< Le soleil noir >
Le soleil noir ( Barbara/Barbara ) ( 1968 )
Pour ne plus, jamais plus, vous parler de la pluie
Plus jamais du ciel lourd, jamais des matins gris,
Je suis sortie des brumes et je me suis enfuie
Sous des ciels plus légers, pays de paradis
Oh, que j'aurais voulu vous ramener, ce soir,
Des mers en furie, des musiques barbares,
Des chants heureux, des rires, qui résonnent bizarres
Et vous feraient le bruit d'un heureux tintamarre,
Des coquillages blancs et des cailloux salés
Qui roulent sous les vagues, mille fois ramenés,
Des soleil éclatants, des soleils éclatés
Dont le feu brûlerait d'éternels étés
Mais j'ai tout essayé
J'ai fait semblant de croire
Et je reviens de loin
Et mon soleil est noir
Mais j'ai tout essayé
Et vous pouvez me croire
Je reviens fatiguée
Et j'ai le désespoir
Légère, si légère, j'allais court vêtue
Je faisais mon affaire du premier venu
Et c'était le repos, l'heure de nonchalance
A bouche que veux-tu, et j'entrais dans la danse
J'ai appris le banjo sur des airs de guitare
J'ai frissonné du dos, j'ai oublié Mozart
Enfin, j'allais pouvoir enfin vous revenir
Avec l'œil alangui, vague de souvenirs
Et j'étais l'ouragan et la rage de vivre
Et j'étais le torrent et la force de vivre
J'ai aimé, j'ai brûlé, rattrapé mon retard
Que la vie était belle et folle mon histoire
Mais la terre s'est ouverte,
Là-bas, quelque part
Mais la terre s'est ouverte
Et le soleil est noir
Des hommes sont murés
Tout là-bas, quelque part,
Les hommes sont murés
Et c'est le désespoir
J'ai conjuré le sort, j'ai recherché l'oubli
J'ai refusé la mort, j'ai rejeté l'ennui
Et j'ai serré les poings pour m'ordonner de croire
Que la vie était belle, fascinant le hasard
Qui me menait ici, ailleurs ou autre part
Où la fleur était rouge, où le sable était blond,
Où le bruit de la mer était une chanson
Oui, le bruit de la mer était une chanson
Mais un enfant est mort,
Là-bas, quelque part
Mais un enfant est mort
Et le soleil est noir
J'entends le glas qui sonne
Tout là-bas, quelque part
J'entends le glas sonner
Et c'est le désespoir
Je ne ramène rien, je suis écartelée
Je vous reviens, ce soir, le cœur égratigné
Car, de les regarder, de les entendre vivre
Avec eux j'ai eu mal, avec aux j'étais ivre
Je ne ramène rien, je reviens solitaire
Du bout de ce voyage au-delà des frontières
Est-il un coin de terre où rien ne se déchire ?
Et que faut-il donc faire, pouvez-vous me le dire ?
S'il faut aller plus loin pour effacer vos larmes
Et si je pouvais, seule, faire taire les armes,
Je jure que, demain, je reprends l'aventure
Pour que cessent, à jamais, toutes ces déchirures,
Je veux bien essayer
Et je veux bien y croire
Mais je suis fatiguée
Et le soleil est noir
Pardon de vous le dire
Mais je reviens, ce soir,
Le cœur égratigné
Et c'est le désespoir
Le cœur égratigné
Et c'est le désespoir
Le désespoir...