Jeudi 27 mars 2008 à 8:01

 


Le paradis, le vrai, elle faillit s'y retrouver pour de bon une nuit de 1974 où, lasse de rôder de piano en piano, elle voulait enfin dormir. Chaque fois qu'elle ouvrait l'oeil, elle tendait une main tâtonnante vers une de ses multiples boîtes, oubliant qu'elle avait déjà fait ce geste peu avant... Au petit matin, cela faisait une dangereuse somme de comprimés. Je ne sais qu'elles fées veillaient au bord de son lit mais l'une eut la bonne idée de téléphoner au hasard :  " Je suis Barbara, je ne vais pas bien "  et la chance de tomber sur un insomniaque efficace qui convoqua illico les pompiers et la maréchaussée. Ce n'était pas la première fois qu'elle se mélangeait dans ses pilules, cela faillit bien être la dernière. Avec le sens de l'ironie qu'on lui connaît, elle préféra en rire... en chanson et ce fut  " Mes insomnies "
Mourir ou s'endormir, ce n'est pas du tout la même chose.
Pourtant, c'est pareillement se coucher les paupières closes.
Une longue nuit, où je les avais tous deux confondus,
Peu s'en fallut, au matin, que je ne me réveille plus.


Mais au ciel de mon lit, y avait les pompiers de Paris.
Au pied de mon lit, les adjudants de la gendarmerie.
Ô Messieurs dites-moi, ce que vous faites là, je vous prie.
Madame, nous sommes là pour veiller sur vos insomnies.
A voir tant de gens qui dorment et s'endorment à la nuit,
J'aurais fini, c'est fatal, par pouvoir m'endormir aussi
Mais si s'endormir c'est mourir, ah laissez-moi mes insomnies.
J'aime mieux vivre en enfer que dormir en paradis.



Écrire la chanson ne suffit pas à la guérir de ses insomnies mais la décida sans doute à mieux compter ses prises de comprimés... Toujours est-il que Précy et la vie à Précy semblent avoir adouci le  " mal de vivre " récurrent dont elle souffrait si amèrement dans les années soixante. Et pourtant... Le plus doux jardin embaumant les roses finissantes, le plus beau ciel d'ambre sur le toit et les murs de son refuge ne vaudraient jamais les petites maisons qu'elle s'inventait à l'ombre des scènes, au creux des coulisses ou dans des roulottes. Errante au fond de l'âme, gardant les traces d'un passé d'exil, de plaines traversées, de voyages datant d'avant la naissance, elle redeviendrait nomade, contre toutes les fatigues, si la vie l'y appelait. A défaut de tournée sans fin, elle naviguait entre Précy, où elle s'était bâti son théâtre, et les théâtres, où elle refaisait ses maisons.

Par meryame le Samedi 29 mars 2008 à 14:42
Heureusement en effet que c'était un insomniaque qui lui a répondu!!!
... Mais elle est morte de quoi en fin de compte???
Gros bisous
Par pilgrim.II le Dimanche 30 mars 2008 à 11:21
Le sommeil... Une petite mort !

;) <3
 

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