Pendant vingt ans, Barbara et moi fûmes unis par une amitié très spéciale : nous pouvions passer six mois sans nous voir, ni même communiquer au téléphone. Lorsque nous nous retrouvions, c'était comme si nous nous étions quittés la veille au soir. Une jour, alors que nous dînions ensemble, quelqu'un vint à notre table pour me faire mille compliments. Barbara portait ses lunettes noires, incognito, et le fan ne l'avait pas reconnue. - " Vous connaissez ma femme, bien sûr ? " dis-je alors. - " Je ne savais pas que vous étiez marié, monsieur Brialy... " - " Je vous présente mon épouse, Barbara Brialy. " Lorsque l'homme nous quitta, nous éclatâmes de rire. Cette plaisanterie perdura longtemps. Lorsque je lui téléphonais dans un hôtel, je demandais souvent à la réception : " Barbara de la part de son mari " Quand je l'avais enfin au bout du fil, nous riions comme des bossus. Elle aimait beaucoup ce genre de plaisanterie et appelait souvent le théâtre des Bouffes-Parisiens en imitant Mireille Mathieu. Lorsque je devins directeur de théâtre, elle demanda à mon compagnon de lui donner une idée de cadeau susceptible de me faire plaisir. Bruno qui me connaît bien, lui répondit qu'un simple mot d'amour serait sans doute ce qui me toucherait le plus. " J'avais pensé à une plante, pour Monthyon " lui dit-elle alors. Et Bruno d'acquiescer à cette bonne idée. Le lendemain, devant le théâtre des Bouffes- Parisiens, m'attendait un superbe arbre de trois mètres cinquante qu'on ne put bien évidemment pas faire entrer dans le théâtre, et que l'on dut transporter au plus vite jusqu'à Monthyon en semi-remorque ! Barbara était ainsi, fantasque, baroque, sans le moindre sens des réalités. Un jour, elle m'invita à dîner chez elle. Elle souhaitait me faire partager ses talents de cuisinière. Je tremblais à l'idée de ce qui m'attendait, sachant parfaitement que Barbara ne savait pas même préparer des oeufs au plat, et que son régime était quasi exclusivement constitué de cornichons et de Zan ! Elle me rassura en me disant qu'elle se donnerait du mal, et que le repas serait délicieux. J'arrivais donc à l'heure fixée dans son duplex, porte de Saint-Cloud. Elle m'ouvrit la porte en déshabille de dentelle noire. Le repas fut tout bonnement immangeable. Elle ne mit pas longtemps à se rendre compte de son échec et s'empressa de téléphoner à un restaurant commandant un plateau de fruit de mer. Mais, attention, pas le petit plateau de fruit de mer normal ! On nous livra un plateau de près de deux mètres de diamètre, où des légions d'oursins, d'huîtres, de bulots et d'autres créatures marines se pressaient. Elle fit d'un seul et unique oursin son festin du soir et, malgré ma bonne volonté, je ne pus venir à bout des soixante-quinze autres ! Charly Marouani, son imprésario et surtout son ami, en recevant la note, lui demanda pour qui elle avait fait ce dîner de quinze personnes !
Jean-Claude Brialy ( Comédien )
En tous cas je l'ai vu Brialy, au supermarché quand j'avais 10 ans, il m'a poussé avec son cadie d'ailleurs, ^^".