Elle se rappelle à nous. On la rappelle à soi. Une fois, deux fois, dix fois. Et la dame n'en finit pas de parcourir la scène du Vinci, de sa curieuse démarche animale. Pour dire merci à tout : aux gens qui l'applaudissent, aux " bravos " lancés des travées comme à l'opéra, aux bouquets de roses déposées dans un coin, à la vie qui va, à la musique. Comme ces personnes de contes de notre enfance qui dispensent le bonheur autour d'eux, Barbara fait du bien à qui la regarde, la désire de loin, jusqu'à ne plus faire qu'un mentalement avec elle.
Elle pourrait chanter l'annuaire téléphonique, elle collerait le frisson. Elle pourrait jouer les dédaigneuses, on en redemanderait quand même. Mais comme elle ne fait ni l'un ni l'autre, la jubilation ressentie à l'écouter, à la voir déambuler, se lover dans son rocking-chair, se tourner vers ses musiciens, bouger d'une main, se cacher derrière le piano, est totale.
Joyeuse, délivrée, juvénile, sûre d'elle, si proche et si aérienne à la fois, Barbara balance son univers sur les planches : pas le " boulet " lugubre des années qui passent, mais un paquet de souvenirs, d'élans, de notations, de choses intimes et de parfums qui vous mettent le cœur en émoi, et l'envie de ne plus bouger du fauteuil. De rester là, à flâner dans Göttingen, ou rue de la grange aux loups. A espérer " Christine si belle dans son jupon blanc ". Et à pleurer discrètement en attendant que Madame revienne...
Comme chantait Léo Ferré, "Il n'y a plus rien"... Ou presque... La médiocrité est majoritaire & cela plait... C'est lamentable mais ainsi...
Bonne journée aussi !!