Lundi 6 août 2007 à 9:40


Le testament   ( Barbara/Barbara )    ( 1968 )


Je soussignée une telle, qui suis saine d'esprit,
Qui suis folle de toi, et ne s'en remets pas,
Je te lègue aujourd'hui en ce doux soir de mai,
Où j'en ai plus qu'assez, tout ce qui est fini,
Je n'aurais jamais pensé qu'il suffirait d'une année, et pas davantage,
Pour pouvoir ô mon amour amasser au jour le jour, un tel héritage,
Comme je n'espérais plus,
Voilà que tu es venu,
Ô toi ma tendresse,
Tu es descendu des nues
Pareille au petit Jésus,
Ce fut ma richesse,
A bouche à bouche ta bouche,
Tu as partagé ma couche,
Nuits enchanteresses,
Notre amour larguait ses voiles,
Sous un ciel troué d'étoiles,
La chaude paresse,
L'orage éclata soudain,
Nous laissant un ciel chagrin,
Et l'humeur chagrine,
Notre amour battit de l'aile,
Et s'enfuit à tire d'ailes,
Comme l'hirondelle,
Ah je te veux je veux plus,
Ah dis pourquoi souris-tu,
Je te veux entière,
Ah où vas-tu et pourquoi,
D'où viens-tu réponds moi,
J'étais chez ma mère,
Tes dimanches en famille,
Tes jeudis avec ta fille,
La chère petite,
Et le reste merci bien,
Un drame pour des presque rien,
Il faut qu'on se quitte,
Je sais je n'ai trois fois non,
Non rien du boeuf mironton,
Tout comme on l'appelle,
Je reconnais pourquoi pas,
Que dans la vie je ne suis pas
Un cadeau du ciel,
Mais j'ai eu lorsqu'on y pense
Pour nous deux tant de patience,
De tendres patiences,
Qu'aujourd'hui je n'en peux plus,
Epuisée, lassée, rompue,
C'est la délivrance,
Tous nos souvenirs d'amour,
Amassés au jour le jour,
A toi sans partage,
Tu voulais tout,
Garde tout...
Tu pourras faire de nous
Un livre d'images
Marrakech, Londres et Capri
Puis clandestins dans Paris
Que de paysages
Et creusé au chaud du lit
L'emprunte de nos corps unis
C'est ton héritage
Je soussignée une telle encore saine d'esprit,
Toujours folle de toi, qui ne s'en remets pas
Je te lègue aujourd'hui en ce doux soir de mai,
Où j'en ai plus qu'assez tout ce qui est fini,
Où j'en ai plus qu'assez tout ce qui est passé...

Dimanche 5 août 2007 à 8:16


Göttingen


(
1987 )


Quand j'étais à Écluse, un jeune Allemand, très beau, m'avait proposé de venir chanter dans son pays, à Göttingen. Je dis oui. Quand j'arrive, horreur, j'aperçois un piano droit. Mon ami s'excuse, gêné, invoque une grève des transports. Je lui réponds que je ne peux pas chanter avec un piano droit. C'est alors que douze sublimes étudiants m'on apporté à bout de bras un superbe piano à queue. J'ai chanté. Je suis restée huit jours et j'ai écrit pour eux cette chanson, dans un jardin de curé.


Barbara

Samedi 4 août 2007 à 9:01


Moustaki Barbara - fleurs de meninges
envoyé par Salut-les-copains


Fleur de méninge  ( G.Moustaki/G.Moustaki )
 
 
J'ai la méninge qui fleurit
La nature m'a tout appris
Je suis poète
Ma fortune est bien entendu
Comme un beau jardin suspendu
Dans ma tête
Pas de mémoire des myosotis
Souvent mon araignée en tis..
...sant sa toile
Fait un hamac pour ma pensée
Qui de là rêvant d'odyssée
Met la voile
Quand je m'embarque au grand bonheur
Je peux tout dire avec des fleurs
De méninge
Quand je m'en vais conter fleurette
Pas besoin de roses ni de pâquerettes
Au smokinge
Suffit pour être ensorceleur
De savoir faire pousser les fleurs
De méninge

Je ne cultive pas le souci
Mais je me rends vite à merci
Quand on cueille
Les plus douces pensées d'amour
Et la marguerite alentour
Que j'effeuille
Des fleurs poussées par ma passion
J'en fais éclore sans aversion
Sur le bitume
Tout un parterre enjuponé
De belles de nuit dès que le né..
...on s'allume
Quand je joue au bel oiseleur
Je peux tout prendre avec des fleurs
De méninge
Pour étourdir la midinette
Pas besoin de roses ni de pâquerettes
Au dancinge
Suffit pour ce gentil labeur
De savoir faire pousser les fleurs
De méninge

