Dimanche 20 mai 2007 à 17:12

 

 
Hommes


 ( 1969 )


Quand j'ai aimé passionnèment un homme, il m'est impossible ensuite d'être simplement son amie. Je ne sais pas bien l'amour. Je sais seulement la passion. Brûler... Il faut se brûler.
Vous savez, les hommes m'ont beaucoup gâtée, gâtée dans le sens qu'ils ont été merveilleux. Il n'y a aucun homme dont je puisse dire :  " Lui, c'est un salaud " ... Quelques fois, les hommes ratent les femmes et nous, nous ratons les hommes. On n'a pas le temps. Mais ma vie de femme s'est arrêtée, quelque part, et ma vie de femme qui chante a commencé.

Barbara

Jeudi 17 mai 2007 à 14:39

 

Angoisse


(
En 1988 )

Exister dans cette vie, c'est déjà asser angoissant. Ce n'est pas forcément l'angoisse de la mort, c'est l'angoise de perdre l'autre. Pour certains, c'est celle du soir qui tombe. Pour d'autres, c'est celle du matin, lorsque les oiseaux chantent. Tout être a ses angoisses, j'ai simplement le bonheur de pouvoir les chanter. Je n'ai pas envie d'être complaisante en parlant de mes angoisses. L'angoisse quand elle ne devient pas une entrave, une difficulté, une impossiblité d'avancer, l'angoisse fait partie de nous et peut même devenir constructive.


Barbara

Mardi 8 mai 2007 à 8:43


(
En 1993 )


La question qui m'obséde est : suis-je crédible quand je parle du sida ? Je n'en suis pas sûre. Quand j'ai chanté pour la première fois " Sid'amour à mort " en 1987, il y avait de l'espoir, il y avait du combat. Aujourd'hui, les gens ont comme baissé les bras. Pourtant, j'en suis convaincue, le mal est devant nous. Et je reste persuadée qu'il y a toujours un grand travail d'information à faire. Ne pourait-on pas utiliser la télévision aux heures de grande écoute pour communiquer les adresses des centres anonymes et gratuits de dépistage ? Il faut installer des distributeurs de préservatifs dans les écoles et dans les lycées. Il faut mobiliser les parents. A l'heure où je te parle, on sait par des statistiques que les premiers rapports sexuels des gosses se font sans préservatifs ! Tout ça, je le fais, non pas par morbidité, comme ont pu le laisser entendre des imbéciles, mais parce que je hais viscéralement la mort et parce que je n'ai pas d'autres enfants que ceux qui viennent à ma rencontre. Ce sont mes enfants de substitution. Je me dois de les protéger.


Barbara

Samedi 5 mai 2007 à 7:12


Argent


(
En 1992 )


Alors ça, l'argent !... L'argent a été quelque chose de formidable lorsque j'en ai eu et que j'ai pu donner. je ne sais pas véritablement si j'ai de l'argent ou si je n'en ai pas. J'ai longtemps vécu avec des valises et je trouvais ça très bien, jusqu'au jour où Jean- Claude Brialy m'a dit : " Ma scripte vend sa maison, va la voir, c'est une maison pour toi. " Je n'avais pas d'argent pour l'acheter, mais je suis allée la voir et je suis tombée amoureuse de cette maison. J'en ai parlé à mon agent, Charley Marouani, un homme formidable, et il m'a répondu que je n'avais pas d'argent. Alors je me suis dit : " Ca ne fait rien ", et je suis partie en tournée. Quand je suis revenue, Charley m'a dit : " Mais tu me demandes pas la clé de ta maison ? " Il s'était débrouillé pour me l'acheter ! Je trouve ça fabuleux ! L'argent, c'est aussi savoir que ce n'est rien. C'est mon agent qui s'occupe de tout. Il me donne de l'argent de poche. Mais je n'ai jamais de chéquiers. J'en ai eu deux et puis on me les a repris parce que je ne savais pas m'en servir. Je ne comprends rien aux zéros, aux nouveaux francs... je n'ai jamais choisi l'argent. Et si demain il n'y avait plus rien, plus de maison, plus de piano et qu'on me dise que je peux tout garder à condition de faire un truc que je ne respecte pas, eh bien, je choisirais de ne rien avoir ! Ce serait terrible, bien sûr, mais ça va de soi. Et attention ! Ce n'est pas héroïque.

 
Barbara

Jeudi 3 mai 2007 à 8:40

 

( En 1996 )


Je n'en reviens pas de la haute technicité de ce studio. Quand je pense à ceux d'autrefois... Je suis pour la machine quand tu ne deviens pas son otage. La connerie, c'est quand la machine fait le travail à ta place, quand on veut qu'elle respire, chante, vibre, émeute à ta place. Le seul avantage de la machine, c'est qu'elle fait gagner du temps. Et puis elle enregistre ce que l'oreille n'entend pas. J'ai fait trente prises, par exemple, de " A force de " et chaque fois, en réécoutant la chanson, on sentait, en fond sonore, un imperceptible râle. Je ne comprenais pas. J'ignorais que j'avais une infection pulmonaire. La machine le savait, elle ! Maintenant que je me suis soignée, je peux enfin enregistrer parfaitement la chanson.


