Au moment du procès de la transfusion sanguine, les audiences donnent lieu à de violentes manifestations. Barbara réagit :
- Les militants d'Act-Up bougent..., c'est leur raison d'être, leur vocation, leur courage, le silence c'est la mort. Pendant des années, on s'est tu. Et sur la prévention, sur l'information, on s'est tu ! J'ai entendu souvent : " On va le faire, on va le faire... " Nous avons tous entendu cela. Pendant ce temps, l'épidémie courait, le mal n'attendait pas.
Instant choquants où des familles endeuillées réclament la justice. Procès ambigu où tout ne peut être dévoilé, où la médecine se compromet..., où l'Etat est impliqué. Barbara souffre mais garde la tête froide, elle n'est pas dupe et porte un jugement sans appel au sujet des quatres inculpés.
- Ce ne sont pas quatre personnes..., c'est beaucoup plus. S'il y a eu crime, c'est un crime collectif. Que dire ? Bien qu'on le nie, c'est une grosse affaire d'argent. Pourquoi certains médecins qui soignaient les hémophiles se sont-ils tus ? Pourquoi tant de gens se sont-ils tus ? Je ne suis pas là pour juger. Je ne sais pas qui est coupable, qui ne l'est pas. Il y a toujours des responsables. Ce qu'il y a aujourd'hui, c'est un état de désespérance.
Pas de haine dans les propos de Barbara, mais une révolte constante à une certaine indifférence collective, pour
" ne pas laisser s'ensommeiller les consciences. "
- C'est terrible, il y a comme une lassitude autour du Sida. On ne peut pas continuer à dire " ah, c'est vrai, on a oublié de faire de la prévention, mais aujourd'hui, on vous le dit, c'est une maladie gravissime. "
O sid'assassin
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Qui a mis l'amour à mort
Drôle d'époque ! Les juges d'un tribunal du Sud-Ouest exigent la désinfection de la salle d'audience lorsqu'ils apprennent qu'a comparu devant eux une personne probablement atteinte du sida ! Le maire d'un petit village du Calvados, en 1993, fait murer un puits parce qu'un homme atteint du sida s'y était jeté pour se suicider !
- Où allons-nous vraiment? On a honte d'exister dans ce monde frileux. Ne baissons pas les bras. Continuons à nous battre, comme les infirmières qui sont toujours présentes. Soyons vigilants. Vigiler, c'est ça..., il faut vigiler. A force d'être frileux, ce sera l'hécatombe. Ces morts, ce sont les nôtres. Il ne faut pas cesser d'espérer, il faut rester ensemble, les yeux ouverts.
Malgré les progrès constants, particulièrement fin juin 1997, où le département américain de la santé et un groupe d'experts internationaux émettront de nouvelles recommandations d'utilisation des médicaments anti-VIH, Barbara continue à penser qu'il y a un manque terrible et pas d'information.
- On ne sait pas partout ce qu'est la maladie ; on ne sait pas que certaines infections peuvent être traitées et même prévenues. Il paraît invraisemblable qu'il n'y ait aucun spot aux heures de grande écoute sur les centre de dépistages gratuit. Il paraît invraisemblable que l'on n'ait pas montré comment on met un préservatif. Il n'y a toujours pas de distributeurs de préservatif dans la quasi-totalité des lysées. (...) Certains parents pensent qu'il ne faut pas laisser rentrer l'amour dans les lysées. Mais alors ? Faut-il laisser rentrer le sida ? De même, on connaît l'efficacité d'échanges de seringues. Qu'avons-nous fait ? On va regarder les enfants mourir, c'est ça ?
Extrait du livre
BISOUS!