Je pense trop et je suis trop beau
Pour faire de vieux os de barbeau
Je m'en flatte
Tranquille j'attends qu'un voyou
Comme pour me guérir du mildiou
Me sulfate
Ou bien qu'on me plante au surin
Sur le ventre un joli jardin
Qu'on me vaccine
Bref qu'on m'envoie sans mon faire part
Grignoter les pissenlits par
La racine
Quand je m'embarquerai pour ailleurs
Tout sera dit en quelques fleurs
De méninge
Pour m'en aller aux oubliettes
Pas besoin de roses ni de pâquerettes
Ni de méninge
Pas besoin non plus d'orchidées
Mais d'un simple bouquet d'idées
Suffira de verser quelques pleurs
Pour arroser vos propres fleurs
De méninge

Vendredi 3 août 2007 à 20:51



Barbara dans une scène du film ballet de Maurice Béjart


"Je suis né à Venise "

 

Jeudi 2 août 2007 à 9:02


Force


(
1992 )


J'ai reçu beaucoup d'amour et je fais un métier que j'aime. Elle vient aussi de ce que je ne triche pas. Comme je vis seule, je n'ai jamais à tricher devant un autre, ou des autres, et ça, c'est très important. Si en entrant chez vous, vous êtes obligé de faire semblant, c'est fatiguant. Mais, au contraire, si vous apprenez à vous recharger, à repartir vers un silence, une solitude que vous transformez en force... Ma force vient aussi du fait que je suis bien dans mes bottes. Et que je n'ai jamais rien fait par complaisance ou facilité.


(
1993 )


La force que j'ai me vient des bonheurs que j'ai connus, et aussi des moments de désespoir que j'ai traversés. Je veux dire aux gens de ne pas baisser les bras, de ne jamais se laisser couler en des tréfonds de tristesse et de malheur. Il faut travailler sans attendre pour que la joie revienne et au matin, on puisse tous sourire à nouveau. Au bout de la nuit, même si tu marches à genoux, tu verras encore le jour se lever.


Barbara

Mercredi 1er août 2007 à 8:56


 

Barbara a écrit cette chanson pour Régine. Elle l'a chanté quelquefois.

Gueule de nuit  ( Barbara/Barbara )  ( 1968 )

J'suis une souris, gueule de nuit,
Et je vais, je viens, je passe, passe.
J'suis pas du jour, gueule d'amour.
D'ailleurs j'suis de Montparnasse, nasse.
Cherchez pas de mystère, j'en ai pas.
J'ai bon caractère, mais faut pas,
Pas pousser grand-mère d'un faux pas, ah.

Oui, j'aurais pu, comme vous
Ou comme toi, être ronde, ronde
Mais c'est foutu, c'est classé
Car Dieu m'a préférée longue, longue.
Pour c'que j'ai à faire, ça m'gêne pas.
On peut pas s'refaire, jeune ou pas.
Passez donc la main,
La main dans la main, et viens.

J'voudrais voir l'automne, dans le petit matin,
Quand le ciel s'étonne
Sur le canal Saint-Martin.
Au lieu d'ça, je trime,
Alors j'imagine
Que je vois l'automne, dans le petit matin
Et je m'abandonne
Et j'en rêve et c'est bien.
J'ai jamais vu ça,
J'ai jamais vu ça.
J'voudrais voir l'automne,
L'automne avec toi.

Parfois je pense à ce que j'aurais pu être, être,
Tiens, la Goulue, Malibran, ou la Divine peut-être, être.
Ah, les années trente, trente et un,
Monsieur de Truc ou de Machin
Prenait ta vertu
Et t'avait pignon sur rue.

Je m'serais payé, dans mon fiacre,
Un drôle de tour du monde, monde
Et, des montagnes aux lacs,
Je l'aurais dansée ma ronde, ronde
En boa, bottée, dans mon fiacre
Et toi, chapeauté, chapeau clac,
On s'en s'rait allés.
Allez, fouette cocher, et viens !

Viens donc voir l'automne, dans le petit matin,
Quand le ciel s'étonne, sur le canal Saint-Martin.
Non mais t'imagines ?
Au lieu d'ça, je trime.
J'voudrais voir l'automne, dans le petit matin,
Quand le ciel s'étonne, de Passy à Pantin.
J'ai jamais vu ça,
J'ai jamais vu ça.
J'voudrais voir l'automne,
L'automne avec toi.

On peut rêver, rêvasser
A c'qu'on aurait voulu être, être,
Mais c'est foutu, c'est classé.
Ce n'est pas plus mal peut-être, être
V'là la fin du jour, gueule d'amour.
C'est bientôt la nuit, gueule de nuit.
En robe de lumière,
J'serai à mon affaire, viens.

Après tout, l'automne, dans le petit matin,
Quand le ciel s'étonne, on verra ça demain.
Viens, la ville s'allume
Et Paris s'emplume.
Après tout, l'automne, dans le petit matin,
Qu'est-ce que ça paut faire
Puisqu'on s'aime et c'est bien.
Un amour comme ça,
J'ai jamais vu ça.
J'ai jamais vu ça,
Dieu, que ça m'étonne, tilalala...

