambre. Celle qui dans sa maison de Précy écoute la nuit silencieuse narguer ses insomnies. Barbara, la femme qui ne chante pas, ce double consubstantiel de celle qui chante. Elle ne peut pas se laisser enfermer sous le visage unique de Barbara sous peine de ne plus être authentique, de ne plus être cette vérité qui fonde sa relation avec le public. Malgré cette proximité de pensée, il y a un juste milieu à trouver, une certaine distance à respecter. Elle doit savoir fermer sa porte, déjouer les importuns, ceux qui ne sont pas capables de trouver eux-mêmes les limites à ne pas dépasser dans cette relation fusionnelle. Ceux qui attendent trop d'elle et qu'il faut bien éconduire. Barbara dans " L'enfant laboureur " ( 1973 ) tentera une explication afin de dédramatiser cette situation auprès de ceux qui lui rendaient parfois la vie impossible.
 
 
 
 
Didier Millot

Samedi 25 avril 2009 à 12:15



<  En relisant ta lettre  >


Quand Barbara s'amuse en chantant du Gainsbourg...


En relisant ta lettre  ( S.Gainsbourg/S.Gainsbourg )



En relisant ta lettre je m'aperçois que l'orthographe et toi,
 ça fait deux

C'est toi que j'aime
Ne prend qu'un M
Par-dessus tout
Ne me dis point
Il en manque un
Que tu t'en fous
Je t'en supplie
Point sur le i
Fais-moi confiance
Je suis l'esclave
Sans accent grave
Des apparences
C'est ridicule
C majuscule
C'était si bien
Tout ça m'affecte
Ça c'est correct
Au plus haut point
Si tu renonces
Comme ça s'prononce
À m'écouter
Avec la vie
Comme ça s'écrit
J'en finirai
Pour me garder
Ne prends qu'un D
Tant de rancune
T'as pas de cœur
Y a pas d'erreur
Là y'en a une
J'en nourrirai
N'est pas français
N'comprends-tu pas ?
Ça s'ra ta faute
Ça s'ra ta faute
Là y'en a pas
Moi j'te signale
Que gardénal
Ne prend pas d'E
Mais n'en prend qu'un
Cachet au moins
N'en prend pas deux
Ça t'calmera
Et tu verras
Tout r'tombe à l'eau
L'cafard, les pleurs
les peines de cœur
O E dans l'O

Vendredi 24 avril 2009 à 7:43



<  Cet enfant-là  >



Cet enfant-là ( Barbara/Barbara/R.Romanelli ) ( 1981 )


Cet enfant-là,
Cet enfant-là,
Te ressemble,
Te ressemble
Il a de toi,
Je ne sais quoi
Le sourire,
Ou peut-être,
Quand il marche,
Ta démarche
Il hésite et s'avance
Cet enfant-là
Te ressemble
Et j'en tremble

Cet enfant,
Tu t'en souviens,
Tu le voulais,
Tu m'en parlais
Et, merveille des merveilles,
Je riais de t'entendre
Tu me disais
Comme je voudrais
Qu'il te ressemble,
Te ressemble
Moi je voulais
Que cet enfant
Te ressemble

Tu voulais qu'un jour il soit avocat ou bien médecin
Nous nous disputions déjà l'avenir
D'un enfant qui n'était pas encore là
Moi, je voulais qu'il soit berger, jardinier,
Ou bien musicien
Je l'imaginais déjà, tout petit,
Un immense piano au bout de ses doigts
Il aura des poissons d'or, des jardins de sable
Et de grands voiliers blancs,
Des oiseaux de feu, des îles enchantées,
Des étoiles filantes au fond de ses yeux
Il ne connaîtra que l'ogre gentil
Qui, jamais, n'a dévoré les enfants
Mon enfant dieu, mon enfant prince, mon enfant roi,
Mon enfant merveilleux, mon enfant rien qu'à moi
Nous lui tournions des manèges sous la neige,
Nous lui bâtissions des châteaux en Norvège, en Norvège,

Mais cet enfant-là,
Cet enfant-là
Lui ressemble
Il a d'elle
Je ne sais quoi,
Le sourire
Ou peut-être,
Quand elle marche,
Sa démarche
Et sa grâce
Ma disgrâce
Cet enfant-là
N'a rien de moi
Mais vous ressemble

Cet enfant-là,
Cet enfant-là
Te regarde,
Me regarde
Il s'étonne,
Il s'inquiète
Et timide, il s'avance
Cet enfant-là
Me tend les bras
Et je l'aime
Oh que je l'aime
Cet enfant-là
N'a rien de moi
Mais te ressemble,
Ressemble, ressemble...
 

