Dimanche 11 mai 2008 à 7:03

 Une des chansons du répertoire de l'Écluse

 

L'homme en habit   ( P.Delanoë/D.Modugno )   ( 1958 )


Montmartre et sa colline
Ont mis une sourdine
Les lumières s'éteignent
La lune enfin peut briller
Quelques rires sonores
Se font entendre encore
Des filles passent lasses
Pressées d'aller se coucher
Le laitier seul au monde
A commencé sa ronde
Faisant vibrer la nuit
Du bruit de ses bidons
De lait
Et voici l'homme en habit
Cet élégant gentilhomme
Porte un chapeau haut-de-forme
Une cape de soie noire
Et canne à pommeau d'ivoire
Et son gilet tout blanc
Un papillon, un papillon
En tissu bleu
De sa démarche élégante
Il descend les rues en pente
La mine aristocratique
Et le geste mécanique
D'un homme qui ne sait pas
Ni d'où il vient
Ni d'où il vient
Ni où il va
Mais voici la lumière
De tristes réverbères
Que l'homme dévore
Comme des lambeaux de nuit
Une fenêtre baille
Sur un homme qui baille
Faut qu'il aille au travail
Il a sommeil et ça l'ennuie
L'homme en habit s'avance
Vers le fleuve en silence
Et tombe comme une ombre
Dans le noir qui l'engloutit
Emportant l'homme en habit
Cet élégant gentilhomme
Portait un chapeau haut-de-forme
Une cape de soie noire
Et canne à pommeau d'ivoire
Et sur son gilet tout blanc
Un papillon, un papillon
En tissu bleu
Il n'est plus de notre monde
Et descend au fil de l'onde
Comme un poisson fantastique
Sous les pierres des ponts antiques
Et son âme ne sait pas
Ni d'où elle vient
Ni d'où elle vient
Ni où elle va
Adieu, adieu, adieu gentilhomme
C'est une charmante idée
D'avoir mis pour voyager
A travers l'éternité
Ton costume de marié
Adieu.

Samedi 10 mai 2008 à 8:08


Barbara et Maurice Béjart


" Ah comme vous marchez bien !  "
s'exclame Maurice Béjart en voyant Barbara pour la première fois. Quand elle évolue, sa démarche... c'est peut-être cela qui frappe le plus l'esprit et le regard : lorsque Barbara se déplace, elle glisse, elle survole le sol comme la danseuse qui s'élance. Elle avance, le dos cambré alliant la grâce du kangourou et la rapidité de ce drôle d'oiseau dont les plumes ont été utilisées pour fabriquer le boa qu'elle enroule autour de son cou. Sa démarche est titubante parfois, comme si elle devait se frayer un chemin parmi la foule oppressante, comme si elle n'appréhendait pas bien l'espace dans lequel elle avance. Son corps bouge, tâtonne comme quand on se retrouve dans le noir. Est-ce dû à sa myopie légendaire ? Ou simplement à son charisme ? Son pas est une danse rythmée. Elle va comme les belles en robes à crinolines d'un autre siècle. Majestueuse. Souveraine. Son piano est son équipage. Sa grâce ne laissera insensible ni ceux qui sont parmi les plus grands chorégraphes ni ceux parmi les plus beaux danseurs.

Vendredi 9 mai 2008 à 8:45

 


Quels souvenirs de voyage rapportait-elle des villes, des nombreux pays où elle allait ? Des nuages vus d'avion, des enfilades de cités aperçues à travers une vitre de voiture, des couloirs de loges, d'anonymes chambres d'hôtel... Quand elle voyageait, c'était uniquement pour chanter, n'ayant dans la tête que cet espace clos de la scène, avec au milieu le piano noir, la musique, la voix, espace pour deux heures seulement s'ouvrirait sur le but du voyage : l'animal tapi dans l'ombre, la présence chaude et enivrante de la foule silencieuse et amoureuse venue pour elle. Elle en rapportait la fatigue heureuse de s'être donnée et une moisson de visages. Visages tendus vers elle dans une salle qui vibre, visages qui disent merci, qui crient je vous aime, visages inoubliables. Elle n'aimait pas garder de traces, se souvenir des dates, enfin c'est ce qu'elle disait. On pouvait voir pourtant sur un mur de sa maison une affiche sous verre, avec un air de très ancienne affiche de théâtre. Si le papier est jauni, c'est à cause de sa mauvaise qualité. Les caractères rouges restent difficiles à déchiffrer. On les devine, c'est de l'alphabet cyrillique. Elle était allée chanter à Moscou en 1973. Elle en est rentrée bouleversée. Les gens debout dans la salle puis lui parlant après son récital. Cette langue qu'elle n'apprit jamais mais qui hanta son enfance, elle avait l'impression de la comprendre, les mots remontaient d'un lointain passé, sa grand-mère de Tsirapol, l'aïeule Varvara, parfum d'exil... Et par un soir d'hiver, à présent, comme retrouvés, ces regards aimants, avides, à la porte de la loge, ces mains la retenant, la touchant comme une icône, dans la rue la suivant, et les larmes de cette femme qui, ôtant son alliance, la lui mit dans le creux de la main en la bénissant.

