Gilbert Sommier vient de créer Les Mardis de la chanson au théâtre des Capucines. Il me demande de venir chanter tous les mardis du mois de novembre et de parrainer les programmes. J'ai toujours eu horreur de parrainer-marrainer qui ou quoi que se soit, en tout cas je déteste cette expression-là ! Plus simplement, donc, je réalise avec Gilbert Sommier les programmes de mes mardis ; j'y inviterai Monique Tarbès, Bayard et Rameau, Gil Baladou, et il y aura aussi Darras et Noiret. Mes frères, ma soeur et ma mère ont accepté de venir pour la première fois ensemble, ce premier mardi de novembre, et j'en suis à la fois heureuse et très impressionnée. La veille, à la répétition, je couvre de mots tout un cahier de feuilles qui finissent froissées, jetées, déchirées, mais je sens, à la difficulté que j'ai à écrire, que la chanson Nantes est sur le point d'être achevée. De fait, le lendemain soir, je la chante, accompagnée à la basse par le génial François Rabbath. Je suis tellement émue de savoir ma famille dans la salle que François doit reprendre plusieurs fois l'introduction de Nantes avant que j'arrive à la chanter. Je chante Nantes ; ma mère trouve la chanson belle. Il y a ce soir-là dans la salle beaucoup de gens du métier, Louis Hazan, Denise Glaser et Michèle Arnaud. Un enregistrement clandestin de cette soirée sera vendu sous le manteau, où figure une version de Nantes qui n'aura existé que ce soir-là. Ce disque, je ne l'ai pas. Le lendemain, on me parlera beaucoup de cette chanson. Elle sera longtemps source de confusion. On m'a souvent crue nantaise ! Non, je ne suis pas du tout nantaise ! J'ignore pourquoi mon père avait choisi cette belle ville pour y terminer sa vie. Plus tard, lorsque je partirai en tournée et j'arriverai à une centaine de kilomètres de l'estuaire de la Loire, je serai prise d'une sorte d'étouffement. Il me faudra longtemps avant de pouvoir entrer calmement dans Nantes. Chaque fois, je vais au cimetière en cachette pour y déposer des fleurs. Ce n'est que beaucoup, beaucoup plus tard que je confierai aux journalistes la véritable histoire de Nantes.
Barbara
j'éspere que Madame MYBABOU se porte très bien!
gros gros gros bisou <3