Lundi 16 mars 2009 à 10:28

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Barbara revendiquait son statue de femme révoltée  : " (...) Tout me met en colère et je tiens à le rester ma vie durant. Plus précisément, la grossièreté, la mauvaise foi, l'injustice, mais ça, c'est plutôt une révolte. Je crois qu'il ne faut pas s'anesthésier. Il faut à la fois être tolérant et " vigiler "  sans arrêt. (...) "  Elle détestait par-dessous tout le " prêt à penser " imposé par la " police culturelle " Pourtant , ayant toujours su considérer sa position dans le paysage de la chanson française avec humilité, elle est demeurée fort tolérante à l'égard des artistes évoluant dans un univers opposé au sien. Ses deux préoccupations essentielles reposant sur le respect de l'humain et la cohérence d'une démarche artistique, elle posait en effet un regard indulgent sur les carrières de Sheila, Vanessa Paradis, ou Elsa. Estimant que ces chanteuses exerçaient leur métier d'une façon différente d'elle, mais avec un égal talent. Pareillement, elle a pu apprécier Johnny Hallyday ou Jacques Brel avec la même ferveur, car ces deux chanteurs on la sincérité en commun. Tout en se montrant méfiante vis-à-vis de certains lions anarchistes dont le rugissement lui semblait truqué. En fait, ce que Barbara détestait avant tout était le manque d'authenticité. En 1969, elle faisait part à la presse belge d'une analyse musicale intéressante  :  " (...) Je préfère mille fois, quelques mauvais yéyés à de faux Brassens ou Brel. Je hais les gens qui pensent que parce qu'ils chantent  " le ciel bleu "  croient faire de la poésie, ainsi que ceux qui se disent intellectuels, je n'attribue d'ailleurs aucune valeur à ce mot. Le public de Johnny Halliday est quelquefois le même que le miens ou que celui de Monsieur Georges Brassens ; je crois aussi que la chanson yéyé nous a fait beaucoup de bien et a permis, à certains d'entre nous, d'exister parce que les gens ont éprouvé le besoin de silence. (...) [ à propos de Léo Ferré ] Je ne veux pas faire d'allusions, mais quelqu'un qui écrit des chansons très humaines et qui ne l'est pas dans la vie, triche avec la vérité et cela, je ne peux pas le supporter. Pour recevoir, il faut savoir donner, sans pour autant jeter ce que vous avez à partager. (...) " Déclarant ce qu'on n'attend pas d'elle, sans doute Barbara se montre-t-elle ici un tantinet provocatrice. Mais il est certain que la prétention ou l'ostracisme culturel ne sont pas son fort  ( rappelons-nous qu'elle a quitté le conservatoire de chant en grande partie parce qu'elle supportait mal d'évoluer dans un milieu élitiste ) En 1987 ( soit presque vingt ans plus tard ) elle tenait un discours du même ordre, empreint d'une ouverture d'esprit, d'un goût pour la modernité et d'une grande modestie : " [ à propos des groupes de rock ] Qui d'autre a poussé la variété française à soigner ses orchestrations, à s'ouvrir à des rythmes plus contemporains ? Quoi d'autre a entraîné les jeunes à se réunir de plus en plus nombreux dans des grandes salles, unis par la même musique ? (...) [ à propos d'elle-même ]  Je n'ai jamais vendu beaucoup de disques, j'existe sur la durée ; je vis mon métier comme un grand luxe, me permettant de refuser des choses, d'attendre, de considérer qu'il y a des silences plus importants que tout (...) "  Ces silences, Barbara a su les utiliser pour écouter les autres artistes, porte-paroles d'un monde en permanente évolution, avec une bienveillance et une curiosité exceptionnelle ( n'oublions pas que, dans le milieu du show business, le chanteur d'à côté est souvent appréhendé comme un concurrent menaçant ) Ainsi encensa-t-elle, par exemple les talents des Rita Mitsouko, William Sheller ou Gérard Manset, en déclarant humblement  : " (...)  J'ai pas du tout la prétention d'avoir le talent d'orchestrateur, moi, j'entend des choses, mais eux ce sont vraiment des orchestres, quoi ! (...) Manset paraît être un homme qui reste fermé, mais il est fatalement à l'écoute (...) moi je reste très fermée sur ma bulle quand j'ai à écrire ou quand j'ai à chanter, je suis repliée comme ça sur mon intériorité, parce que j'ai pas envie de me disperser (...) je crois qu'on se connaît tous, on n'est pas obligés de s'aimer, mais de se reconnaître, parce que c'est tellement particulier ce métier, c'est tellement une chose extraordinaire, moi, je tiens à la différence des gens qui font ce métier, y a des gens que j'aime et que j'aime pas, dans ce métier, je suis pas allée voir beaucoup de gens etc..., mais, je suis à l'écoute des choses, et je sais ce que ça demande d'abnégation, d'amour, d'égocentrisme aussi, de difficultés, de combats pour savoir que jamais je vais te dire du mal d'un artiste (...) je te dirai pas non plus du mal d'un boulanger, mais je te dirai que ses croissants sont moins bons (...) " Et ce n'est pas un hasard si, aujourd'hui, la nouvelle génération avoue avoir puisé son inspiration dans son encre poétique. Le chanteur de Slam, Grand Corps Malade, confie : " Je n'ai pas appris à écrire. Sans doute Renaud, Brassens et Barbara, que mes parents écoutaient beaucoup (...) m'ont aidé à manier la plume " Et Françoise Hardy d'ajouter, au sujet des représentantes de " la nouvelle scène française " : " Aujourd'hui, tout le monde veut chanter. Mais je pense que Barbara allait sûrement plus loin que les nouvelles venues en abordant des thèmes comme " Le Mal de vivre "

Alain Wodrascka
( auteur du livre " Barbara, parfums de femme en noir " )

Par Paskale le Lundi 16 mars 2009 à 19:43
Mais qui ne se sent pas "révolté" dans ce monde!
Mais là où je rejoins Barbara ce sont certains "navets" qui pensent faire de la bonne chanson...

J'aime les propos de Grand corps malade, en fait j'aime beaucoup ce témoignage ^.^

Ah! oui et comme Barbara, les personnes je les aime ou je ne les aime pas. Je n'aime pas la tiédeur des sentiments!

BISOUS
Par repermusiques le Lundi 16 mars 2009 à 22:37
J'aime beaucoup Sheller qui avait fait les orchestrations du disque de Barbara "La Louve" en 1973. J'ai ce 33 trs (et oui ^^) avec aussi quelques uns de Sheller...

J'ai en 45 trs "Il voyage en solitaire" de Gérard Manset. J'ai aussi une partition de cette chanson que j'aime beaucoup jouer...
 

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