La petite maison de la rue Mollard à Saint-Marcellin.
Août 1944 : comme un bouquet de feu d'artifice, la libération de Paris ! Paris libéré ! Qu'est-ce que cela peut représenter pour moi à cette époque là ? Les voyages, les exodes, les fuites de 1939 à 1945 n'ont pas rendu ma vie douloureuse ; la faim ne m'a jamais vraiment tenaillée, je n'ai jamais été trop longtemps séparée de ma mère, nous n'avons jamais porté l'étoile jaune, aucun de nous n'a été déporté. Mes peurs et mes douleurs d'enfant, est-ce vraiment à la guerre que je dois les imputer ? Je pense que le mot " libération " voulait dire pour moi que c'en était fini des morts et des atrocités, et que le monde allait pouvoir se retrouver. C'était comme une immense fête. J'allais revoir ma Granny. Nous allions habiter enfin une vraie maison. J'allais pouvoir être juive sans peur, librement. Nous restons encore quelque temps à Saint-Marcellin où nous voyons arriver les Américains. Entre-temps, mon petit frère Claude nous rejoints ; il a deux ans : c'est drôle de retrouver un petit frère qui parle ! Je le promène en poussette. Nous quittons Saint-Marcellin en 1945. Je suis triste, j'éprouve une drôle de sensation ; j'ai beau savoir que c'est pour retrouver Paris, pour moi, c'est partir vers l'inconnu. Quand je reviendrai à Saint-Marcellin, vingt-trois ans plus tard, dans ma " belle Mercedes grise à toit ouvrant " c'est " Peter " qui conduira. Marie Chaix sera près de moi. Bouleversée, je traverserai la grande rue, puis la place d'armes qui mène au chemin bordé de mûres. je retrouverai le coteau, la villa qui, en fait, n'est qu'une modeste maison ; les dahlias fauves seront toujours là.
J'ai eu tort, je suis revenue
dans cette ville loin perdue
ou j'avais passe mon enfance.
J'ai eu tort, j'ai voulu revoir
le coteau ou glissaient le soir
bleus et gris ombres de silence. (...)
dans cette ville loin perdue
ou j'avais passe mon enfance.
J'ai eu tort, j'ai voulu revoir
le coteau ou glissaient le soir
bleus et gris ombres de silence. (...)
Mon enfance ( Barbara)
Barbara
Bisous ma tendre puce !