Créée à Bobino en février 1975, cette chanson n'a été enregistrée qu'en 1980 en studio pour l'album Seule

Jeudi 23 avril 2009 à 8:03



<  La belle amour  >

Mercredi 22 avril 2009 à 7:59




<  Maîtresse d'acteur  >

Lundi 20 avril 2009 à 7:58



<  C'est trop tard  >

Jeudi 9 avril 2009 à 8:27


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Barbara et le bassiste Laurent Vernerey

Je l'ai toujours connue, c'était une amie de mes parents, elle est devenue celle de leurs enfants, comme avec les Picasso et les Depardieu. Elle avait demandé à Paloma Picasso de faire ses bijoux pour la pièce  " Madame " ; à moi, j'avais 12 ans, de choisir des coussins pour sa loge. J'ai souvent décoré ses loges par la suite. Elle y passait beaucoup de temps, et beaucoup de gens y passaient  :  elle les voulait hospitalières, très maison. Un peu d'or, un peu de noir, des photos, des coussins, des drapés, des tapis, un assemblage de broc et de charme. Je me souvient encore de cette odeur qu'on ne trouve que dans les théâtres et que j'ai découvert avec elle, à son premier Bobino en vedette  :  ce mélange de poudre et de transpiration. Sa tenue de scène était en velours de coton, très raide. Quand j'ai été engagé par Guy Laroche, mon premier costume haute couture a été pour elle  :  du velours de soie, qui bouge davantage, et un pantalon à taille large et à bretelle croisées, pour laisser respirer le corps et libérer les mouvements. Elle est devenue acrobate, s'est renversée sur son piano, lovée dans son rocking-chair. J'ai le souvenir de ses crises d'angoisse, mais aussi de ses rires ; d'elle chantant la chanson de Sabine Paturel, Les bêtises, dans un embouteillage ; entre Nina Simone et Myriam Makeba ; des expéditions avec elle dans les grands magasins pour voler des montres, des grosses, pour sa myopie ; de l'hôpital du Val-de-Grâce où nous faisions monter des paniers de bouffe par la fenêtre... Quand elle allait mal, les écharpes qu'elle tricotait s'allongeaient à n'en plus finir. Quand elle allait bien, elle nous accueillait avec des clafoutis et des tartes aux pommes. Je ne l'ai jamais vue faire quelque chose de minable ou de banal. Elle était généreuse, elle était excentrique, elle était rare.
 
 
Michel Klein  ( Styliste )

Mercredi 8 avril 2009 à 7:56



<  Parce que  >



Parce que ( Je t'aime )  ( Barbara/Barbara )  ( 1967 )


C'est parce que ton épaule 
A mon épaule,
Ta bouche à mes cheveux
Et ta main sur mon cou,
C'est parce que dans mes reins
Quand ton souffle me frôle,
C'est parce que tes mains
C'est parce que joue à joue,
C'est parce qu'au matin
C'est parce qu'à la nuit
Quand tu dis "viens", je viens
Tu souris, je souris
C'est parce qu'ici ou là
Dans un autre pays
Pourvu que tu y sois
C'est toujours mon pays

C'est parce que je t'aime
Que je préfère m'en aller
Car il faut savoir se quitter
Avant que ne meure le temps d'aimer

C'est parce que j'ai peur de voir s'endeuiller
Les minutes, les heures, les secondes passées
C'est parce que je sais qu'il faut un presque rien
Pour défaire une nuit et se perdre au matin
Je ne laisserai pas pencher sur notre lit
Ni l'ombre d'un regret, ni l'ombre d'un ennui,
Je ne laisserai pas mourir au fil des jours
Ce qui fut toi et moi, ce qui fut notre amour
Il ne sera jamais emporté par le temps
Je l'emporte moi-même, il restera vivant

Oh laisse-moi, je t'aime
Mais je préfère m'en aller
Car il faut savoir se quitter
Avant que ne meure le temps d'aimer

J'en ai vu comme nous qui allaient à pas lents
Et portaient leur amour comme on porte un enfant
J'en ai vu comme nous qui allaient à pas lents
Et tombaient à genoux dans le soir finissant
Je les ai retrouvés, furieux et combattants
Comme deux loups blessés, que sont-ils maintenant ?

Ca, je ne veux pas, je t'aime
Je ne veux pas nous déchirer
C'est mieux crois-moi de nous quitter
Avant que ne meure le temps d'aimer
C'est mieux, bien mieux, de nous quitter
Avant que ne meure le temps d'aimer.

