Et Barbara, que dit-elle sur elle-même, que dit-elle de Barbara ? Que sait-on de celle qui ose déclarer d'emblée à un journaliste venu l'interviewer : " Je n'ai pas envie de parler " D'un ton doux, sans provocation, d'une sincérité déconcertante qui donne plus envie encore de nous la rendre familière. Peu de choses en vérité. Barbara invite ceux qui cherchent à en savoir davantage sur elle à écouter ses chansons.Cela peut-il nous aider à mieux comprendre le pouvoir créateur de celle qui a bercé le mal de vivre de toute une génération dans le giron de ses chansons ? Le paradoxe avec Barbara naît justement de cette attention que l'on porte à ses chansons. Elle qui sait mettre des mots sur les choses que l'on est souvent soi-même incapable d'exprimer. Quand elle chante " Le mal de vivre " c'est un peu comme si elle nous prenait la main, disant au delà des mots de la chanson : " Viens, tu n'es pas seul à vivre cela, tu souffres, je sais cela. Et puis au bout, il y a l'espoir de s'en sortir, si tu cherches bien, de retrouver la joie de vivre. " Ce qu'elle chante reflète tellement nos pensées que cela nous donne envie d'en savoir plus sur leur auteur, sur leur origine, leur naissance. Ce besoin d'intimité que le public ressent pour elle naît de cet amour-fusion, inexplicable en lui-même mais dont chacun voudrait détenir la clé. Barbara appartient à cette catégorie d'artistes que l'on aime pour eux-mêmes et dont on voudrait être toujours plus proche. Il n'y a sans doute pas d'autres mystère à percer. Barbara se situe dans le pays de l'art où l'exégèse de la création ne peut en dire davantage. Aujourd'hui, nous sommes face à l'œuvre d'une visionnaire, face à un tout dont les fils ne peuvent plus être démêlés. Barbara chantait déjà le XXIème siècle. Et si elle a si bien su parler de la vie, c'est parce qu'elle se projetait dans un avenir qui laisse toujours la porte entr'ouverte parce que comme elle l'a écrit, demain
" Le jour se lève encore "
Didier Millot
Extrait du livre