Mardi 7 juillet 2009 à 18:36



<  Le verger en Lorraine  >



Le verger en Lorraine  ( J.Poissonnier/Barbara )   ( 1962 )


Tout le sang qu'ont versé
Les hommes dans la plaine
Et tous les trépassés
Des causes incertaines
Ont fait qu'à ce verger
Il pousse par centaines
La rose et le pommier,
Aussi la marjolaine

Tous ceux qui ont crié
Que leur mort était vaine,
Tous ceux qui ont pleuré,
Le front dans la verveine,
Tous ceux qui ont soufflé,
Là, leur dernière haleine
Ont fait de ce verger,
Sur la rive lorraine,
Un creux tendre où s'aimer
Quand les saisons reviennent

Tous ces désarçonnés
Qui n'eurent le temps même
De dire, émerveillés,
Ce sont tes yeux que j'aime
Toutes ces fiancées
Dont l'attente fut vaine,
Ces hommes arrachés
A leur noce prochaine
Sourient à regarder
Ceux que l'amour amène
Sur l'herbe du verger
Quand leurs bouches se prennent

Tous ceux qui ont laissé
Leurs amours quotidiennes,
Les membres fracassés
Et le sang hors des veines,
Tous ceux qu'on a pleurés
Lors des guerres anciennes,
Ceux qu'on a oubliés
Les sans noms, les bohèmes
Se lèvent pour chanter
Quand les amants s'en viennent
Insouciants, échanger
La caresse sereine
Qui leur fut refusée
Au nom d'une rengaine

Tout le sang qu'ont versé
Les hommes dans la plaine
Et tous les trépassés
Des causes incertaines
Ont fait qu'à ce verger
Il pousse par centaines
La rose et le pommier,
Aussi, la marjolaine,
Ont fait de ce verger
Sur la rive lorraine
Un creux tendre ou s'aimer
Quand les saisons reviennent
 

Vendredi 3 juillet 2009 à 10:55

http://mybabou.cowblog.fr/images/barbara2007.jpg

Plaque commémorative



L'auteur de ce poème est http://autresrimes.cowblog.fr
Il a écrit ce poème pour Barbara en 2001.
Je le partage avec vous.



 La dame vêtue de noir

Toi, la dame vêtue de noir
Toi, l'immortelle disparue
Tu restes au fond de nos mémoires
Depuis que ta voix s'est tue

Mille neuf cent quatre vingt dix sept
Ce fût l'année de ton départ
En vinyle cd ou cassette
Tu nous laisses ton aigle noir

Et loin de l'air du temps
En hommage à Léo
D'un clin d'oeil à Montand
A Brassens et Jacquot
J'écris pour toi cette chanson

Loin de Piaf, de Frehel
D'un souvenir de Gainsbourg
Du petit chemin de Mireille
Aux valeurs de nos jours
J'écris pour toi cette chanson

Toi la dame vétue de noir
Je ne te prénommerai pas
Quelle fût belle oh! ton histore
D'amour avec un grand A

T'as tiré t'as révérence
Et la chanson francaise te pleure
Toi qu'avait de la prestance
Sous le feu des projecteurs.
 
Emmanuel

Vendredi 3 juillet 2009 à 9:11


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Je chante vêtue d'une jupe noire et d'un pull-over ; un peu plus tard, une petite  " concierge-couturière "  habile sur sa vieille Singer, confectionnera à ma demande une veste en velours noir côtelé avec un col assez haut, dégageant le cou. Ce premier costume décidera de tous les autres.
Le noir est une couleur fantastique qui, à la fois, estompe les formes et met en valeur le corps. Moi, je pensais d'abord que ça n'était pas important qu'on voie mon corps. Puis j'ai appris à m'en servir. Bien que myope, je peux me déplacer en scène ( mais rien qu'en scène ) avec une grande rapidité, les yeux fermés. J'ai également appris à essayer de vaincre ma peur, lorsque j'entrais en scène, en m'obligeant à me déplacer très lentement au moment où j'accostais le piano. J'ai appris à canaliser mon élan vitale, et, durant les dernières années où j'ai chanté, je poussais, avant d'entrer en scène, un violant cri guttural qui libérait toute mon énergie. Ce qui, souvent, a pu apparaître à certains comme une sophistication a été pour moi un apprentissage de chaque soir, afin de donner chaque fois davantage tout en allant vers plus de dépouillement.
Je n'ai jamais répété aucun geste, je ne me suis jamais exercée devant une glace, je n'ai jamais travaillé avec un metteur en scène, sauf dans  Lily-Passion ; je n'ai obéi qu'à mes propres lois, apprenant sur le tas grâce à ce flux vivant que m'a toujours renvoyé le public, un public qui a été pour moi un accoucheur. Je n'ai fait en somme qu'essayer de retourner une part des beautés contenues dans cette amour immense qui me fut donné.
Après la veste confectionnée par la concierge voisine de L'Ecluse dans un velours côtelé appartenant à son mari, après, beaucoup plus tard, j'ai rencontré Cardin. Il m'a fait une jupe magnifique, très longue, avec une queue. Mais, à l'époque, je ne bougeais pas encore beaucoup. J'étais plutôt amarrée à mon piano. Et puis mon corps s'est mis à chanter, des cordes vocales aux orteils. J'ai eu besoin de marcher, besoin d'une liberté de mouvements, non plus seulement assise à mon piano, mais debout.
On ne sait pas d'où viennent les mots ; quand tu chantes, ils se mâchent, s'allongent, se discordent, se consument, déboulent de ta gorge à tes lèvres, redescendent dans ton corps, dans le pli de ta taille, dans ta hanche ; ils t'obligent à tendre la jambe, à plier l'épaule, à courber l'échine, à redresser les reins le long desquels ils se faufilent jusqu'à redescendre jusqu'aux extrémités où ils irradient parfois comme une douleur ou un plaisir intenses.
Dans ce besoin de liberté, ma jupe entravée constituait une gêne. J'ai donc adopté le pantalon ( Mine Vergès ) j'ai émancipé mes jambes qui, et, tout à coup, les mots se sont mis à circuler par ma bouche, par mes veines, par mes muscles, et tout mon corps a pu chanter de la racine des cheveux jusqu'au bout des doigts, et j'ai pu projeter mes émotions au rythme de mon souffle.
En raison de mes problèmes musculaires qui m'obligeaient à certaines positions, le cul assis bien droit sur des cubes mobiles que j'avais fait fabriquer, qui me permettaient de me tenir jambes écartées et de porter en scène un corset destiné à soulager mes souffrances, je ne me sentais au bout du compte vraiment bien qu'en pantalon. C'était ce qu'il me fallait pour être bien, pour bouger à l'aise, donc pour mieux chanter.
Tout s'est installé comme ça, et c'est devenu mon univers.