Jeudi 8 mai 2008 à 7:41

Mercredi 7 mai 2008 à 8:48


" Chéri, trouve-moi un son comme quand un oiseau touche de son aile les cheveux d'une jeune fille qui est en train de boire sa tasse de thé. "


Barbara ne parlait pas musique, elle parlait que d'expressions, que d'images, elle parlait nuages, elle parlait de fils, elle disait, par exemple, qu'il ne fallait jamais retomber. Elle comparait les notes qu'on jouait à des ballons, vous savez, qu'il y a sur les fêtes foraines où l'on tire à la carabine.  " Les ballons, ils ne retombent jamais, jamais. "  Donc il fallait jamais qu'on retombe, c'est pour ça qu'on terminait rarement les chansons, à la fin d'une chanson, elle se levait du piano et faisait une sortie, en fait elle donnait cette impression de ne jamais finir le tour de chant, d'être toujours en suspension, c'est se qu'elle disait toujours. Quand elle voulait un son bien précis, elle disait  : " Fais-moi quelque chose de mauve, fais-moi quelque chose de bleu, fais-moi quelque chose de froid, essaye d'étirer la note le plus longtemps possible, comme un fil, y a un ciel bleu, mais faudrait que tu sois un nuage noir là, qui traverse. "   Barbara s'exprimait avec ses mots à elle.

Sergio Tomassi
  ( Musicien )

Mardi 6 mai 2008 à 13:54


Croquis de Luc Simon  ( 1963 )


Le succès en lui-même n'existe pas parce que plus les gens vous aiment plus ils attendent de vous. Chaque soir, il faut recommencer. Ce n'est pas parce que le mardi à Bordeaux, on a très bien chanté que le mercredi, à Toulouse, ce sera aussi bien. Mais c'est fantastique que ce soit toujours neuf, toujours à gagner.

Barbara

Lundi 5 mai 2008 à 9:25

 


En ce temps-là, on chantait encore, on fredonnait dans la rue, partout. On sifflotait, c'était joyeux. Il y a longtemps que je n'ai plus entendu un " ouvrier du bâtiment " siffler. Il est vrai que les échafaudages sont plus en plus hauts, les éventuels sifflets couverts par le bruit des villes. Comme c'était bien, les chanteurs des rues, avec leur porte-voix ! Tout le monde alentour reprenait en choeur et les vieux porte-monnaie de cuir s'ouvraient pour acheter des partitions ornées de têtes des stars de l'époque. Ça bougeait, ça guinchait, ça dégingandait, ça chaloupait, ça enamourait, ça déclamait férocement, ça peinturlurait l'hôpital, ça racontait l'amour d'une mère, le corps chaud d'un homme, les roses du dimanche, les hanches des filles, les hommes à rouflaquettes ou en haut-de-forme, chaussés de leurs vernis à guêtres, ça politiquait ferme, c'était la criée du quotidien, le journal de pas d'heure en plein air. En ce temps là, les femmes chantaient encore au lavoir, à l'atelier, à la veillée. Aujourd'hui, on " Karaoke " devant sa télé, ce qui est peut-être une façon d'en revenir aux veillées d'antan, sans feu de bois, sans vraie connivence, dans le bruit. La chanson est dans le quotidien de chacun ; c'est sa fonction, sa force. Sociale, satirique, révolutionnaire, anarchiste, gaie, nostalgique... Elle ramène chacun de nous à son histoire : Les feuilles mortes, Parlez-moi d'amour... Le mot n'existait pas encore, mais les interprètes étaient drôlement  lookès ! Mayol, avec son toupet sur la tête. La Goulue, si bien peinte par Lautrec. Fragson, Yvonne George, Jane Avril. Valentin le Désossé, tout en noir, tout en jambes. La Guilbert avec ses longs gants noirs. Marianne Oswald, la rousse, la  " rockeuse " Et bien d'autres ! C'étaient quand même de sérieux  " allumés " qui, s'ils revenaient aujourd'hui, en remontreraient à beaucoup dans le non-conformisme. Chaque chanteuse a son phrasé. Un look, c'est bien, mais ce n'est qu'une image qu'on peut reprendre. En revanche, on ne peut pas calquer la respiration, l'accent, l'empreinte vocale d'une artiste, sa vraie différence. Aujourd'hui, la musique s'écoute plus qu'elle ne se chante. Est-ce parce qu'elle est devenue moins mélodique ? Parce que nous vivons plus repliés sur nous-mêmes avec notre Walkman collé aux oreilles? Il est vrai que les bruits de la ville sont devenus si tonitruants et cacophoniques que nous sommes obligés d'écouter la musique et les mots de plus en plus fort. Et cette musique et ces mots qui étaient censés nous rapprocher, nous éloignent plus que jamais les uns des autres.

Barbara

Samedi 3 mai 2008 à 8:59

 


Ma force a été de sentir les être humains, de leur donner confiance. Les gens perçoivent ça. Mes photos de Barbara ont une sensualité qui a touché les autres.

Barbara m'impressionnait parce que je respectais qui elle était. Elle m'a touché. C'est plus beau d'être touché que d'être impressionné, non ?  Et puis, qui impressionne qui ?  Après tant d'années, je reste... impressionné par la grâce qu'elle dégageait. La grâce est essentielle dans un portrait, et le travail du photographe consiste à la révéler, à la saisir quand elle passe. Aujourd'hui, il manque quelque chose... Ce serait difficile de reprendre les négatifs, de les retirer. En tout cas pour moi.

Marcel Imsand
  ( Photographe )

Vendredi 2 mai 2008 à 10:09

 


Quand je me suis installée à la campagne, je n'avais jamais vu le soleil se lever... ou mal. D'ailleurs avez-vous remarqué, à Paris, comme le chant des oiseaux est angoissant au petit matin ?

Barbara

Jeudi 1er mai 2008 à 7:28

 

Je vous souhaite en ce 1er Mai

Beaucoup de Bonheur à Toutes et à tous

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