La meilleure amie de ma mère, qui fut aussi mon institutrice en maternelle m'initia à l'oeuvre de Barbara. L'été durant lequel est sorti " Dis quand reviendras-tu ? " Dans les années soixante-dix, j'ai chanté à Écluse où elle avait débuté. A la première audition, bien qu'ayant emporté ma guitare pour des raisons pratiques, j'ai émis le souhait de m'accompagner au piano, mon instrument de base. Grand sacrilège ! Personne ne l'avait touché depuis Barbara ! J'ai quand même joué " Wolfgang et moi " et ai obtenu un accord des gens du lieu. La première vraie rencontre avec Barbara se produisit à l'Olympia en 1978. Roland Romanelli a tenu à nous présenter alors que j'étais dans la file d'attente avec les personnalités venues la saluer. Il pénétra dans sa loge afin de la prévenir de ma présence, et là, elle a remonté toute la file pour m'embrasser et me dire " J'aime tellement ce que vous faites, merci, merci de vous ! " Bref, exactement ce que moi je tenais à lui dire ! Lorsque j'ai commencé à réfléchir à mon parcours et au sien, j'ai été étonnée des parallèles qui pouvaient être établis. Nous avons débuté à Écluse, nous avons appris le piano et surtout nous considérions toutes les deux cet instrument comme une personne, le touchant pour savoir de quelle manière " il allait parler " Un jour que j'étais malheureuse, vide, sans inspiration musicale, je lui dis au téléphone : " Le piano ne me parle plus " Elle me répond " Laisse-le bouder, quand il voudra te parler, il te parlera ! " Nous utilisions le même langage... Un jour, je racontais cette anecdote à un journaliste qui l'a retranscrit à sa façon : " Barbara et Marie-Paule Belle considèrent le piano comme un homme et elles le préfèrent avec une grande queue ! " On est vraiment peu de chose, parfois ! Nous avons eu les mêmes collaborateurs : Mine Vergez, notre costumière, Jacques Rouveyrollis, qui a éclairé nos spectacles, Roland Romanelli seul, puis lui et Gérard Daguerre ensemble ! Et tout cela sans que je sache qu'ils travaillaient avec elle au moment où je les choisissais ! C'est incroyable, au point que je me suis dit après coup : " On va penser que j'ai copié ! " Barbara est la seule à avoir su parler d'amour comme elle l'a fait, d'une façon sensuelle, tactile. Quand j'ai eu dix-huit ans, j'ai découvert " Pierre " et ai trouvé cette chanson sidérante : Barbara représentait à mes yeux l'image de la liberté, la liberté dans l'amour, moi qui étais issue d'une famille bourgeoise, catholique pratiquante avec tant de tabous ! L'aspect interdit, défendu m'attirait tellement... Le vendredi précédant son départ, j'étais découragée car je n'avais pas de maison de disque. Barbara s'est mise en colère : " C'est inadmissible ! Qu'est-ce que ça veut dire ? Je vais m'occuper de toi ! " Dix jour plus tard, je signais dans le même label qu'elle ! Je crois véritablement à ce genre de signes, car j'ai le sentiment qu'elle s'est occupée de moi et qu'elle continue de le faire. Moi qui, à l'issue de cent soixante-dix-huit concerts consacrés à Barbara, désire enfin interpréter mon propre répertoire, je n'arrête pas d'être sollicitée pour aller chanter... Comme si Barbara ne voulait pas que j'arrête son spectacle. Avec Barbara, nous avons communiqué par téléphone, par fax, mais n'avons jamais dîné ensemble, comme cela arrive souvent avec d'autres artistes. Et je regrette qu'elle soit partie juste au moment où nous faisions connaissance...
Marie-Paule Belle
Euh, j'préfère Barbara ^.^
et toi ... Bisous ;)