Elle seule devait avoir le droit de le révéler en dénonçant " l'humiliation faite à l'enfance " Elle le fit, même si elle n'emploie pas le mot " inceste " dans les Mémoires. Saura-t-on d'ailleurs jamais l'étendue exacte de ce qu'elle a écrit ? Il peut aussi s'agir d'une pudeur extrême. Si elle ne s'était pas absentée si brutalement, à un moment où elle avait si peu envie de quitter son jardin et ce monde, si elle ne nous avait pas laissés en face de confessions inachevées, de quelle façon aurait-elle répondu aux journalistes à la sortie du livre ? Peut-on l'imaginer ? Se serait-elle retranchée derrière ses volets clos ? Je ne crois pas. A soixante-sept ans, elle avait décidé de parler, en son nom, sans musique, sur des mots durs, sans costume de scène, en toute vérité. Autrement dit, avec la générosité qu'on lui connaissait, avec le courage et la détermination qui dictaient toutes ses prises de position, on peut penser qu'elle aurait défendu utilement la cause de ces " enfants humiliés " dont elle avait fait partie. La blessure indélébile est pourtant restée secrète jusqu'à devenir un aveu posthume, des mots dans un livre. Jamais une chanson spécifique ayant trait à ce drame, seulement des allusions très voilées dans quelques chansons, si voilées qu'elles ne firent que renforcer le " mystère " qui vibrait comme un halo trouble autour d'elle et que tant de curieux auraient voulu percer. " Après " bien sur, clés en main, il est facile de tout expliquer. Remercions-la d'avoir été, jusqu'à la limite de sa vie, clairvoyante envers elle-même comme elle l'était avec les autres et d'avoir su trouver, au bout du chemin, les mots pour dire l'indicible. De nous avoir ainsi épargné les indiscrétions rapaces.
Et pis les vautours ne s’en régaleront pas , elle aura dit son "inexprimable" vérité !
Chut!
Maintenant nous savons !
bisous de Moi à Toi!