( 1996 )
J'ai maintenant du mal à marcher. A Précy, j'ai dû faire installer une pièce au rez-de-chaussée pour ne pas monter les escaliers, c'est te dire ! Alors je ne vais plus, tous les mercredis et tous les vendredis comme je l'ai fait pendant un an et demi, à l'hôpital Bichat, où j'avais même un petit bureau pour recevoir, pour écouter les malades ( je n'allais dans leur chambre que s'ils le demandaient ) mais je continue à utiliser avec eux, le téléphone. Je vais te dire une chose affreuse : tous mes malades, tous ceux dont je m'occupais, sont morts. Tous. Mais je continue pourtant. Je prends en charge de nouveaux malades et aussi leurs parents. Je continuerai jusqu'à ma mort, jusqu'à rejoindre, à mon tour, les morts que j'ai accompagnés.
Je savais que c'était ma dernière tournée. Longtemps, j'ai chanté entre mes crises d'asthme. Là, je savais que j'allais devoir chanter avec. Est-ce que tu imagines qu'on a même refusé de m'assurer ? C'était donc un risque sur ma propre vie. Et pourtant, je suis partie sur les routes sans tristesse. Quand ce fut terminé, à Tours, j'étais vraiment au bout de moi, j'avais des spasmes, mon oeil droit foutait le camp, je titubais sur scène, je perdais la mémoire, je ne commandais plus mon corps, j'en passe et de pires. J'ai alors pris la décision d'arrêter. Il y avait deux solutions ensuite : avancer en faisant autre chose ( on m'a proposé de jouer, dans une pièce de théâtre d'un auteur américain, le rôle de la Callas, j'avoue avoir hésité un instant ) ou bien reculer. Les gens auraient peut-être aimé que je recule, moi, je ne l'aurais pas supporté.
Barbara
J'aime trop le vent , la pluie et la liberté !
gros bisous ma puce !