Dimanche 18 octobre 2009 à 22:24


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Programme Olympia 1969



Je ne suis pas une grande dame de la chanson,

Je ne suis pas un oiseau de proie,

Je ne suis pas un poète,

Je ne suis pas mystérieuse,

Je ne suis pas désespérée du matin au soir,

Je ne suis pas une mante religieuse,

Je ne vis pas dans des teintures noires,

Je ne suis pas une intellectuelle.

Je suis une femme,

Qui vit,

Qui respire,

Qui rit,

Qui souffre,

Qui aime, qui aime, qui aime...



Barbara

Mercredi 14 octobre 2009 à 10:29


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Programme Pantin 1981



Des femmes-papillons, flamboyantes,

Légères, aériennes s'élancent jetant leur

Vie d'un trapèze à l'autre ! Bleutés,

Rouges, violets, les trapézistes suspendent

Nos souffles, aux roulements des tambours...

 

Le cirque !

Lumineuse crinière blonde une écuyère

Galope... L'odeur de la sciure, la musique

Pathétique des clowns qui butent

et culbutent...!

Le cirque !

Sous la cape rubis satin, les jongleurs !

Sauteurs ! Cascadeurs ! Avaleurs de feu !

Le goût du danger sans cesse renouvelé,

Le long chemin de la patience,

Le cirque !

Merci à vous tous qui avez participé

A ce spectacle avec tant de générosité,

Tant d'exactitude.

Merci Monsieur Jean Richard,

Pour une vie donné à aimer,

A faire aimer la magie-cirque !

Sous le grand soleil du Chapiteau

De Pantin-La-Grive, avec mes acrobates

A moi, mes hommes de tous les voyages,

De mon Piano -Trapèze :

Ce soir, je m'élance vers vous

Enfin retrouvés !

Barbara

Jeudi 10 septembre 2009 à 8:28

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A propos de maladie, d'hôpital, je dois parler ne serait-ce que brièvement du
Célestène chronodose  "  Retard  " ...

On est en 1971, je chante pour la première fois dans ce très joli Théâtre du Gymnase qui appartient alors à mon ami Tony Raynaud, disparu récemment. Voilà que je tombe aphone. Un médecin prétend que je vais pouvoir chanter. De fait, je peux chanter, tant le médicament qu'il m'a prescrit se révèle miraculeux. Je me sens parfaitement bien en scène, la voix éclaircie, presque normale. Par la suite, au moindre enrouement, j'y ai repiqué. Ca m'a bouffé les os, bousillé les muscles, déréglé la tension et fragilisé les poumons. Je suis entrée dans un cercle infernal où, pour calmer mes douleurs où traiter mes enrouements, je m'accrochais à la cortisone qui, cependant, me rongeait, me détruisais peu à peu...
Sans le comprendre ni même le soupçonner, j'étais devenue dépendante d'un médicament-poison.


Extrait du livre

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Mercredi 9 septembre 2009 à 8:27


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-  Vous pensez que vous méritez tout cet amour que vous portent des millions de gens, que vous en êtes digne ?

-  J'essaie d'en être digne. J'essaie, surtout, qu'ils n'aient jamais honte de moi. J'essaie aussi, quelquefois, de faire en sorte qu'ils soient fiers de ce que je fais. Ce qui est important pour moi, c'est de toujours me présenter devant eux le front clair. Moi, je pense au moment où l'on marche les uns vers les autres : c'est un moment d'émotion vraie, d'émotion rare. mais il ne doit pas y avoir de malentendu, il faut que les gens sachent que c'est un instant. C'est seulement un instant, rien de plus...


Chorus  ( N° 61 - Automne 2007 )

Lundi 7 septembre 2009 à 8:23

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-  L'éventualité qu'un jour les gens ne vous suivent plus, vous y pensez ?


