Souviens-toi Barbara
Coller à l'événement n'est pas la préoccupation majeure de la rédaction de l'Itinérant. Car combattre la misère et l'exclusion requiert du recul et de la persévérance. C'est un travail de tous les jours, un travail de longue haleine. Pourtant cette semaine, nous faisons une exception pour une femme exceptionnelle. Bien qu'elle soit morte et enterrée la semaine dernière, Barbara la chanteuse mérite notre modeste hommage. Il ne s'agit pas de décortiquer ou de rendre compte de l'immense talent d'artiste et de poète qu'elle fut. D'autres l'ont fait et le feront mieux que nous, mais de parler de la femme de coeur qui était derrière le personnage public. Monique Serf qui porte le nom de Barbara, cette dame brune toujours vêtue de noir n'a jamais été grisée par la gloire. Elle fut discrètement de tous les combats. celle qui fut plongeuses au tout début de sa carrière au cabaret " La Fontaine des Quatre Saisons ", faute d'y pouvoir chanter n'a jamais oublié les exclus ou les pauvres. Il y a six ans, ayant entendu parler d'un projet d'aide aux sans abris, elle n'hésita pas à envoyer un chèque conséquent tout en exigeant la discrétion comme condition de sa participation. Elle savait reconnaître la détresse d'autrui et son mal de vivre qu'elle traduisait dans ses chansons. " Ça ne prévient pas, ça arrive, ça vient de loin, ça s'est traîné de rive en rive, la gueule en coin " Lors de l'apparition de la terrible épidémie du sida, alors qu'il n'y avait que peu de structures d'accueil des malades, alors que le combat contre ce fléau mobilisait peu de monde, Barbara était déjà aux côtés de ces condamnés a mort potentiels. L'auteur de " l'aigle noir " avait même ouvert une ligne téléphonique pour que l'on réponde jour et nuit à leur détresse. La lutte contre la peine de mort fut aussi son combat a travers son engagement personnel. La lutte contre le racisme fut aussi son combat. A son dernier concert donné au théâtre du Châtelet, elle avait tenu a ajouter " Lily " la chanson de Pierre Perret, qui est selon elle " La plus belle chanson antiraciste " Tous ces combats, Barbara les a menés dans la discrétion, là où d'autres auraient voulu en tirer des dividendes. Si Barbara paraissait cabotine dans des lieux où elle chantait et où le beau monde se côtoyait, elle n'hésitait pas, sans tapage et sans publicité à chanter aussi pour les gueux dans des banlieues des villes dortoirs ou peu d'artistes se hasardent. " J'ai peur mais j'avance quand même " disait-elle. Avec elle, le combat contre la misère et l'exclusion a avancé, mais il a perdu l'une de ses meilleurs alliées.
Merci tout simplement Madame Barbara pour votre engagement. Nous aussi on a envie de vous dire :
" Notre plus belle histoire d'amour c'est vous ! "
L'itinérant (Journal de rue sur Paris et régions parisienne)
( 1,40 euro est versé au revendeur : un geste qui permet d'aider une personne en situation de précarité )