Lundi 17 décembre 2007 à 11:38

 


La meilleure amie de ma mère, qui fut aussi mon institutrice en maternelle m'initia à l'oeuvre de Barbara. L'été durant lequel est sorti  " Dis quand reviendras-tu ? "  Dans les années soixante-dix, j'ai chanté à Écluse où elle avait débuté. A la première audition, bien qu'ayant emporté ma guitare pour des raisons pratiques, j'ai émis le souhait de m'accompagner au piano, mon instrument de base. Grand sacrilège ! Personne ne l'avait touché depuis Barbara ! J'ai quand même joué  " Wolfgang et moi "  et ai obtenu un accord des gens du lieu. La première vraie rencontre avec Barbara se produisit à l'Olympia en 1978. Roland Romanelli a tenu à nous présenter alors que j'étais dans la file d'attente avec les personnalités venues la saluer. Il pénétra dans sa loge afin de la prévenir de ma présence, et là, elle a remonté toute la file pour m'embrasser et me dire  " J'aime tellement ce que vous faites, merci, merci de vous ! "  Bref, exactement ce que moi je tenais à lui dire ! Lorsque j'ai commencé à réfléchir à mon parcours et au sien, j'ai été étonnée des parallèles qui pouvaient être établis. Nous avons débuté à Écluse, nous avons appris le piano et surtout nous considérions toutes les deux cet instrument comme une personne, le touchant pour savoir de quelle manière  " il allait parler "  Un jour que j'étais malheureuse, vide, sans inspiration musicale, je lui dis au téléphone  :  " Le piano ne me parle plus "  Elle me répond  " Laisse-le bouder, quand il voudra te parler, il te parlera ! "  Nous utilisions le même langage... Un jour, je racontais cette anecdote à un journaliste qui l'a retranscrit à sa façon  :  " Barbara et Marie-Paule Belle considèrent le piano comme un homme et elles le préfèrent avec une grande queue ! "  On est vraiment peu de chose, parfois ! Nous avons eu les mêmes collaborateurs  :  Mine Vergez, notre costumière, Jacques Rouveyrollis, qui a éclairé nos spectacles, Roland Romanelli seul, puis lui et Gérard Daguerre ensemble ! Et tout cela sans que je sache qu'ils travaillaient avec elle au moment où je les choisissais ! C'est incroyable, au point que je me suis dit après coup  :  " On va penser que j'ai copié ! "  Barbara est la seule à avoir su parler d'amour comme elle l'a fait, d'une façon sensuelle, tactile. Quand j'ai eu dix-huit ans, j'ai découvert  " Pierre "  et ai trouvé cette chanson sidérante  :  Barbara représentait à mes yeux l'image de la liberté, la liberté dans l'amour, moi qui étais issue d'une famille bourgeoise, catholique pratiquante avec tant de tabous ! L'aspect interdit, défendu m'attirait tellement... Le vendredi précédant son départ, j'étais découragée car je n'avais pas de maison de disque. Barbara s'est mise en colère  :  " C'est inadmissible ! Qu'est-ce que ça veut dire ? Je vais m'occuper de toi ! "  Dix jour plus tard, je signais dans le même label qu'elle ! Je crois véritablement à ce genre de signes, car j'ai le sentiment qu'elle s'est occupée de moi et qu'elle continue de le faire. Moi qui, à l'issue de cent soixante-dix-huit concerts consacrés à Barbara, désire enfin interpréter mon propre répertoire, je n'arrête pas d'être sollicitée pour aller chanter... Comme si Barbara ne voulait pas que j'arrête son spectacle. Avec Barbara, nous avons communiqué par téléphone, par fax, mais n'avons jamais dîné ensemble, comme cela arrive souvent avec d'autres artistes. Et je regrette qu'elle soit partie juste au moment où nous faisions connaissance...