-  Bien sûr que j'y pense ! Et je me dis qu'alors je saurai m'en aller... Cela dit, c'est très orgueilleux, peut-être, et très égoïste, mais il me paraîtrait insensé que j'éprouve cette envie, violente, ce véritable désir de les revoir... et qu'ils n'aient pas, de leur côté, un petit peu envie de me voir eux aussi. Ca me paraît impossible ! Mais j'y pense quand même...
Il faut dire aussi que par les messages que je reçois, les lettres superbes, ils me prouvent que, quelque part, eux aussi sont là, ils se font beaux, et ils viennent vers moi comme je vais à eux... Peut-être que je me trompe ? Ce serait terrible pour moi. Mais je les comprendrais. C'est une chose à laquelle je pense. Il ne faut pas croire que j'y vais parce que je me dis que je suis attendue. Je me dis jamais que je suis attendue. Jamais je me dis ça... Et le jour où, de leur côté, c'est moins fort, il faut partir. Il faut savoir précéder l'échéance, à la fois pour se montrer bien élévé, et pour s'épargner des souffrances. Des souffrances qui, pour moi, seraient terribles. Mais c'est une question d'honnêteté aussi. Honnêteté envers ceux qu'on a tant aimés, et qui vous ont aimé... L'honnêteté de leur dire simplement  : 

" Je ne peux plus ; pardonnez-moi, mais je ne ferai pas semblant avec vous "


Chorus  ( N° 61 - Automne 2007 )

Mardi 1er septembre 2009 à 8:51

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-  L'un des mots qui vous correspond le mieux est sans doute celui de  " solitude "  Qu'évoque-t-il pour vous ?

-  Il m'évoque un jardin, à six heures du soir... La solitude, c'est monstreux. C'est à la fois un grand égocentrisme et une grande force, parce que ça permet de se récupérer, donc de se recharger, donc d'être mieux et davantage à l'écoute des autres ; dans la solitude, c'est comme dans la nuit, les choses vous parviennent. Beaucoup de gens ne supportent pas de se retrouver seuls avec eux-même ; chez moi, au contraire, il y a une incapacité à faire autrement.


Chorus  ( N° 61 - Automne 2007 )

Lundi 17 août 2009 à 8:19

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Hôpitaux

( 1990 )

J'ai d'abord suivi une formation dans un milieu médical sur le virus, les symptômes, l'évolution de la maladie. On m'a aussi proposé d'apprendre à approcher les malades. Je n'ai pas voulu, parce qu'il m'a semblé que le contact avec les gens, j'en avais l'expérience depuis longtemps par le biais de la chanson. Et c'est vrai que la première fois que je suis entrée dans une chambre de malade, tout a été simple. Je ne l'ai jamais fait sans qu'on me le demande et s'il y avait la famille, je n'y allais pas. L'aumônier me demandait  :  Mais qu'est-ce que tu leur dis ?  J'écoutais, surtout, et j'ai aidé certains à partir... J'ai vu des malades au seuil de la mort, totalement seuls, abandonnés par leurs proches, parce qu'ils avaient peur d'être contaminés. C'est important, je l'ai pensé et écrit, que quelqu'un vous aide, au dernier instant, à fermer les yeux.
J'ai voulu entrer dans les hôpitaux parce que la maladie provoque de grandes solitudes, des exclusions. Les malades savent que je suis là et ils peuvent me contacter. Le dialogue qu'ils peuvent avoir avec le médecin, l'infirmière, leur famille, un étranger, est très différent. Ici l'étrangère, c'est moi. Il se passe autre chose, une autre écoute.

J'ai vu des infirmières extrêmement compétentes, généreuses de leur temps et complètement sous-payées. Il n'y a pas assez d'effectifs et certaines de ces femmes sont des zombies.

Des gens en phase terminale, j'en côtoie toutes les semaines. Je l'ai dit dans mes chansons  :  il faut être là quand les gens s'endorment, pour les accompagner. Autrefois, en ville ( pas à la campagne ) on trouvait cela morbide. Maintenant, on trouve cela normal. Un des premiers malades que j'ai vu n'avait plus du tout envie de lutter. De désespoir, il s'est tourné vers le mur. Il ne voulait plus voir ni médecins, ni infirmières. J'ai vu des malades dont les familles parlaient à l'imparfait.
Pas par méchanceté, mais par sottises.

( 1993 )

Je ne suis pas une visiteuse. Les visiteuses ont souvent la tête de l'emploi, les gens qui vont mourir n'ont pas besoin qu'on leur confirme...

Il faudrait que les gens sachent ce qui se déroule dans les hôpitaux. J'ai vu des malades fous de colère ou accablés de détresse. J'ai vu des choses inoubliables. Des infirmières admirables. Entendu des cris de détresse absolue.

