Tours, et puis s'en va. C'est dans le chef-lieu de l'Indre-et-Loire que, le 26 mars 1994, Barbara, qu'elle était longue la route ! mit un terme à son ultime tournée. Comme chaque soir, plus que chaque soir, elle donna le meilleur d'elle-même. Peu avant minuit, les mains tendues en offrande dans la lumière des projecteurs, ces soleils noirs, Barbara dit adieu à tous ceux qui comptaient, dans la liesse populaire et les applaudissements rituels, sur un simple au-revoir. Eût-elle confessé que, à cet instant-là, elle tirait sa révérence, on ne l'aurait pas crue. N'avait-elle pas tant de fois, dans le passé, annoncé son départ, programmé ( ainsi à l'Olympia, en février 1969 ) qu'elle se retirait par crainte de se répéter, par haine du confort, pour ne pas tricher ni ressembler à " une cousine de famille " mais n'était-elle pas toujours revenue ? Car elle n'avait jamais su vivre à deux, sauf avec son public. Une célibataire mariée à une foule. Couple mythique. Personne n'aurait imaginé que, en cette nuit d'un doux printemps tourangeau, son " Je vous remercie de vous " était si lourd de gratitude, de nostalgie, si plein de sanglots muets et d'une infinie tendresse dont elle seule savait qu'elle était désormais inutile. Son corps bancroche venait de capituler, mais le cœur résistait et la tête refusait de se rendre. Au pied de sa loge, la voiture attendait l'artiste désarticulée. Elle s'y précipita, recroquevillée sur sa douleur, et fendit la nuit sans âge. Elle ne reviendrait pas sur sa décision. Barbara s'enferma à Précy, dans son " tout petit morceau de France " Elle tricota beaucoup, avec les gestes mécaniques d'une veuve de marin, devant la fenêtre du salon, d'où tombait une lumière sans relief. L'église du village sonnait les heures, elle entendait le glas. Le deuil dura presque deux ans, pendant lesquels elle s'abrita derrière des lunettes noires et son répondeur. Pour entendre le son de sa voix, il fallait attendre que sa joie revînt.
Jeudi 2 avril 2009 à 9:02
Tours, et puis s'en va. C'est dans le chef-lieu de l'Indre-et-Loire que, le 26 mars 1994, Barbara, qu'elle était longue la route ! mit un terme à son ultime tournée. Comme chaque soir, plus que chaque soir, elle donna le meilleur d'elle-même. Peu avant minuit, les mains tendues en offrande dans la lumière des projecteurs, ces soleils noirs, Barbara dit adieu à tous ceux qui comptaient, dans la liesse populaire et les applaudissements rituels, sur un simple au-revoir. Eût-elle confessé que, à cet instant-là, elle tirait sa révérence, on ne l'aurait pas crue. N'avait-elle pas tant de fois, dans le passé, annoncé son départ, programmé ( ainsi à l'Olympia, en février 1969 ) qu'elle se retirait par crainte de se répéter, par haine du confort, pour ne pas tricher ni ressembler à " une cousine de famille " mais n'était-elle pas toujours revenue ? Car elle n'avait jamais su vivre à deux, sauf avec son public. Une célibataire mariée à une foule. Couple mythique. Personne n'aurait imaginé que, en cette nuit d'un doux printemps tourangeau, son " Je vous remercie de vous " était si lourd de gratitude, de nostalgie, si plein de sanglots muets et d'une infinie tendresse dont elle seule savait qu'elle était désormais inutile. Son corps bancroche venait de capituler, mais le cœur résistait et la tête refusait de se rendre. Au pied de sa loge, la voiture attendait l'artiste désarticulée. Elle s'y précipita, recroquevillée sur sa douleur, et fendit la nuit sans âge. Elle ne reviendrait pas sur sa décision. Barbara s'enferma à Précy, dans son " tout petit morceau de France " Elle tricota beaucoup, avec les gestes mécaniques d'une veuve de marin, devant la fenêtre du salon, d'où tombait une lumière sans relief. L'église du village sonnait les heures, elle entendait le glas. Le deuil dura presque deux ans, pendant lesquels elle s'abrita derrière des lunettes noires et son répondeur. Pour entendre le son de sa voix, il fallait attendre que sa joie revînt.