Marie-Paule Belle

Dimanche 16 décembre 2007 à 9:24


 

 


Mille chevaux d'écume   ( Barbara/Barbara )    ( 1981 )


Mille chevaux d'écume
Galopent,
Galopent à la lune,
Galopent
Au-dessus des dunes,
Des chevaux lumières
Claquent leurs crinières
Quand tu joues,
Quand tu joues

Joue
Au bout de tes doigts,
Ton piano géant
Est un océan
Qui roule
Joue
Ton piano nacelle
Balance, léger
Sur un arc-en-ciel
J'oublie tout
Quand tu joues
J'oublie tout

Un cargo s'est perdu avec son équipage
Un tout petit garçon est gardé en otage
Pour être comme un oiseau, léger sur un nuage,
Un homme s'est jeté de son septième étage
Ils étaient des enfants au cœur de l'innocence
On les a fusillés pour crime d'insolence
Les terres sont brûlées
Les hommes sont malades
De folie en furie,
On a honte de vivre,
Honte de vivre

Joue
Sur mon vague à l'âme
Ton piano géant
Déroule ses gammes
Joue
Quand tu joues blues,
C'est la vie rêvée
Je suis emportée
Joue
Fantasmagorique,
Ton piano léger
S'envole léger, léger
Quand tu joues velours,
C'est la vie amour
Je suis emportée,
C'est la vie rêvée
Joue

Des chevaux d'écume
Galopent, galopent,
Galopent à la lune
Ton piano nacelle
Balance léger, léger
C'est la vie rêvée,
Je suis emportée

Joue
Les oiseaux de lune
S'accrochent à la brume
Quand tu joues,
Quand tu joues velours,
C'est la vie amour,
Je suis emportée
Et je vais léger, léger
Joue
Sur ton piano blues
Ah, quand tu joues,
Oh j'oublie tout
Joue
J'oublie tout...

Samedi 15 décembre 2007 à 9:15


 


En 1963, à la mort de Piaf, mon ami le peintre Eugène Deckers me déclarait, effondré : " Maintenant, on n'entendra plus que des pisseuses. "  Il ignorait, Eugène, qu'il existait déjà un autre volatile, un futur aigle noir, une autre chanteuse hors norme, connue seulement des habitués du cabaret de l'Écluse, qui pouvait, par sa stature, sa sincérité, sa densité, prendre la relève du défunt moineau. La sensualité presque initiatique qui émanait de son répertoire et de sa personne lui valait une cohorte de dévots de tous sexes qui, tremblant d'émotion, rôdaient autour de son hôtel, de sa loge et des coulisses avant de se rendre au spectacle comme on va à une messe. En 1994, la voix fêlée, avec deux musiciens autour d'elle, elle donna vie à un récital qui bouleversait toutes les données et rassemblait toutes les générations de spectateurs. Ceux-ci l'ovationnèrent debout toutes les trois chansons. Sous des dehors parfois arrogants ou autoritaires, souvent persifleurs, elle restait percluse de doutes et faisait régulièrement appel - inutilement ? - à des auteurs ou des musiciens qui l'impressionnaient. Sans se rendre compte qu'avec sa robe noire et son piano, ses paroles et ses mélodies, elle se suffisait à elle-même. La dame brune s'en est allée en novembre 1997. Peut-être y a-t-il quelque part un oiseau rare prêt à prendre son envol, à nous consoler de l'absence du piaf et de l'aigle. Un autre être d'exception, une femme chantante qui saurait offrir, avec le même absolu, ses rires et ses larmes, sa tendresse et sa véhémence, son humour et son désarroi, ses blessures, sa dignité, ses contradictions. Son talent.

 

 Georges Moustaki

Mercredi 12 décembre 2007 à 8:12


Barbara vers l'âge de deux ans

 


Varvara 
( grand-mère de Barbara )


Elle était née près d'Odessa. Cette femme magique nous racontait, le soir, des histoires de steppes et de loups. Il y avait, du côté de ma famille maternelle, toute une tradition de cirque, de danseurs, de joueurs de Balalaïka...


Barbara

Mardi 11 décembre 2007 à 10:07

 