Barbara

Jeudi 16 juillet 2009 à 8:29

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Ma mère m'avait offert pour mes dix-sept ans Le portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde. Ce cadeau m'avait enchantée et, venant d'elle, bouleversée. Premier déclic.
J'avais connu, pendant que je vivais encore  " à Vitruve " un étudiant grec de forte et troublante personnalité et qui faisait des études de criminologie. C'est lui qui m'initia à André Breton, Maïakovski, Louis Aragon, Paul Eluard, Queneau, Desnos, etc. Je me promenais avec les livres qu'il m'offrait. Je les ouvrais et les touchais comme pour en caresser les mots. J'allais au quartier Latin hanter les vieilles librairies de la rue Monsieur-le-Prince ou de la rue de l'Odéon, où flottaient odeurs et poussières de grimoires, de reliures de cuir repoussé à la feuille d'or, de feuilles jaunies couvertes de taches de son. J'aimais me perdre seule dans ces lieux de pénombre et y reniflais les mots, les savourais. Je grimpais aux echelles de bois, faisait glisser les vitres coulissantes. Les livres m'intimidaient, m'émouvaient, me faisaient rêver...
Je commençai bientôt à lire Genet, Jouve, Proust, Maurice Sachs, Baudelaire, Max Jacob, Colette. Plus tard, Les iluminations de Rimbaud, Georges Bataille et Céline.
Il me semblait que je ne retenais rien de ce que je lisais. Je dévorais avidement des mots, des pages, des espaces. Je rencontrais des personnages légendaires, traversais les siècles, m'enroulais dans les spirales de la folie, de l'étrange, de l'horreur, m'engloutissais dans les profondeurs de ces nuits d'asphalte. Et puis, brusquement, j'ai cessé de lire.
Je n'ai plus lu.
Rien, plus rien du tout !
J'ai oublié que j'avais lu.
Oublié.
En fait, les mots, au lieu de rester dans ma mémoire visuelle, se sont agglutinés dans ma mémoire tactile, et, aujourd'hui, je sais que ce sont ces mots-là qui bougent au bout de mes doigts, qui cherchent à sortir du bout de mes doigts, de tout mon corps.
En chantant, je retrouve cette sensation de mots jadis avalés, déglutis, engloutis, qui remontent douloureusement par ma gorge avant que je ne les exhale avec violence ou douceur dans une chanson. Comme il est expliqué dans Lily Passion ( spectacle avec G.Depardieu ) :

Et les mots qui sortent de ma gorge, je ne les connais pas :
des mots qu'on a plantés là, des mots qui me font mal et qui m'étouffent :
alors je les crie, je les vovis pour pouvoir respirer, pour vivre...

C'est ce qui se passe justement ce jour là  " à Rémusat " : les mots se pressent au bout de mes doigrs, j'ai envie t'écrire !
Je crois que c'est alors que je commence Le temps du lilas :

Il a foutu le camp, le temps du lilas
Le temps de la rose offerte
Le temps des serments d'amour
Le temps des toujours, toujours
Il m'a plantée là, adieu Berthe
Si tu le vois, ramène-le-moi
Le joli temps du lilas

Avant qu'il me quitte pour me planter là
Qu'il me salue, adieu Berthe
J'en ai profité, t'en fais pas pour moi
Du joli temps du lilas...

Extrait du livre de Barbara Il était un piano noir...

