Jeudi 19 juin 2008 à 8:41


Barbara - gare de lyon ( inédit )
envoyé par bisonravi1987



Gare de Lyon   ( Barbara/Barbara )   ( 1964 )

Je te téléphone
Près du métro Rome
Paris, sous la pluie
Me lasse et m'ennuie
La Seine est plus grise
Que la Tamise
Ce ciel de brouillard
Me fout le cafard

Car il pleut toujours
Sur le Luxembourg
Y'a d'autres jardins
Pour parler d'amour
Y'a la tour de Pise
Mais je préfère Venise
Viens, fais tes bagages
On part en voyage

J'te donne rendez-vous
A la gare de Lyon
Sous le grand horloge
Près du portillon
Nous prendrons le train
Pour Capri la belle
Pour Capri la belle
Avant la saison

Viens voir l'Italie
Comme dans les chansons
Viens voir les fontaines
Viens voir les pigeons
Viens me dire je t'aime
Comme tous ceux qui s'aiment
A Capri la belle
En toutes saisons

Paris, mon Paris
Au revoir et merci
Si on téléphone
J'y suis pour personne
J'vais dorer ma peau
Dans les pays chauds
J'vais m'ensoleiller
Près des gondoliers

Juste à l'aube grise
Demain, c'est Venise
Chante, Barcarole
J'irai en gondole
J'irai, sans sourire
Au point des Soupirs
Pour parler d'amour
A voix de velours

Taxi, menez-moi
A la gare de Lyon
J'ai un rendez-vous
Près du portillon
Je vais prendre le train
Pour Capri la belle
Pour Capri la belle
Avant la saison

Passant par Vérone
Derrière les créneaux
J'vais voir le fantôme
Du beau Roméo
Je vais dire je t'aime
A celui que j'aime
Ce sera l'Italie
Comme dans les chansons
Taxi, vite allons
A la gare de Lyon

 

Mercredi 18 juin 2008 à 9:13

 


Les disques de Barbara, c'est la maison de famille où l'on finit toujours par retourner, à l'occasion d'une disparition ou d'une naissance, et l'émotion est plus forte encore de fouler le vieux gravier, de découvrir que les volets se sont décolorés, que le lierre a conquis la pierre et mangé le toit de tuiles grises, que l'arbre centenaire est tombé, que le chenil est vide où la grille a rouillé, qu'il y a des trous dans le tissu à fleurs des fauteuils, de la poussière mauve sur les photos de famille où les poilus font les fiers, pauvres aïeux, avant de monter au front d'où ils ne reviendront jamais. Et, dans le grand miroir moucheté où, autrefois, l'on faisait des grimaces, on observe soudain nos pattes-d'oie, les premiers cheveux blancs et, plus bas, à la hauteur de l'épaule, les visages de nos enfants, presque des adultes. Et puis, un jour de 1990, j'ai rencontré par hasard Barbara. Nous sommes devenus des amis. Elle m'a ouvert les portes de Précy et de ses loges. Elle a couvert mon fils aîné de cadeaux. Elle ne ressemblait guère à ses chansons. Elle ne se ressemblait pas. Je l'imaginais ténébreuse, elle était très drôle. je la croyais désabusée, c'était plutôt une désespérée contrariée. Sa conversation était trépidante, provocante, coruscante. J'aimais ses coups de téléphone matinaux, son affection intempestive, ses tutoiements où entraient de la tendresse et du comminatoire. Je détestais, après une suite d'appels en rafale, parfois quotidiens, ses longs silences  --  affreuses machines à fabriquer de l'inquiétude et de la rumeur  --  que rien, ni mes lettres ni mes messages sur son répondeur, ne pouvait briser. Et puis elle réapparaissait sans prévenir, vive, moqueuse, impertinente, éludait aussitôt les questions sur son mutisme, sur sa santé, en rajoutait dans l'euphorie, riait aux éclats, exigeait des nouvelles de ma femme, des enfants, des chevaux, de la Normandie où elle promettait sans cesse de venir promener ses chiens et poursuivre l'obsédante chimère d'une famille unie, mais elle ne venait pas et s'excusait, par téléphone, au dernier moment.
" Tu sais, je suis fatiguée, je ne bouge guère. Une autre fois... Embrasse la smala ! "

Jérôme Garcin
   ( Journaliste )

Mardi 17 juin 2008 à 8:46


Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus...