Barbara, une histoire d'amour et de souvenirs


Mes premiers souvenirs de vous remontent à peu près à 28 ans. Je n'étais alors qu'un gosse de 8 ans blotti dans les bras de ma mère. J'écoutais avec elle votre musique qui lui donnait le sourire mais la faisait parfois aussi pleurer. Bien sûr à cet âge, je ne comprenais pas bien pourquoi. Ce fut comme ça pendant quelques années. Puis j'ai cessé de vous écouter. Mais le souvenir de votre musique et surtout de votre voix subsistait en moi, en particulier L'Aigle noir que je fredonnais souvent sans vraiment connaître les paroles. Dans les année 80, un groupe de rock français dont j'ai oublié le nom fit une reprise de votre aigle noir, j'en étais fan... Au début des années 90, alors que je plongeais dans les raves et que j'achetais mes premières platines, je vous écoutais parfois. Malheureusement , il y a une douzaine d'années , ma mère, comme vous, partit trop tôt. J'achetai alors vos disques, je les écoutais en boucle, cette musique, cette voix me rappelaient... Ô souvenirs. Je compris alors pourquoi le sourire ou les larmes. C'était à mon tour d'être touché au plus profond par vous, cette grande dame que vous étiez Barbara. Ces chansons qui racontaient des histoires... les vôtres, les miennes, les siennes... Vous chantiez l'amour, la vie, la mort, la guerre, avec cette voix si forte et si fragile sonnant parfois comme à la limite de la rupture, emplie de tristesse comme de rage. Votre musique a aussi son importance, un piano seul accompagnant des mots semblant flotter au fil des notes, un violon, une basse, ou bien des morceaux plus complets et rythmés. Mon grand regret est bien sûr de n'avoir jamais eu la chance de vous voir en scène. Voilà, cette musique, cette voix, les souvenirs qu'elles évoquent, font de vous la plus grande dame de la musique. Vous êtes, avec le souvenir qui y est attaché, le symbole de ma " première histoire d'amour " Alors, merci Madame, merci " la Dame en noir "


Manu Le Malin
   ( musicien, DJ )

Lundi 10 décembre 2007 à 7:48


 

 


Clair de nuit  ( Barbara/C.Lara )  ( 1973 )


Au clair de notre nuit,
Des fleurs de lune,
Lunes à la nuit, sont posées.
Tes mains, à mon cou nu,
Comme des algues
Brunes, se sont enroulées,
Comme des algues,
A mon cou nu
Se sont enroulées
Et se balancent.
Notre lit est un voilier
Qui se balance, se balance
Sur l'océan de la nuit,

Mais le voilier chaviré
Dessous la lune,
Lune, dans l'eau, chavirée
Comme deux fleurs de lune,
L'une dans l'autre,
Dans les algues, enroulées,
Comme un torrent
Au fond des mers
Dans l'écume éclatée,
Comme on chavire
Et la chambre est un pays
Où l'on vire, l'on chavire.

Dans l'océan de la nuit,
Au clair de notre nuit,
Des fleurs de lune,
Lunes de nuit, sont posées
Au clair de notre nuit,
Au clair de nous,
Au clair de toi, mon amour,
Au tendre de tes yeux
Presque endormis,

Au merveilleux de tes bras,
A ton sourire,
A ton silence,
Au calme retrouvé.
Ah, on s'endort.
Le sommeil est un pays
Où l'on se retrouve encore,
Dans l'océan de la nuit.

Au clair de notre nuit,
Des fleurs de lune,
Lunes à la nuit, sont posées.
Tes mains à mon cou nu,
Comme des algues brunes,
Se sont enroulées
Dans tes cheveux,
A mon cou nu.

Tous les deux, accrochés,
Ah, recommence.
La voile de notre lit
Se balance, se balance
Sur l'océan de la nuit.
On voyage
Et l'amour est un pays
Où nos deux corps font naufrage
Dans l'océan de la nuit.

Au ciel de notre lit,
Des fleurs de lune,
Lunes à la nuit, sont posées...

Vendredi 7 décembre 2007 à 8:08


 

 

L'Indien   ( Barbara/Barbara )   ( 1970 )


Ne me dis rien
Je n'entends rien
Je ne vois rien
Que m'importe
Je n'écoute pas
Ce que tu me dis
Regarde moi
Tu vois bien que j'ai changé
Il n'est pas meilleur que toi
Il n'est pas plus beau que lui
Il n'y a rien dans sa voix
La clarté de tes yeux gris
Est plus douce et lumineuse
Que le jais noir de ses yeux
Mais je n'y puis rien changer
Il ne faisait pas très beau
Ni même orage ni pluie
Rien ne m'a semblé nouveau
Peut être qu'il m'a souri
Le jour où je l'ai croisé
Il ressemblait à beaucoup d'autres
Pourtant, tout a basculé
Avec lui et pour lui
Mais qui est-il
Et d'où vient-il
Je n'en sais rien
Que m'importe
Il ressemble à beaucoup d'autres
Et pourtant
Si différent.
Quelque chose m'est arrivé
C'est lui, partout où je vais
Que je reste ou que je le fuie
Il me brûle et à la fois
Me tient à l'ombre de lui
J'ai couché bien des nuits