Mardi 7 avril 2009 à 9:20

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Pendant quelques années, Barbara ce fut surtout  " Il pleut sur Nantes... "  Ayant perdu mon père, cette chanson m'accompagnait les nuits où l'on n'arrive plus à éloigner l'absence.  Paresseuse, j'en restai là. Un jour une amie vint tout bousculer  :  " Je t'ai pris une place pour son concert de Mogador. Tu viens avec moi. "  Impossible de refuser, elle rayonnait. Moi,  j'avais peur. Peur de ne pas partager sa ferveur et de la décevoir.  Le 6 février 1990, je me fais petite dans mon fauteuil. Autour de moi une salle comble, religieuse. Comment se débrouille-t-elle pour réunir autant de monde, sans aucune promotion préalable ? L'impression magique qu'il lui a suffi de murmurer  :  " Je serai là, ce soir, je vous attends. "  Me voilà obligée d'admettre qu'elle est la seule artiste française à se permettre cette apparente désinvolture. Cependant la dame, dans mes pensées, reste maniérée, éthérée. Le rideau s'ouvre. Sourde à la clameur qui monte, je m'isole. Je ne veux pas me laisser prendre. En fait de longue dame brune, c'est un soldat qui débarque sur le plateau, qui envahit la scène à grandes enjambées, qui nous questionne, qui nous bouscule. La sensation d'être chahutée par la houle en pleine mer. M'arrivent par vagues la joie, l'énergie, la drôlerie ( mais oui ) ; obstinée, je me ratatine davantage. Je veux l'observer. Pour voir quoi ? Une femme, faite de chair et de sang qui crie son amour, sa colère et qui joue avec son public. Qui le dompte, le soumet, mais paye infiniment de sa personne, mettant à mort ses propres défenses. Je la pensais voile, elle est mât. Sa voix aiguë qui parfois me... Mais non, la voilà rauque, grave, enjôleuse, une voix qui jazze entre révolte et abandon. Sacrée comédienne ! Je suis devant Phèdre tout entière à sa proie attachée. Il est sûr qu'elle ne nous lâchera pas avant de nous avoir mis KO... Lorsqu'elle lève un bras implorant ou accusateur vers le ciel, elle semble tutoyer Dieu, lui reprochant de nous laisser en souffrance. Donnant tout, elle nous prend tout. Voilà j'ai pensé Nous. Attrapée ! Ivre de joie et de fatigue, elle revient inlassablement au rythme des rappels pour chanter encore et toujours. Au fur et à mesure de son épuisement, c'est un sang neuf qui circule dans nos veines. Que peut-elle donner de plus ? J'ai compris à cet instant que le vœu de mon amie ne se réaliserait jamais, avoir Barbara pour elle seule, un instant. Même si Barbara lui en avait fait la promesse. En se protégeant, elle protégeait aussi ceux qu'elle aimait, ne voulant offrir ni sa faiblesse ni sa souffrance. Il fallait accepter ce don d'un soir et partir sur la pointe des pieds. Impossible de la voir en loge. La leçon était claire, après avoir irradié dans la lumière, un artiste doit avoir le courage de regagner sans un mot l'ombre d'un quotidien dont la banalité ne regarde que lui, fermant ainsi la porte à toute flatterie inutile. Il me restait à remercier mon amie d'avoir si fermement décidé de ma vie, ce soir là. Engourdie, étonnée par mes propres sensation, je ne l'ai fait que quelques jours plus tard.
 
Denise Chalem  ( Comédienne et auteur-dramatique )

Lundi 6 avril 2009 à 7:43

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Le couloir ( Barbara/Barbara-J.L.Aubert )
 
 
Dans le couloir
Il y a des ailes
L'aile Sud
L'aile Nord
L'Aile qui va de l'est en ouest
Dans le couloir
Il y a des anges
Qui se déplient
Qui se déploient
Disparaissent derrière des portes
La 2, la 6 ou la 23
Dans le couloir
Il y a des anges
En sandales
Et en blouses blanches
Qui portent accroché
Sur leur cœur
La douceur de leur prénom
Dans le couloir
Il y a des rires
Des chuchotés
Et des éclats
Y a des pâleurs
Y a des urgences
La chambre 12 qui s'en va
Dans le couloir
Y a des appels
Qui s'inscrivent en lampes bleues
Sur un grand tableau de milieu
Il y a des odeurs
Y a des lourdeurs de fleurs fanées
Il est midi
Y a le bruit des chariots qui grincent
Et les odeurs de ragoût froid
Il y a des pas
Il y a des voix
Dans le couloir
Devant la 12
Y a des silences
Y a des errances
Y a des sanglots
Il y a des anges
En blouses blanches
Qui bercent le désespoir
C'est 18 heures
Y a des appels
Dans le couloir
C'est l'heure des solitudes
Et des angoisses
Dans les chambres
Y a des combats
Y a des victoires
Y a des colères
Y a des courages
Des rémissions
Des espérances
Des volontés de savoir
Il fait chaud
Il fait froid
Il y a la douleur tenace
Des fatigues à n'en plus pouvoir
A ne plus rien vouloir
Que dormir
Dormir
Seul
Le visage contre le mur
Il est minuit
Dans le couloir
Il y a des ailes
L'aile sud
L'aile nord
L'aile qui va de l'est en ouest
Dans le couloir
Il y a des anges
En sandales
Et en blouses blanches
Qui portent accroché
Sur leur cœur
La douceur de leur prénom

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