Barbara

Mercredi 2 mai 2007 à 9:14


(
En 1991 )


Personne, tu m'entends ?, personne n'a le droit de toucher à mes habits de scène. Si quelqu'un, même un ami proche, vient dans ma loge et jette son manteau sur eux, je ne sais pas de quoi je suis capable, mais ce sera d'une extrème violence. Mes habits de scène sont la part visible de la magie sans laquelle un spectacle n'est plus un spectacle. Qui oserait mettre la main sur la chasuble d'un prêtre avant la messe ou sur les instruments d'un chirurgien avant une opération ? Eh bien, pour mes habits de scène c'est pareil.


Barbara

Samedi 28 avril 2007 à 8:31


 

La voix 


( En 1987 )


Ma voix, quand je l'entends, je ne l'aime pas. Pour tout te dire, elle m'insupporte, je ne cesse de lui trouver plein de défauts. Mais celle que le public entend, alors oui, elle me plaît.


Barbara

Vendredi 27 avril 2007 à 8:28


Barbara et son public


Le 26 février 1978, lors de la dernière de sa serie de récitals à l'Olympia ( temple mythologique dont elle avait gravi les hauteurs grandioses pour élever ses théâtres vers le ciel ) Barbara adressa à son public un témoignage d'amour, symbolique d'une histoire née le 15 septembre 1965 à Bobino et achevée le 26 mars 1994 à Tours.


" Je voudrais vous dire quelque chose d'abord, je voudrais vous dire que, finalement, c'est vous qui avez fait le spectacle, c'était tellement prodigieux, tellement extraordinaire que personne n'en est revenu et personne n'a compris, moi encore moins que quiconque, d'ailleurs, parce que j'ai vécu complétement enfermée dans cette loge, de ma chambre d'hôtel à la loge, de la loge à vous, pour pas perdre une parcelle de cet amour que vous m'avez donné, je dois vous dire que c'était une chose exceptionnelle, que c'est jamais arrivé, que, ni les gens de métier, ni les autres ne comprennent ce qui s'est passé, peut-être vous et moi, peut-être vous et moi [applaudissements] Parce que, quand on me demande d'expliquer, je peux pas expliquer, parce que vous, je peux pas expliquer, je peux pas parler de vous, je veux dire que la vérité qu'il y a entre vous et moi, elle est inexplicable pour qui que se soit, elle est là ! quand vous êtes là, quand je suis là ! Et je sais que ce sera toujours comme ça, je sais que, tant que je chanterai, si je chante c'est par vous, c'est pour vous, parce que c'est vous
qui avez fait mon chemin, si je suis ici ce soir, revenue ou pas revenue, parce que j'aime pas le terme : " partir " etc..., c'est pour vous, parce que, moi, j'aurai jamais osé revenir... Mais, ce que vous m'avez donné là, peut-être aussi parce que vous savez que ma vie c'est vous, et que c'est pas un mot que je vous dit là, que c'est vrai que cette histoire d'amour, c'est vous, et ce qui s'est passé là, vraiment, c'est fou, je veux dire, je porte en moi, comme ça, inscrit en lettres de feux, c'est vrai, je vous le répète parce que c'est très , très important, et je vous remercie de vous ! "


Barbara

Mercredi 25 avril 2007 à 8:19


(
En 1992 )


Le premier endroit que j'aperçois en arrivant dans une ville, c'est le théâtre. Mais si, par manque de temps, d'attention aussi, je ne vois pas les pays, j'observe très bien les gens des pays. Et je les observe comme personne ne peut les observer : rassemblés, silencieux, attentifs, présents, avec leurs bonheurs et leurs chagrins, riches ou pauvres, jeunes ou vieux... C'est merveilleux de se donner rendez-vous et de passer ensemble une soirée dont on sait de part et d'autre qu'elle ne ressemblera à aucune autre.


Barbara

Lundi 23 avril 2007 à 8:56

 

 
Barbara et Jacques Brel dans le film " Franz " réalisé par Jacques Brel


" J'ai mal aux autres "


Jacques Brel disait : " J'ai mal aux autres " pour expliquer qu'il n'était pas tout à fait heureux dans un monde de souffrances, d'inégalité, d'injustice, Barbara tient le même discourt : " Comment ne pas avoir honte de vivre dans un monde où chacun n'a pas droit à sa part de bonheur, il m'est souvent difficile de prendre un bain parfumé, d'admirer les roses de mon jardin, de respirer le silence paisible de ma maison, sans ressentir une certaine indécence par rapport à tous ceux qui souffrent; (...) je me dis tout les jours, je vous assure que c'est vrai : " ça , c'est fou d'avoir quelque chose à soi..., c'est magique " (...) et si tout le monde avait ce jardin, ça changerait bien des choses et c'est une injustice qu'il y en ait qu'ils l'aient et qu'il y en ait qui l'aient pas, et ce qui est terrible, c'est qu'il y a ceux qui sont dans la lumière, ceux qui sont dans l'énergie, et ceux qui n'y sont pas, qui n'arrivent pas à entrer dans le cercle, ou le cercle s'agrandit pas suffisament, plus exactement, pour qu'ils y entrent, et ça c'est terrible ! Y a des quotidiens terribles, qu'est-ce qui est difficile à vivre ? c'est le quotidien (...) dit-elle.


Barbara

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