Mardi 31 mars 2009 à 9:24
Et Barbara, que dit-elle sur elle-même, que dit-elle de Barbara ? Que sait-on de celle qui ose déclarer d'emblée à un journaliste venu l'interviewer : " Je n'ai pas envie de parler " D'un ton doux, sans provocation, d'une sincérité déconcertante qui donne plus envie encore de nous la rendre familière. Peu de choses en vérité. Barbara invite ceux qui cherchent à en savoir davantage sur elle à écouter ses chansons.Cela peut-il nous aider à mieux comprendre le pouvoir créateur de celle qui a bercé le mal de vivre de toute une génération dans le giron de ses chansons ? Le paradoxe avec Barbara naît justement de cette attention que l'on porte à ses chansons. Elle qui sait mettre des mots sur les choses que l'on est souvent soi-même incapable d'exprimer. Quand elle chante " Le mal de vivre " c'est un peu comme si elle nous prenait la main, disant au delà des mots de la chanson : " Viens, tu n'es pas seul à vivre cela, tu souffres, je sais cela. Et puis au bout, il y a l'espoir de s'en sortir, si tu cherches bien, de retrouver la joie de vivre. " Ce qu'elle chante reflète tellement nos pensées que cela nous donne envie d'en savoir plus sur leur auteur, sur leur origine, leur naissance. Ce besoin d'intimité que le public ressent pour elle naît de cet amour-fusion, inexplicable en lui-même mais dont chacun voudrait détenir la clé. Barbara appartient à cette catégorie d'artistes que l'on aime pour eux-mêmes et dont on voudrait être toujours plus proche. Il n'y a sans doute pas d'autres mystère à percer. Barbara se situe dans le pays de l'art où l'exégèse de la création ne peut en dire davantage. Aujourd'hui, nous sommes face à l'œuvre d'une visionnaire, face à un tout dont les fils ne peuvent plus être démêlés. Barbara chantait déjà le XXIème siècle. Et si elle a si bien su parler de la vie, c'est parce qu'elle se projetait dans un avenir qui laisse toujours la porte entr'ouverte parce que comme elle l'a écrit, demain
" Le jour se lève encore "
Lundi 30 mars 2009 à 8:16
La première fois que j'ai entendu une chanson de Barbara, c'est par le biais d'une obscure chanteuse locale, lors d'une soirée de variétés à la salle des fêtes de mon village. Je devais avoir à peine une dizaine d'années, et j'avais râlé pour ne pas assister à ce truc ringard... Puis la chanteuse s'est mise à interpréter un titre que je n'avais jamais entendu auparavant. Il y était question de Nantes ( ma ville natale ) d'un rendez-vous manqué, d'une rue particulière et d'un père mort. J'ai reçu cette histoire de manière très forte. J'ai aussitôt voulu en savoir plus sur cette mystérieuse Barbara qui avait écrit cela. Je crois qu'alors le personnage m'avait trop impressionnée pour que je m'y attache. Cette longue femme toute noire et intimidante était trop éloignée de mes modèles, ou de mes idéaux féminins, pour que je me passionne pour elle. Ma véritable découverte de Barbara eut donc lieu plus tard. En fait, quand j'ai commencé à écrire des chansons moi-même, vers mes vingt ans, j'ai aussi commencé à écouter vraiment. J'était étudiante et j'empruntais beaucoup de disques à la médiathèque, mais en ce qui concerne Barbara, il m'a semblé évident qu'il fallait que je possède tout... Alors j'ai acheté l'intégrale, dans un grand