Jeudi 12 mars 2009 à 8:41

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C'était en 1956. Le jour, je travaillais dans une entreprise de Ponts et Chaussées à Paris, place Paul Verlaine. Je dessinais aussi, et j'écrivais des pièces, des nouvelles, des poèmes... et des chansons. La nuit, je les chantais parfois à la guitare, de-ci de-là, dans les cafés chantant du Quartier-Latin, à la Colombe, au Port du Salut. Etudiant puis ingénieur débutant, j'allais écouter à La Polka des Mandibules Léo Ferré, à L'Escale Hugues Aufray, à L'Echelle de Jacob Francis Lemarque et Jacques Brel. Et, quand je pouvais me réveiller très tard le lendemain, quand je pouvais me payer une minuscule place au fond de l'ex-bistrot à vins bondé du quai des Grands-Augustins, j'allais à L'Ecluse, à minuit, écouter Barbara s'accompagnant au piano. L'Ecluse était le haut lieu de la chanson  " rive gauche " Jacques Grello " le prince des chansonniers " m'y conduisit un jour pour une audition devant Léo Noël, le chanteur à l'orgue de Barbarie, qui me refusa catégoriquement  " Trop abstrait, trop étrange "  Grello me consola en me disant  " C'est bon signe, il a refusé Brassens "  C'est Grello qui me donna l'adresse de Barbara dont il était amoureux. Stupeur ! Elle habitait un appartement au rez-de-chaussée de la rue Jonquoy dans le XIVème, alors que je nichais dans un petit studio au troisième étage du même immeuble. Nous ne nous étions jamais croisés à cause de nos différences d'horaires. C'est ainsi qu'un samedi après-midi j'ai descendu mes étages pour me retrouver dans son appartement. Aussitôt, je fut saisi par les couleurs, il n'y avait que du noir et du rouge. Du noir, trônait un beau piano tout noir, sur lequel éclatait le rouge d'un bouquet de roses. En plein jour, peu de lumière, volets fermés. Sur scène, à l'époque, elle chantais les chansons des autres, de Fragson ( au destin tragique comme le siens ) au contemporain Paul Braffort. Mais elle s'était mise à écrire des chansons. En auteurs curieux l'un de l'autre, nous nous sommes chanté nos chansons nouvelles. Elle, déjà célèbre au Quartier-Latin, elle qui triomphait tous les soirs à L'Ecluse, moi l'inconnu. Je crois me souvenir qu'elle m'a chanté ainsi, entre autre, Si la photo est bonne. Nous nous sommes écoutés puis accompagnés à l'oreille, elle au piano, moi à la guitare. Elle était déjà tout entière dans ce qu'elle ne fit par la suite que peaufiner, aiguiser, amplifier, exalter, dans son personnage comme dans ses chansons. Le noir de la mort, le rouge de l'amour, le désespoir et l'humour réunis, au cœur de la nuit, en une séduction extrême.
 
Guy Béart

Par jazz le Jeudi 12 mars 2009 à 10:17
bonjour
c'est toujours bien sympathique de venir lire les articles par ici
bonne journée
Par poupoune le Jeudi 12 mars 2009 à 15:40
très beau témoignage ma ptite Babou !! j'espère que tu vas bien !!
gros bisous et bonne fin de journée !!
Par repermusiques le Jeudi 12 mars 2009 à 19:11
J'aime beaucoup Guy Béart !! La vérité, La bombe à neu-neu...

J'avais acheté quelques 33 trs que je réécoute parfois avec plaisir...

Bises
Par Paskale le Jeudi 12 mars 2009 à 19:21
Comme quoi il n'y a jamais de hasard...

J'adore Guy Béart , "l'eau vive" est d'une grande tendresse, et quand Cécilia était bébé je lui fredonnais pour l'endormir!

BISOUS
Par lolo112 le Lundi 11 février 2013 à 22:06
j ai toujours apprecie guy beart mais diable tous les hommes dans ces annees 60 etaient secretement amoureux de BARBARA
Par Code Promo Uber le Samedi 5 septembre 2015 à 20:43
Avez vous un lien pour que je puisse télécharger l'article en PDF ?
Par serrurerie paris 15 le Lundi 7 septembre 2015 à 6:06
Excellent article je vous soutient .
 

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