Jeudi 31 mai 2007 à 9:10



( Suite le l'article de Télérama )

 


Les dizaines de l'Ecluse sont devenues des milliers à se regarder dans sa glace. A Bobino, à l'Olympia, à Pantin, à Mogador, au Châtelet, à Tours ( où elle a donné son dernier spectacle, le 31 mars 1994 ) ailleurs, partout. Tous ont rendez-vous avec elle. " Je ne la connaissait pas bien, je la connaissait par coeur. " dit ce soir une voix au téléphone. " Barbara, c'est profond, violent, amoureux. Ses chansons ont sous-titré nos vies. " Du Temps du lilas à Septembre, d'amoureuse à La solitude, Dame brune ou Soleil noir, La louve ( escortée par Sheller ), Lily Passion ( avec Depardieu ) Femme piano... Elle ne livre pas sa vie en pâture, elle offre en partage ce qu'elle sait de nous, ce qui d'elle et de nous se ressemble. Ce qui nous rassemble, singuliers et semblables. Hommes, femmes, hétéros, homos, fidèles, nouvelles et nouveaux amoureux, dès l'orée du spectacle l'applaudissant debout, le rideau une fois baissé chantant en coeur pour qu'elle revienne, et souvent elle revient, après. Pas avant, jamais. " Après le spectacle, d'accord. Après tout se que vous voudrez. La scène en tout cas pour moi, c'est une choses inexprimable. " Au temps des concerts, elle rôde, longuement, dans le théâtre vide, seule. Elle est arrivée à l'heure des camions, déambule sur le plateau, se balance dans son rocking-chair. Elle a loué une chambre d'hôtel d'à côté, d'en face, ou s'est fait bâtir une loge tout près de la scène. " J'ai besoin d'habiter l'endroit où je vais chanter et d'y être préservée de toute agression extérieure. Je me dis qu'on va se faire la fête pendant deux heures et que, puisqu'on n'est pas venus uniquement par générosité, on va se faire plaisir aussi, donc il ne faut pas rater ça. Alors je m'épargne. Je fais fermer les coulisses. Je suis comme un loup. Plus tard, " ses hommes " la rejoignent ( " C'est fou comme ils sont heureux, / Mes hommes / Quand le son du piano noir résonne..." A la direction musicale et aux claviers, Gérard daguerre, à ses côtés depuis Pantin, ils se comprennent sans rien dire. Aux synthés, Jean-Louis Hennequin. A l'accordéon, Joss Baselli, Roland Romanelli, Sergio Tomassi ( et Richard Galliano, pour Lyli Passion, en 1986, et l'album studio de 96 ) Mahut aux percussions, pour Mogador, et cet ultime album... Ils sont proches. Jamais trop. Elle leur sourit, les défie, les frôle. C'est le jeu consenti de la conquête. Elle les respecte comme ils la respectent, elle. Farceurs parfois, elle autant qu'eux; indépendant; soudés pourtant, pour l'essentiel, pour la musique. Ils sont prêts. La rumeur du public enfle comme une vague. Elle y va. " J'ai peur j'avance... "Elle s'élance. Une danse oblique, de longues enjambées, elle paraphe l'espace, l'emplit de sa silhouette graphique. Tête rejetée en arrière, mains offertes, immenses au bout des poignets fins. Immobile soudain, ou le corps chaviré. Les bras qui enlacent et s'envolent. La voix s'élève. Mezzo brisé ou ondoyant. Un cri, une caresse, une malice. Un silence. C'était cela, sa vie, son chant : aller vers le silence. Non celui de la mort, mais celui du compris, de l'accompli. A propos de sa bataille, du sida : " Un abruti m'a dit un jour que je menais cette action parce que j'étais morbide. Mais moi, je hais la mort ! Justement, c'est pour ça ! C'est le goût de la vie qui me fait agir " Elle a chanté dans des prisons, accompagnée quelquefois d'un spécialiste du sida. Elle s'est rendue, jusqu'à ce que les forces lui manquent, dans le service spécialisé d'un hôpital. Un aumônier s'étonnait : " Mais qu'est-ce que tu leur dis, aux malades ? -- Je dis pas, moi, j'écoute " A Précy, jour et nuit, une ligne leur était ouverte. Elle écoutait. Elle écoutait aussi d'autres voix. Nous appelait : quel chanteur, qu'elle chanteuse à découvrir ? Rappelait : elle avait aimé, voulait en savoir plus, le disque d'avant, le suivant, les concerts ? " J'ai envie de dire aux jeunes artistes : il faut écouter son désir; et ne jamais le perdre. Et puis être intransigeant; et vigilant; garder le goût de la fête et du partage. " Son dernier disque, sorti en novembre dernier, tous les musiciens étaient venus le travailler chez elle, dans la grange dont elle avait fait un théâtre pour les chansons à naître -- les concerts répétés ici naguère, c'était fini. Daguerre, Mahut, Hennequin, Jean-Louis Aubert, Richard Galliano, Eddy Luoiss, Didier Lockwood... Rendez-vous avec l'exigence, son maître mot. Fête rieuse. " Un très beau partage. Un moment magique. Une liberté totale de choix, et de rencontres. Comme toute ma vie "

 


( Télérama )

Par pilgrim.II le Jeudi 31 mai 2007 à 10:21
Elle donnait et avait de l'amour pour tout le monde, quel qu'il soit!!

Pògs ;)
 

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