J'ai aimé d'autres que lui
Mais je n'avais rien connu
Avant de l'avoir connu
Il a des cheveux de nuit
Longs et brillants de satin
Que j'aime y glisser mes mains
Il a des cheveux d'Indien
Et le temps de vie qu'il me reste
Le temps qu'il me reste à vivre
O que j'aimerais le vivre, avec lui
Ne me dis rien
Je n'entends rien
Oui, je m'en vais
Tu t'emportes
Il n'est pas meilleur que toi
Je l'aime
Il a des cheveux d'indien
Que j'aime
C'est lui partout où je vais
Je l'aime
Quelque chose m'est arrivé
Quelque chose m'est arrivé
Il n'est pas meilleur que toi
Il n'est pas plus beau que lui
Il n'y a rien dans sa voix
La clarté de tes yeux gris
Est plus douce et lumineuse
Que le noir jais de ses yeux
Et je n'y peux rien changer
Et c'est lui c'est lui
Il a des cheveux d'indien
Noirs et brillants de satin
Que j'aime
Je l'aime...

Mercredi 5 décembre 2007 à 8:15

 


Gens du milieu


(
1969 )


Je suis une privilégiée. J'ai rencontré des gens de tous les milieux, et même du milieu. Ils étaient d'ailleurs extraordinaires. Et, comme j'étais inconsciente et que j'avais une force de vivre assez étonnante, j'allais vers eux tranquillement. Maintenant, j'aurais peur... Mais les gens m'ont toujours épargnée. Pourtant, je me souviens m'être trouvée avec un homme assez dangereux... J'aurais pu me trouver embarquée dans les pires situations. Et c'est celui-là qui m'a dit : " Toi, je ne sais pas ce que tu feras plus tard, mais tu seras quelqu'un ... Aussi, malheur à qui te cherche ! Je ne permettrai jamais qu'on te fasse du mal. Un jour, j'ai cherché à retrouver cet homme qui m'avais aidée. Et l'on m'a appris qu'il était mort.


(
1992 )


Je me souviens de l'un d'eux. Je devais avoir vingt ans; je lui ai demandé de m'engager dans sa boîte comme entraîneuse. J'avais besoin d'argent pour une copine. Entraîneuse, il ne m'y voyait pas, ce monsieur... Alors il m'a prêté cette petite somme ( petite pour lui ) Je lui ai signé une reconnaissance de dette qu'il a déchirée en disant " Toi, tu es quelqu'un ! " Un seigneur. Il y a eu ce monsieur Victor, aussi, qui m'a ramenée de Belgique en auto-stop. En fait, c'était un mac. Il voulait me mettre au travail, à la Villette. Et, devant mon refus, m'a offert du muguet... J'en ai fait une chanson.


Barbara

Mardi 4 décembre 2007 à 8:08


Humanitaire


(
1996 )


Il ne faut pas que la misère soit une mode. Il ne faut pas que l'humanitaire devienne une mode. Moi, je voudrais aussi que dans le quotidien, le type qui est à côté de toi et qui bouffe pas, on le voie... Et parfois, on parle de grandes causes etc... et il y a le type qui crève à côté et ils l'ont pas vu. Ça m'embête beaucoup, ça !


Barbara

Dimanche 2 décembre 2007 à 13:51

 

Pantin   ( Barbara/Barbara )   ( 1981 )


Pantin la bleue, Pantin la belle
Aux grisailles de White-Chapell
Pantin Novembre, presque l'hiver
Les arbres se déshabillent
Et de prairie en champ de blé
Vous avez bousculé le ciel
Vous avez repoussé l'hiver
Et réinventé les étés
Et de rivières en coteaux
De marguerites en champs de blé
De mimosa en coquelicots
Pantin miracle s'est levé
Pantin folie, Pantin vaisseau
Au bout de vos coeurs étoilés
Vous avez planté des soleils
Plus flamboyants que le soleil

Pantin espoir, Pantin bonheur
Oh, qu'est-ce que vous m'avez fait là
Pantin qui rit, Pantin j'en pleure
Pantin, on recommencera

Pantin merveille, Pantin miracle
Oh, mille Pantin étoiles
C'est l'amour dans la lumière
Et pleurs dans leurs doigts, cachés
Pantin folie, Pantin vaisseau
Au bout de nos coeurs étoilés
Nous avons planté des soleils
Plus flamboyants que des étés

Pantin c'est l'heure
Pantin bonsoir
On recommencera demain
Pantin soleil
Pantin merveille
Pantin, Pantin, Pantin

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