J'suis ta souris, gueule de nuit.
Avec toi je vais, je passe, passe.
J'suis ta souris de la nuit.
Viens, j't'emmène à Montparnasse, nasse.
J'suis ta souris de la nuit,
J'suis ta souris, gueule de nuit.
J'suis ta souris de la nuit,
J'suis ta souris, gueule de nuit.

Mardi 31 juillet 2007 à 9:21


Impossible d'écrire sur Barbara. Ceux qui s'y sont risqués le savent. Timidement on l'approche, on l'aime. On croit la saisir, en quelques phrases, pour peu qu'elle y mette du siens, qu'elle s'y prête, plaque deux trois de ses mots comme un accord, on croit la tenir, une formule, un coup de griffe, la voici, et hop-là !... Pensez-vous ! Elle virevolte, s'échappe. Et vient le moment où elle referme le couvercle de son piano, la porte de son jardin, adieu Berthe ! " Et dire qu'ils me croient intelligente " Ce rire. Le rire de Barbara. En aparté pour son chat ou son chien : " Ils ne serons pas déçus du voyage ! " Et la voilà partie, dans une envolée de dentelles noires, cristalline, arroser ses fleurs ou se perdre dans ses gammes. Que faire ? Des photos ? Vous n'y pensez pas, la chanteuse a horreur des photos. Elle a passé sa vie à les jeter aux orties, pour certaines, elle n'eut pas tort. Pourquoi ? Elle ne s'y reconnaît pas. Cette femme de papier, ce double figé qui la nargue ce n'est plus elle. C'était hier. Hier ne l'intéresse plus. Que ces visages qui lui ressemblent vaguement puissent intéresser les autres, elle l'admet mais ne le comprend pas. Dans la vie elle avance, oublie, jette. Et recommence tout. N'a-t-elle pas signé des milliers de photos à la sortie des théâtres ? Oui, pour faire plaisir. Sans gaîté de coeur. Elle n'a jamais été si soulagée que lorsque des paysages remplaçaient son portrait sur les pochettes de disques ! Étrange pour une star. Elle aimerait que les photos soient comme des reflets dans l'eau : un instant à peine, saisi par la mémoire puis englouti et à jamais oublié. Là-bas, là-bas, tout est plus beau, de l'autre côté du miroir... Un peintre disait à ses élèves " Quand vous dessinez un paysage, pensez à une femme et quand vous dessinez une femme ... " Dessinez Barbara ? A coup de mots, d'images, de souvenirs. Et s'il vous manque une photo, nous inventerons un paysage.


Marie Chaix  
 ( Écrivain )

Lundi 30 juillet 2007 à 8:58


Fax


(
1996 )


Écoutez, c'est un outil extraordinaire, le fax ! Vous ne trouvez pas ? Rien à voir avec l'intrusion bruyante du téléphone. Il chuchote à peine et les mots se déroulent. Vous pouvez ne pas avoir la force d'appeler un ami, vous trouvez toujours celle de lui griffonner quelques mots. Un enfant qui dessine une fleur, un correspondant inconnu vous dédie une tendresses masquée, un amour à mi-voix. Et vous guettez le murmure qui vient, peut-être, de l'autre bout du monde...


Barbara

Samedi 28 juillet 2007 à 8:46


Qui est qui   ( Barbara/L.Plamondon/Barbara )
  ( 1986 )


( Spectacle : Lily Passion )


De quelle nouvelle Babylone,
Viennent ces belles amazones
Avec leurs franges sur le front.
Sont-ce des anges ou des démons ?
Qui sont-ils ou qui sont-elles,
Sous leurs faux-cils sous leurs jarretelles,
Sous leur poitrine de silicone,
Perruques platines et lèvres chaudes,
Sous leurs tignasses incandescentes,
Leurs robes de strass phosphorescentes,
Talons aiguilles et bas résilles
Comme des filles de pacotille,
Qui est qui ?
Parmi tous ces travestis,
Cherchez la femme.
Qui est qui ?
On ne sait plus qui on suit.
Quel programme.
Qui est qui ?
Peu importe notre anatomie.
Ce qui compte, c'est ce qu'on nous a mis
Au fond de l'âme.
Qui est qui ?
Qu'est-ce que ça peut faire, au fond d'un lit.
La nuit, tous les chats sont gris.
Qu'est-ce qui fait le plus mal
Quand on est animal :
Etre mâle ou femelle ?
Qu'est-ce qui fait le plus mal
Et où est la normale ?
Etre un il ou une elle,
Une elle sur une île
Ou un il sous mon aile ?
Qui est qui ?
Parmi tous ces travestis,
Cherchez la femme.
Qui est qui ?
On ne sait plus qui on suit.
Quel programme !
Mais pourquoi semer la zizanie
Dans ce monde où tout est harmonie ?
Finissons la comé, comé, comédie.
Vous avez gagné votre pari.
Je suis la femme,
La femme.
Suivez-moi,
Suivez-moi,
Je suis la femme...

Vendredi 27 juillet 2007 à 8:41

 

Chanson de Georges
Brassens
 

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