coffret ( que j'ai d'ailleurs prêté par la suite à une personne peu scrupuleuse, qui ne me la jamais rendu. J'en ai parlé plusieurs fois en interview et un soir, une dame parmi les plus mordues de mes concerts est venue me l'offrir. La vache, quel cadeau... ) Ce qui m'a marquée tout d'abord chez Barbara, c'est sa grâce. J'avais l'impression que cette femme incarnait la grâce. Quand par la suite j'ai lu qu'elle se marrait tout le temps, et qu'elle n'aimait rien tant qu'amuser la galerie, j'ai pensé qu'elle représentait la femme parfaite ! J'ai tout de suite accroché avec la simplicité et la précision de sa poésie. Sa voix vibrante et parfois brisée m'a toujours donné le frisson, y compris dans les chansons de sa jeunesse, quand elle reprenait les autres. Sa façon unique de casser la tonalité d'un morceau me fascine, même si je comprends qu'on puisse penser qu'il s'agisse d'un savoir-faire... Moi, ça me parle à mort ! Aujourd'hui l'intégralité de son œuvre figure dans mon Ipode. Je n'ai pas l'âme d'une " fan " ou d'une inconditionnelle... mais Barbara fait exception à cette règle ( avec Sonic Youth et Brigitte Fontaine ) Parce que c'est une force de la nature. Et que c'est sa grande fragilité qui la rend aussi forte.
Jeanne Cherhal ( Auteur-compositeur-interprète )
Vendredi 27 mars 2009 à 9:55
Barbara
Aujourd'hui, convalescente, je peux écrire mon livre...
Mercredi 25 mars 2009 à 10:03
La chanson française, ce n'est pas mon truc. J'ai commencé la musique en écoutant les Sex Pistols... Et puis, un jour, je suis tombé sur un enregistrement vidéo d'un concert de Barbara. Et j'ai tout suite remarqué sa façon très particulière de s'assoir sur son tabouret : en équilibre tout au bord, les jambes écartées... Comme Jerry Lee Lewis ! Complètement rock'n'roll ! Ce genre d'attitude ne trompe pas ; c'est toujours un moment de vérité. Et tout ce que j'ai pu ensuite apprendre sur elle n'a fait que le confirmer : Barbara était peut-être la seule nana vraiment rock de la chanson française. Une rebelle face au système. La classe !
Camille Bazbaz ( Auteur-compositeur-interprète)
Mardi 24 mars 2009 à 11:08
Il y a dans les bois des arbres fous d'oiseaux
La neige fond dans la montagne
Les branches des pommiers brillent de tant de fleurs
Que le pâle soleil recule
C'est par un soir d'hiver
Dans un monde très dur
Que tu vis ce printemps
Près de moi l'innocente
Il n'y a pas de nuit pour nous
Rien de ce qui périt n'a de prise sur moi
Mais je ne veux pas avoir froid
Notre printemps est un printemps qui a raison
Notre printemps est un printemps qui a raison
Notre printemps est un printemps qui a raison
Notre printemps est un printemps qui a raison
Lundi 23 mars 2009 à 12:38
" Je vais vers le soleil. "
Vendredi 20 mars 2009 à 8:00
Seule ( Barbara/Barbara ) ( 1981 )
Comme nuit
Comme jour après nuit
Comme pluie
Comme cendre
Comme froid
Comme rien
Comme un ciel déserté,
Une terre sans soleil
Comme pays perdu
Sans couleur,
Sans clarté
Sans étoile
Egarée
Comme épave perdue
Comme épave perdue
Comme jour
Comme nuit
Comme jour après nuit
Comme pluie
Comme cendre
Comme froid
Comme rien
Comme épave perdue
Je me cogne et me brise
Comme froide
Comme grise
Comme rien
Je suis seule
Comme froide
Comme grise
Comme rien
Je suis seule...
Jeudi 19 mars 2009 à 9:31