En 1993, Christophe Martet le président d'Act Up rencontre Barbara. A cette époque, la France était encore dans le déni de la maladie, alors que nous étions le pays le plus touché d'Europe. Le sida restait un sujet tabou, et la mobilisation des artistes n'en était qu'à ses balbutiements. Quand à Barbara, nous savions qu'elle menait des actions de son côté, qu'elle allait dans les hôpitaux et les prisons...Mais nous n'en savions pas davantage. De cette première conversation Christophe Martet garde un souvenir un peu confus. " Elle parlait beaucoup, elle parlait très vite, elle disait qu'on faisait un travail formidable, qu'elle voulait nous soutenir concrètement, mais qu'elle ne savait pas trop comment. Je lui ai dit que le plus efficace, c'était de nous envoyer de l'argent. Alors, on a commencé à recevoir des dons de sa part. Des dons importants. Et, de temps en temps, elle envoyait un fax au bureau : < Bravo, je vous soutiens, continuez ! > Pour la soirée au Palace elle enregistre un texte inédit, Le couloir sur l'hôpital. Dans l'ultime album de Barbara, Le couloir devient une chanson mise en musique par Jean-Louis Aubert. " Ils ont tous les deux voulu donner les droit à l'association." J'ai donc pris rendez-vous chez l'agent de Barbara, Charley Marouani, pour signer les papiers. Barbara est arrivée, accompagnée de son assistante. C'était la première fois que je la voyais. Elle était très grande, habillée en noir, des lunettes fumée et une espèce de boa autour du cou. Tout est allé vite : on a signé, et on l'a raccompagnée jusqu'à sa voiture. Je la revois assise, vitre baissée, nous dire à quel point Act Up était utile. Et surtout elle répétait : < Bougez-moi tout ça ! Bougez-moi tout ça ! > Une fois l'album sorti, les droits se mirent à tomber dans la cagnotte d'Act Up : aux alentours de deux cent mille francs par an, somme considérable pour une association ! " Barbara, c'est l'artiste qui a le plus contribué à notre lutte, et nous en sommes très fiers. Elle avait une vraie légitimité, un engagement personnel. Beaucoup se contentent de signer un chèque de temps en temps, quand on les sollicite, et de passer à autre chose...Elle, elle allait beaucoup plus loin, sans qu'on lui demande quoi que ce soit. Tenez : l'un des anciens présidents d'Act Up, Clews Vellay, mort du sida à l'âge de trente ans, nous a raconté qu'un jour, dans sa chambre d'hôpital, il a vu débarquer Barbara. Elle venait là en toute discrétion pour soutenir les malades. " Clews Vellay n'est pas le seul à avoir reçu la visite surprise de la chanteuse : durant plusieurs années, Barbara s'est rendue régulièrement dans deux ou trois hôpitaux parisiens afin d'y rencontrer ces " sidamnés " qu'elle chantait sur scène. Faut-il s'en étonner ? " Je l'ai dit dans mes chansons : il faut être là quand les gens s'endorment, pour les accompagner " rengaine de toute une vie. Elle disait aussi : " Dans les hôpitaux, j'ai vu des malades solitaires qui appréhendaient de prévenir leurs familles. [...] J'ai vu des hommes et des femmes mourir en colère. [...] Je les ai vus partir, et je ne pourrai jamais oublier. " Que leur racontait-elle ? Cela leur appartient. Ce que l'on sait, c'est qu'elle se tenait toujours auprès des plus seuls et des plus rejetés. Et qu'elle n'hésitait pas à leur donner un numéro de téléphone, à Précy, pour qu'ils puissent l'appeler s'ils en avaient envie, à n'importe qu'elle heure du jour ou de la nuit. " J'ai toujours essayé de parler d'amour : il m'a paru évident de parler du sida qui, est un grand mal d'amour."
A t ~elle manqué d'amour au point d'en donner autant!!!
Je que je sais c'est qu'elle le distribuait si bien, et sans retenue!
comme toi ;)