Jeudi 5 juin 2008 à 11:02

 


Le musicien rencontre Barbara au milieu des années 60. C'est le début d'une longue collaboration  :  Michel Colombier signera ses orchestrations de 1966 à 1972. Début aussi d'une longue amitié, que le départ de l'arrangeur pour les USA ne viendra pas émousser...
Nous nous sommes rencontrés à un Gala de l'Union des Artistes, à l'Opéra de Paris. Barbara y chantait   " Yesterday "  des Beatles, allongée sur la scène, devant un piano d'enfant, et accompagnée par un choeur en robe de bure...  C'est après ce spectacle un peu particulier qu'elle a voulu que l'on travaille ensemble. A l'époque, l'un de ses arrangeurs lui avait dit que ses chansons n'étaient   " pas carrés "  Elle voulait donc que j'y mette de l'ordre, se que j'ai refusé. Ses chansons étaient parfaites telles quelles, je n'avais pas à y toucher. Qu'il y ait un temps en trop ici, ou un temps en moins là, peu importe. L'oeuvre de Barbara est très personnelle, on n'a pas à y insuffler des considérations scolastiques. On a juste à la servir. Le talent de Barbara est inclassable, incomparable. On ne peut pas comparer Barbara à Gainsbourg, comme on ne peut pas comparer Brel à Brassens...  Ils étaient tous monstrueusement doués. Je retrouve d'ailleurs des points communs dans leur façon de travailler  :  le même amour, la même joie quand on arrive au résultat escompté. Pour moi, ce fut une collaboration merveilleuse. Barbara me laissait carte blanche. En général, elle était toujours d'accord avec ce que je lui proposais. Avec elle, j'ai des souvenirs étonnants. Un jour par exemple, il lui manquait une chanson pour boucler un album. Elle a fouillé dans ses tiroirs et en a sorti un vieux titre, qu'elle jouait un peu à la façon de la sonate au clair de lune de Beethoven. Pierre, son chauffeur, m'a apporté la cassette, m'a regardé droit dans les yeux et m'a dit  :  "  Il faut que vous en fassiez un tube. La patronne en a besoin ! "   Évidemment elle ne lui avait rien demandé mais il l'aimait tellement...  J'ai fait les arrangements sans imaginer ce que la chanson allait devenir  :  c'était  " L'Aigle noir  "...  Barbara était une femme extraordinaire. Elle était très humaine, très proche de nous, dans les bons moments comme dans les autres. L'un de mes fils, Emmanuel, est mort à l'âge de cinq ans. C'est elle qui s'est occupée de tout. Elle est venue ranger ses vêtements, pour soulager ma femme. Elle a rempli les formalités. Elle a choisi le cimetière, à Bagneux, pas loin de sa propre mère... C'est d'ailleurs là qu'elle est elle-même enterrée. Après mon départ de France, nous avons retravaillé ensemble en 1981, pour son album Seule, puis en 1986, à New York  :  il y a eu un grand événement culturel au Métropolitain Opéra, et Baryshnikoff qui l'adorait  ( il a appris le français en écoutant ses disques ! )  voulait absolument qu'elle y chante. Elle est venue. On s'est retrouvé dans la même harmonie que vingt ans plus tôt...  Au fond, c'est toujours facile de travailler avec les gens qu'on aime. Et je l'aimais. C'était une très grande artiste.

Michel Colombier

Par pilgrim.II le Jeudi 5 juin 2008 à 19:08
Magnifique photo!
Oui c'est toujours facile de travailler avec les gens qu'on aime!
Femme inclassable et incomparable comme il est dit dans le texte!

Admirable témoignage !

Bisous de moi à toi !
Par Etre le Dimanche 8 juin 2008 à 21:02
Très beau piano !!

Des bisous :)
 

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