Samedi 26 mai 2007 à 8:08

 
Les bras grands ouverts


Là première fois qu'elle a ( officiellement ) lâché le piano ? La légende nous dit que c'est en 66 à Bobino, pour la création de " Ma plus belle histoire d'amour " " J'ai eu envie de me lever, sans que je m'y attende. Je me sentie parfaitement bien " Elle y prit goùt. Année après année, théâtre après théâtre, la chanteuse n'a plus cessé de quitter son refuge pour occuper la scène, devant, derrière, à gauche, à droite. Timide chrysalide devenue papillon virevoltant. "Bête de scène , " écrira même la presse. C'est ce corps libéré que l'on se rappelle aujourd'hui. La Barbara qui parcourait la scène à grandes enjambées, de sa " démarche de chat " ( Béjart ) On la voyait trouver refuge auprès des musiciens, mêler ses mains à celles de Romanelli ou de Daguerre sur le clavier du synthé. On la découvrait assise dans le grand fauteuil à bascule, tout droit venu de Précy, tant elle aimait se sentir sur scène comme chez elle. A Mogador, en 90, elle se laissait même aller à quelques pas de danse, légers, gracieux, tandis que les lampions multicolores descendaient des cintres. Que de chansons tout en mouvements ! Elle levait un bras au ciel, se cachant le visage de l'autre main, pour chanter " Ma plus belle histoire d'amour " Elle se jetait à la renverse sur le piano, fourbue de fatigue et d'amour, sur les trois temps de la " Valse de Frantz. " Aux notes finales de " Sid'amour à mort " elle poussait un cri -- déchirant -- et tournait autour de l'instrument comme un fauve en cage. Elle concluait " Le mal de vivre " en s'avançant vers le public, bras grands ouverts, comme pour mieux l'étreindre. Les gestes lui venaient ainsi, spontanés, dans la fièvre du récital. Elle les conservait, tant qu'ils lui paraissaient justes. Quand ce n'était plus le cas, elle passait à autre chose. Elle jurait en tout cas n'avoir rien prémédité. Théâtrale, elle l'était, évidemment... Mais dans ses spectacles, il y avait surtout une énergie à renverser des montagnes, qui l'étonnait elle-même. La femme, à qui les médecins avaient interdit de monter sur scène, balançait deux heures de récital sans aucun répit, avec la grandiloquence du geste et la force de l'interprétation, avant de s'éffondrer en coulisses. " C'est moi et ce n'est pas moi. C'est mon corps et ce n'est pas mon corps. C'est une voix, et ce n'est pas ma voix. C'est une force qui me pousse et qui m'anime " ( Extrait de Lily Passion ) Il y avait sûrement de la transe dans cet état-là. Le public aussi s'en trouvait transcendé. Car Barbara menait sa barque ( scénique ) avec une intelligence très aiguë : " Le succès n'est jamais acquis. Il faut le gagner chaque soir. Chanter, c'est aussi parfois un combat, un exercice de domptage. Il y a ceux qui ne veulent pas vous aimer, souvent par pudeur. Il faut aller les chercher, dans leur coeur... " Alors, elle déployait tout son art, toute sa conviction, toute son énergie, toute sa force pour les amener dans son univers. Elle échouait rarement, presque jamais " C'est inexplicable ce mystère. Ce miracle de scène. " En 78, à l'Olympia, on ne casse pas les sièges mais on entend la foule se déchaîner : " Barbara, on partira pas !... " Trois ans plus tard, en 81, sous le chapiteau géant de Pantin, près de trois mille passionnés se mettent à chanter à tue-tête et hurlent quand elle annonce son départ : " non ! " La foule s'accroche au rideau, de peur qu'elle ne revienne plus, s'étonne alors " le Matin de Paris " qui conclut : On a rarement vu autant d'enthousiasme, autant d'amour, dans une enceinte de spectacle.


Valérie Lehoux
  ( Journaliste )

Par pilgrim.II le Samedi 26 mai 2007 à 22:49
Ce sont les Grecs qui nous ont légué un des plus beau mot de notre langue : le mot " enthousiasme" - du grec “en théo”, un Dieu intérieur!
Hi! Hi! Ne pense pas que j'ai la science infuse , mais je l'avais lu quelque part , un jour et j'avais trouvé cela "charmant"! Voilà c'est fait je l'ai "casé" dans ce commentaire pour dire que le Dieu en Barbara était "vachement " fort et qu'elle avait un si grand enthousiasme que personne ne résistait a son charisme! et ne me demande pas si "charisme" ça vient du latin ou du grec, j'en sais rien Hi! Hi!

"Bisos" du gréco latino bisous ^^
Par Antalie le Lundi 14 décembre 2015 à 12:16
Très touchant, merci !
Par Lodini le Mardi 22 décembre 2015 à 13:22
Magnifique article, bravo :)
Par FlorentLacombe le Samedi 29 avril 2017 à 15:17
Un grand merci pour votre edito
Par FrancisGuitard le Samedi 10 juin 2017 à 21:35
Quel edito surprenant, je vous remercie pour le travail qui requiert de l’investissement !
Par Jacky Peltier le Dimanche 18 février 2018 à 14:25
Bravo par rapport à votre immense travail
Peut-être que j’aurai apprecié d’avantages de petits détails
Par Berthine Richer le Mardi 17 avril 2018 à 20:13
Excellent job, merci beaucoup pour ce boulot
Par Elyna Prou le Mercredi 29 août 2018 à 8:06
Merci beaucoup pour ton edito
Par Rita Rodes le Jeudi 25 avril 2019 à 18:17
Un grand merci pour cet ecrit
Par Firmine Lavaud le Samedi 22 juin 2019 à 5:13
Vous faîtes de l’incroyable job
 

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