Un bonheur, un départ, une nuit blanche d'amour ou de solitude. Une rencontre, une absence; une colère ou un rire d'enfant. La vie. Dans tous ses instants, tous ses tourments, tous ses émerveillements. La vôtre, la nôtre, la sienne. Dans le miroir qu'elle nous tendait, toutes ces choses qui nous ressemblent. Barbara se racontait, et chacun s'y retrouvait. Fragile et forte, lointaine et proche, discrète et impudique. On a tout dit sur elle. Le vrai comme le faux, le meilleur comme le pire. Et pourtant... Elle ne fut ni la mystérieuse ni la désespérée que certains se sont plu à décrire. Elle était une amoureuse, une combattante de la vie. Une femme qui allait dans les hôpitaux voir les malades qu'on ne visite plus. Qui allait dans les prisons voir ces détenus qu'on ne désire plus. Une femme qui s'enflammait, se battait, aimait, chantait. Et qui vous décochait en pleine poitrine son rire merveilleux et sonore. Barbara avait tout compris. A des années-lumière du reste de la mêlée. La diseuse de nos âmes chiffonnées était devenue une star. Chacun de ses retours sur scène, depuis Pantin 81, était un événement. Théâtres complets, salles transportées, public de tous les âges, rappel interminables. Tant pis si la voix, ces derniers temps, avait vieilli. Elle portait dans le velours de ses pleins et de ses déliés,dans les ombres de ses silences et de ses souffles toute la richesse d'une existance. Peut-être même plus bouleversante que jamais. Unique en tout cas. Puis; novembre est arrivé... La rumeur, que l'on avait tant redoutée, s'est mise à tourner sur Paris comme un mauvais sort. Brutale, presque irréelle. Le lendemain, elle était confirmée. Sur le portail bleu de Précy, certains ont déposé des fleurs. Sur le livre des condoléances, les pages se sont noircies. Quelqu'un a cité " Chapeau bas ". Les autres ont parlé de leur passé et de leur futur, portés par une voix. Une pluie d'hommages s'est abattue sur nos mines grises. De grandes détresses et de vrais mots d'amour envoyés à l'absente. Une petite phrase, notée dans la presse, a dit l'essentiel : " Barbara nous aidait à vivre " aujourd'hui; nous restent ses chansons, indispensables, moments bénis de vérité. Des balises, des remparts, des cannes pour nous aider à continuer. L'oeuvre d'une vie gravée dans la solitude des studios ou la communion populaire entre 1957 et 1996, et regroupée en vingt-cinq albums. Nous reste aussi le souvenir d'une femme hors du commun, à la droiture, la cohérence, la sincérité exemplaires. La même, de l'Ecluse au Châtelet. Reste enfin à souhaiter qu'on cicatrise vite de la peine d'un départ pour ne garder en mémoire que la beauté d'un sourire, sur une scène, en septembre... Le sourire éclatant de Barbara, radieuse et libre, tenaillée jusqu'au bout par cette salutaire lucidité.
" Dans la vie, on n'est que des passants. L'essentiel, c'est de passer le mieux possible "
Cette passante-là fut magnifique.
Valérie Lehoux ( Journaliste )
" Dans la vie, on n'est que des passants. L'essentiel, c'est de passer le mieux possible.
je te souhaite bonne continuation bisous