 17 juin, triste journée... Mon amie Pilgrim ferme sa forêt...

Lundi 16 juin 2008 à 9:13

 

J'ai aimé la rencontre avec les hommes de ma vie, la dualité, la complicité, le rire, la quiétude, la séduction, l'impérieux besoin de reconquérir chaque matin, de rêver une vie à deux tout en sachant parfaitement que rien ni personne ne résisterait à mon piano, à mes théâtres, à la route partagée avec d'autres.


Barbara

Vendredi 13 juin 2008 à 9:21

 

 

C'était à la fois une adulte et une vieille dame qui avait une sagesse séculaire, nourrie de son angoisse, de ses voyages, de ses errances, de ses erreurs et de ses amours. Mais en même temps, une petite fille sans cesse émerveillée, sans cesse à la recherche de cadeaux, de tendresse, de douceur, d'amitié, de chaleur. sans cesse en train de dire  " Dessine-moi un soleil ", et sans cesse en train de séduire, de convaincre... Elle était la passion et l'écoute, elle était aussi l'humour fait pour donner, pour rendre la vie douce. Barbara a raisonné avec notre temps avec une si grande profondeur en incarnant la solitude, l'amour, la passion, l'enthousiasme, l'élégance, la distinction, la grâce, qu'elle ne peut pas ne pas rester comme un mythe. Il y aura certainement des lieux qui porteront son nom, elle sera présente dans l'esprit de beaucoup parce qu'elle aura dans cette fin de siècle un peu barbare, signifié la douceur, le raffinement.

Jacques Attali
  ( Économiste - Écrivain )

Jeudi 12 juin 2008 à 8:36

 

La seule chose qui me soit restée de mon mariage, c'est une photo où je figure dans une robe noire au bras d'un homme qui n'était pas mon mari. Je m'étais mise par erreur, dans la précipitation des mariages du samedi, au bras d'un homme qui sortait en même temps que moi. Les premiers jours, j'ai bien aimé être dans la peau d'une femme mariée. Qu'on me dise : " Bonjour, madame ! " ou jouer avec mon alliance, la faire tourner ! Mais ça n'a pas duré très longtemps. Ce que j'aime surtout, c'est la rencontre, la magie d'une rencontre.


Barbara

Mercredi 11 juin 2008 à 7:47


Barbara, Brel par Béjart

Lundi 9 juin 2008 à 8:48

 


