Sid'assassinés
J'ai consacré un an à l'information sur le sida. Je continu. Un an, ce n'est rien du tout... Un abruti m'a dit un jour que je menais cette action parce que j'étais morbide. Mais moi, je hais la mort ! Justement, c'est pour ça ! C'est le goût de la vie qui me fait agir. Et puis, dans ce cas précis, vous préféreriez qu'on meure sans en parler ? Ce dialogue, c'est la même chose que chanter, le même voyage. Depuis trente ans je pense, et je dis : Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous. Alors j'ai le droit de dire : Préservez-vous. Vous êtes venus me voir, je viens vous voir, c'est normal. Aux Baumettes, j'ai chanté, puis proposé aux prisonniers de poser des questions au spécialiste du sida qui m'accompagnait. Les questions ont fusé... J'ai été plus impressionnée encore par les prisons de femmes - les conditions médiévales de leur détention. Le jour de ma venue à Montluc, exceptionnellement, les fleurs ont été autorisées. Certaines détenues n'en avaient pas vu depuis des années... Quand tu entres en prison en visiteuse, tu en ressors le soir. Mais pas en entier. A l'hôpital, un aumônier s'est étonné : " Mais qu'est-ce que tu leur dis, aux malades ? " Je dis pas, moi, j'écoute. Un jour, un jeune toxico m'a confié : " Je ne savais pas que les rapports entre les gens pouvaient être si simples. Qu'on pouvait se parler... " J'ai vu partir beaucoup de gens, en colère, révoltés, ou dans une grande dignité, ou me demandant de témoigner. J'ai vu des gens qui faisaient des projets, l'un pour partir en Bretagne, l'autre en Israël. Et ces projets-là précédaient l'autre départ. Comme un dernier effort... Je pense à une petite Zaïroise qui est morte. A un ajusteur qui n'a jamais osé dire son homosexualité. Je pense à son regard...
Barbara
Je vais essayer d'arranger ça ... si c'est possible.