Vendredi 3 juillet 2009 à 9:11


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Je chante vêtue d'une jupe noire et d'un pull-over ; un peu plus tard, une petite  " concierge-couturière "  habile sur sa vieille Singer, confectionnera à ma demande une veste en velours noir côtelé avec un col assez haut, dégageant le cou. Ce premier costume décidera de tous les autres.
Le noir est une couleur fantastique qui, à la fois, estompe les formes et met en valeur le corps. Moi, je pensais d'abord que ça n'était pas important qu'on voie mon corps. Puis j'ai appris à m'en servir. Bien que myope, je peux me déplacer en scène ( mais rien qu'en scène ) avec une grande rapidité, les yeux fermés. J'ai également appris à essayer de vaincre ma peur, lorsque j'entrais en scène, en m'obligeant à me déplacer très lentement au moment où j'accostais le piano. J'ai appris à canaliser mon élan vitale, et, durant les dernières années où j'ai chanté, je poussais, avant d'entrer en scène, un violant cri guttural qui libérait toute mon énergie. Ce qui, souvent, a pu apparaître à certains comme une sophistication a été pour moi un apprentissage de chaque soir, afin de donner chaque fois davantage tout en allant vers plus de dépouillement.
Je n'ai jamais répété aucun geste, je ne me suis jamais exercée devant une glace, je n'ai jamais travaillé avec un metteur en scène, sauf dans  Lily-Passion ; je n'ai obéi qu'à mes propres lois, apprenant sur le tas grâce à ce flux vivant que m'a toujours renvoyé le public, un public qui a été pour moi un accoucheur. Je n'ai fait en somme qu'essayer de retourner une part des beautés contenues dans cette amour immense qui me fut donné.
Après la veste confectionnée par la concierge voisine de L'Ecluse dans un velours côtelé appartenant à son mari, après, beaucoup plus tard, j'ai rencontré Cardin. Il m'a fait une jupe magnifique, très longue, avec une queue. Mais, à l'époque, je ne bougeais pas encore beaucoup. J'étais plutôt amarrée à mon piano. Et puis mon corps s'est mis à chanter, des cordes vocales aux orteils. J'ai eu besoin de marcher, besoin d'une liberté de mouvements, non plus seulement assise à mon piano, mais debout.
On ne sait pas d'où viennent les mots ; quand tu chantes, ils se mâchent, s'allongent, se discordent, se consument, déboulent de ta gorge à tes lèvres, redescendent dans ton corps, dans le pli de ta taille, dans ta hanche ; ils t'obligent à tendre la jambe, à plier l'épaule, à courber l'échine, à redresser les reins le long desquels ils se faufilent jusqu'à redescendre jusqu'aux extrémités où ils irradient parfois comme une douleur ou un plaisir intenses.
Dans ce besoin de liberté, ma jupe entravée constituait une gêne. J'ai donc adopté le pantalon ( Mine Vergès ) j'ai émancipé mes jambes qui, et, tout à coup, les mots se sont mis à circuler par ma bouche, par mes veines, par mes muscles, et tout mon corps a pu chanter de la racine des cheveux jusqu'au bout des doigts, et j'ai pu projeter mes émotions au rythme de mon souffle.
En raison de mes problèmes musculaires qui m'obligeaient à certaines positions, le cul assis bien droit sur des cubes mobiles que j'avais fait fabriquer, qui me permettaient de me tenir jambes écartées et de porter en scène un corset destiné à soulager mes souffrances, je ne me sentais au bout du compte vraiment bien qu'en pantalon. C'était ce qu'il me fallait pour être bien, pour bouger à l'aise, donc pour mieux chanter.
Tout s'est installé comme ça, et c'est devenu mon univers.

Barbara

Jeudi 2 juillet 2009 à 8:20

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Tournées

(
1993 )

J'adore partir de ville en ville. Les traverser la nuit. Aller vers d'autres visages, imaginer toutes ces vies derrières les fenêtres allumées ou éteintes... Rouler, rouler... Découvrir le théâtre, retrouver le piano qui suit dans un camion, puis attendre le rocking-chair pendant que mon équipe installe la scène autour de moi, les rideaux, les lumières, le son ! Le spectacle, c'est vraiment là qu'il commence. A l'instant où les hommes déchargent les camions, dans un lieu quelquefois tellement insolite et que le public, le soir venu, rendra miraculeux.

Quand je quitte ma maison pour partir, c'est une coupure radicale. Je suis sur la route et je ne me retourne pas. Je regarde devant. Plus rien n'existe. Une autre vie, d'autres parfums, d'autres couleurs, d'autres silences... La vie, suspendue entre la scène et la route. Je deviens une voyageuse. Quand je reviens, je retrouve ma maison et mon secret.

Le premier endroit que je vois en arrivant dans une ville, c'est le théâtre. Mais si je ne vois pas le pays, je vois les gens du pays. Et je les vois comme personne ne les voit : rassemblés, silencieux, attentifs, présents, avec leurs bonheurs et leurs chagrins, riches ou pauvres, jeunes ou vieux...

A six heures du matin, je suis sur le terrain et je n'en bouge plus. Tout mon temps va se passer à vérifier la place du piano, la position de la lumière, etc. La soirée s'achève à une heure du matin et après je fais la route. Une fois que vous avez chanté dans une ville, vous n'avez plus rien à y faire. C'est là-bas, plus loin, qu'il faut aller.

Barbara

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