Mercredi 23 mai 2007 à 11:59



A l'Olympia, en 1969, avec Maurice Béjart.

 


Maurice Béjart :
" Nous étions comme frère et soeur "


On n'a pas beaucoup entendu Maurice Béjart à la mort de Barbara.Trop " heurté " trop peiné, pour raconter leur amitié. Car depuis qu'ils s'étaient découverts, au milieu des années 60, ils ne s'étaient plus quittés. Ces deux-là s'adoraient. Comme ils adoraient se voir -- l'un et l'autre -- sur une scène.


"J'ai beaucoup de mal à parler de Barbara. J'ai tellement de souvenirs avec elle. Tellement de voyages, de découvertes, d'aventures...Elle était plus qu'une amie. Elle était une soeur. Entre nous, ce fût un coup de foudre. Une reconnaissance immédiate, comme deux jumeaux qui se découvrent. On se sentait identiques. On avait les mêmes goûts, les mêmes pensées, les mêmes attraits. Barbara, c'est une énorme part de moi-même. Comment parler d'elle sur scène ? C'est simple, elle y existait. Elle y était chez elle. Du reste, sa vie se passait comme ça : de Précy à la scène, et de la scène à Précy. Elle s'était créée un univers mythologique qu'elle vivait avec toute sa passion, toute son authenticité. En 90, j'avais un spectacle à l'Opéra tandis qu'elle chantait à Mogador. Tous les jours, je passais l'embrasser. Elle avait installé une espèce de tente de bohémienne dans les coulisses. Et elle y était dès 10 heures le matin, déjà presque prête à chanter ! Au fil des ans, elle s'était mise à beaucoup bouger sur scène. Une envie qu'elle portait depuis très longtemps. Quand nous avons tourné " Je suis né à Venise, " dans les années 70 ( un film mi-fiction, mi-réalité ) Elle y dansait déjà d'une façon extraordinaire, fascinante. Un jour, elle a débarqué à l'improviste deux heures avant l'un de mes spectacles. Il y avait un piano, elle s'est mise à jouer. Les danseurs se sont arrêter de répéter, se sont assis autour d'elle, et l'ont écoutée. A 20 heures, le directeur du théâtre est arrivé affolé, en disant : " la salle est pleine, pourquoi on ne commence pas ? " Tout le monde était resté subjugué devant Barbara. Elle a souri et elle est repartie dans sa voiture : " mon amour, je me sauve... " Une autre fois, elle était venue assister à une audition de danse et de chant. Elle était au fond de la salle, avec ses grandes lunettes et son chapeau, personne ne l'avait reconnue. Une candidate a interprété l'une de ses chansons. A la fin, Barbara s'est levée, elle a enlevé ses lunettes et lui a dit : " bravo mademoiselle, c'était formidable " Et la jeune fille s'est évanouie ! Jusqu'au bout, nous sommes restés très liés.Nous discutions de ses mémoires, elle me faxait chaque matin ce q'elle venait d'écrire. Il y a moins de deux ans, on lui avait aussi proposé de jouer La Callas au théâtre. Je le lui ai déconseillé. Un mythe n'en incarne pas un autre. Et Barbara était un mythe. Elle était une femme unique. D'une intégrité, d'une exigence envers elle-même, d'une volonté extraordinaires. Deux semaines avant de mourir, elle m'avait envoyé une feuille de carton. Dessus, il y a trois mots, écrits au feutre : " je t'aime " La feuille est au mur, dans ma chambre. Je la garde tout le temps devant moi. "


Maurice Béjart
  ( Chorégraphe )

Par pilgrim.II le Mercredi 23 mai 2007 à 16:25
Je n'aime pas le terme "comme frère et soeur", on ne choisit pas sa famille et encore moins son frère ou sa soeur, je préfère dire de quelqu'un qui me ressemble qu'il est mon miroir!
C'est vrai qu'on croise, parfois une âme qui répond : " moi aussi" et soudain une vérité , un complément , une rencontre ... Et c'est bien!






 

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