Il faut pour écouter Barbara, faire la paix dans la pièce où l'on se réchauffe, dans nos paysages familiers, dans sa vie. Il faut pouvoir poser son regard sur un visage aimé, une haie de bouleaux, des crinières au vent, un album de photos, et toutes ces couleurs d'automne  --  le roux, le fauve, le feu, le grège, l'or, la sanguine, l'auburn, le caramel, la garance, l'alezan, la châtaigne, le havane et l'amarante --, couleurs languides qu'elle aimait tant. Le noir pour le corps, l'arrière-saison pour le coeur. Car cette voix nous pénètre comme nulle autre, on dirait qu'elle nous vole notre intimité, nous prolonge, nous traduit et brise ce qui, en nous, résistait par bravade, par fierté, à l'aveu, à l'abandon et aux larmes. Écrire sur Barbara  --  elle nous le pardonnera  --,  c'est écrire sur nous. L'on connaît ses chansons par coeur et pourtant, chaque fois, elles semblent répondre à ce que nous vivons d'inédit à l'instant précis où on les écoute. Les mêmes refrains, les mêmes paroles, les mêmes airs d'elle ont consacré, avec la même intensité, des bonheurs différents, accompagné en terre, avec le même refrain, des morts successives. Et quand le disque s'éteint, quand le silence est rendu au silence du vent qui siffle, de la flambée qui crépite, des souvenirs qu'on a réveillés, qu'elle a su déloger, la voix de Barbara continue de chanter. C'est, avec celle de Piaf, la seule qui n'ait pas besoin d'une enceinte pour vibrer, ni d'être diffusée pour éclater. Un simple soupir nous parle d'elle. Aujourd'hui, comme hier. Souvenez-vous  :  de son vivant, fût-elle longtemps absente de la scène, sans même que parût un disque nouveau, on ne savait par quelle grâce Barbara continuait pourtant d'être là, près de nous, de dispenser ses sortilèges, d'apaiser des souffrances, de nous donner, où que l'on fût, de ses nouvelles,
 si mi la ré sol do fa...

Jerôme Garcin
   ( Journaliste )

Samedi 7 juin 2008 à 17:13

 

La vérité,  c'est en scène et au lit !

Barbara

Vendredi 6 juin 2008 à 8:39

 


Barbara est drôle, fantaisiste, dotée d'un humour cinglant et surréaliste comme le sont parfois les victimes du mal de vivre qui ont besoin de s'échapper du réel, de porter en dérision leur souffrance. " Je suis une comique, mais cela, personne ne s'en est rendu compte !  "  Ses proches le savent bien, certains prétendent même qu'elle est la femme la plus drôle du monde. Dans l'atelier de son amie couturière, Mine Barral Vergez, à deux pas de La Tête de l'art, elle fait des siennes. Toute la durée de ces récitals de fin d'année, elle s'installe chez Mine, sillonne l'atelier en sautillant, coquine et curieuse. Tout le jour elle se penche sur l'ouvrage des petites mains occupées à ourler des taffetas ou à parfaire quelque habit de lumière. Elle veut aider, apprendre à coudre...  Le soir, elle se maquille, revêt sa peau de velours et, enfouie sous sa cape, rejoint à pied, filant comme une ombre, le cabaret tout proche. Un jour que toute l'équipe de la Comédie-Française débarque chez Mine pour un essayage, elle s'attife d'une dentelle sur la tête et d'un tablier, bondit sur la porte et joue tout à coup les parfaites gouvernantes. Un à un, ces messieurs dames du théâtre-Français s'étonnent, décidément troublés par la ressemblance de l'employée de maison avec la chanteuse.  " Non, non, je vous assure, je ne suis pas Barbara, je suis la bonne ! "  rétorque avec aplomb l'espiègle, qui fait durer la blague. Un soir de Noël, à Rennes, alors qu'elle vient de se produire avec Serge Reggiani, elle se retrouve à une réception d'un ennui mortel organisée en son honneur. Il lui prend alors l'envie de chambouler ce ronron. Elle se met à lancer de sonores  Jean-Pierre ! Jean-Pierre !  Face à un auditoire médusé, Reggiani rapplique à quatre pattes aux pieds de la chanteuse, aboie et, bouche ouverte, recueille les petits-fours que lui lance sa complice. Ainsi, on n'impose rien à Barbara. Un soir qu'une pneumonie l'a clouée sur un lit d'hôpital, son spectacle de La Tête de l'art est annulé au dernier moment. Du moins le croit-on... parce qu'à l'insu de son entourage elle obtient finalement des médecins de quitter son lit le temps d'un tour de chant. Elle avale quelques-uns de ces miraculeux comprimés dont elle abuse et s'en va donner son spectacle, le teint pâle mais l'âme en couleur. Devant La Tête de l'art, l'ambulance attendra la fin du récital.

Extrait du livre

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