Lundi 30 avril 2007 à 7:37


Avec elle, j'ai réalisé ma première interview. C'était à Royan, pour Radio France, j'avais 23 ans et j'étais pétrifié de peur. J'avais préparé une quinzaine de questions, mais à chacune, elle répondait : " Vous ne voulez pas me parler de la mer " ou " Voulez-vous des huîtres ? " Elle m'a avoué ensuite qu'elle ne répondait jamais aux questions avant son spéctacle. Elle m'a donné rendez-vous après son tour de chant et là, quand j'ai posé ma première question, elle s'est mise à parler pendant une heure. A partir de cet instant, elle m'a toujours suivi et me téléphonait régulièrement, en écoutant mes émissions de nuit, pour me parler des artistes que je passais. Un soir, elle a même débarqué dans le studio, en demandant à rester incognito, et s'est assise dans un coin. Elle avait une oreille très attentionnée pour les jeunes artistes.


Jean-Louis Foulquier
 ( Producteur radio, directeur des Francofolies

Vendredi 27 avril 2007 à 15:28


J'avais pour elle une immense admiration. A ses concerts régnait une sorte de ferveur inhabituelle due a son magnétisme et à son talent unique. Sa voix idéalement musicale, ce " je-ne-sais-quoi " de très théâtral qui émanait de son jeu, tout celà enthousiasmait. Elle ne ressemblait à personne, ni physiquement ni dans sa manière de chanter les textes qu'elle écrivait elle-même. C'était un auteur à part entière. Nous avons perdu Montand, Piaf, Casarès. C'est un peu la fin d'une époque. Nous auront d'autres grands artistes mais jamais plus de la valeur de Barbara.


Suzanne Flon
  ( Comédienne )

Vendredi 20 avril 2007 à 10:59


 En 1970 Rémo Forlani qui la connais bien lui écrit une pièce sur mesure," Madame ", histoire d'une ex-tenancière de maison dans une Afrique imaginaire.Un somptueux décor de luc Simon, des ors qui semblent tendus de toiles d'araignée, des coussins signés Paloma Picasso. On a même habillé le fauteuil à bascule, brocard et plumes d'autruche. Madame élit domicile dans le joli théâtre de la renaissance de Vera Korène. Le texte de Rémo Forlani est drôle et Barbara a fait la musique de jolies chanson d'amour, Madame est superbement costumée de ses peignoirs améliorés de fanfreluches, de bijoux, elle est coiffée, elle est belle... Mais ça ne marche pas ! Cette bête de scène qui tient merveilleusement une scène lorsqu'elle la domine et arpente en dompteuse l'espace qu'elle a crée, la chanteuse qui fascine les foules n'est pas une actrice. Décorée comme un sapin de Noël, enfermée dans un écrin et dans des mots qui, bien qu'écrit pour elle, ne sont pas les siens, ce n'est plus elle, on la cherche, on ne la reconnaît pas, le public est triste. Le spectacle s'arrête après trente représentations. Nous sommes en janvier 1970. Bonne joueuse, elle ne regrette pas l'expérience.


Marie Chaix
  ( Ecrivain )

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