Barbara

Mercredi 13 mai 2009 à 8:32

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Elle est venue un peu tard dans ma vie. Je suis loin de tout connaître d'elle ; j'ai envie de la découvrir peu à peu, comme si elle était encore vivante. Sa voix, d'abord : elle a un calme rare, dont on dirait qu'il vous regarde droit dans les yeux, et qui met du silence dans son piano. Un calme qui contient une fièvre : elle sait s'emporter, tout en gardant l'élégance de ne pas dévoiler l'étendue de sa colère, de ses blessures, de parler de l'horreur tout en n'en parlant pas. Dans Le mal de vivre, dans Mes insomnies, il y a toujours une éclaircie. Et puis ses mots, leurs parfums d'herbe et de mousse...Au bois de Saint-Amand résonne de rires, du bonheur de l'instant. On sent la forêt, on voit une femme marchant pieds nus... Et puis ses notes, d'une grande précision, comme des lames, et parfois caressantes, et parfois laissant entrevoir quelque chose de sauvage... Entre sa voix, ses mots, ses notes, il y a une alchimie. Aucun décalage entre ce qu'elle dit, et ce qu'elle dit mélodiquement : c'est rond, homogène. Elle et son piano, c'est un duo d'amour. On y entend que c'est une femme de plaisir, que l'amour, chez elle, c'est aussi l'amour de la sensualité. Elle chante  " je n'ai pas la vertu des femmes de marin ", mais c'est elle le marin, elle la vagabonde. C'est la beauté de sa féminité : elle est libre. Quand elle chante, elle est maître du temps. Nous, pas toujours. Elle retient les notes, les suspend, les prolonge. Le temps, quand on chante, on l'orchestre, mais parfois, on ne sait pas ce qui se passe. Elle, j'ai l'impression qu'elle sait. Il y a dans son chant la plénitude de l'instant partagé entre elle et nous. On vient dans son histoire, elle nous accompagne dans la nôtre, parfois dans l'inconnu de nous. Et ce n'est jamais impudique. Je ne me vois pas interpréter Barbara, même si je la chante chez moi... Je préfère la découvrir, regarder resplendir l'étrange beauté de son visage, de son animalité, de sa noblesse.
 
Daphné  ( Chanteuse )

Mardi 12 mai 2009 à 8:24



<  J'ai tué l'amour  >



J'ai tué l'amour   ( Barbara/Barbara )   ( 1958 )



J'ai l'air comme ça d'une moins que rien
Qu'a pris la vie du bon côté
D'une fille perdue qui va son chemin
Sans trop chercher à s'y retrouver
Quand un garçon me fait la cour
Ca m'fait plus rien j'ai l'habitude
Ca m'amuse deux ou trois jours
Puis je me retourne à ma solitude

J'ai tué l'amour
Parce que j'avais peur
Peur que lui n'me tue
A grands coups de bonheur
J'ai tué l'amour
J'ai tué mes rêves
Tant pis si j'en crève

Je ne fais pas l'amour pour de l'argent
Mais il ne me reste pas beaucoup de vertu
C'est presque aussi décourageant
Que de faire les cents pas dans la rue
Maintenant mon coeur est ensablé
Il a cessé de fonctionner
Le jour même où je l'ai quitté
Sans trop savoir où ça me mènerait

J'ai tué l'amour
Parce que j'avais peur
Peur que lui n'me tue
A grands coups de bonheur
J'ai tué l'amour
J'ai tué mes rêves
Tant pis si j'en crève

Quand je pense que pour ma liberté
J'ai brisé, cassé notre chaîne
Quand je pense qu'il n'y avait qu'à s'aimer
Qu'à mettre ma main dans la sienne
Maintenant je l'ai ma liberté
Comme un fardeau sur mes épaules
Elle me sert tout juste à regretter
D'avoir joué le mauvais rôle

J'ai tué l'amour
Parce que j'avais peur
Peur que lui n'me tue
A grands coups de bonheur
J'ai tué l'amour
J'ai tué mes rêves
Tant pis si j'en crève

Lundi 11 mai 2009 à 7:51



<  Toi l'homme  >


Toi l'homme  ( S.Makhno/Barbara )  ( 1965 )
 
Je cherche un homme
Un homme qui ressemble à un homme
Un homme, en somme
C'est beau et puis c'est chaud les hommes
Et plus c'est rare et plus c'est beau
J'aimerais que ce soit moins rare
Tant pis si c'était moins beau

Je cherche un homme
Un homme qui ressemble à un homme
Un homme, en somme
C'est beau et puis c'est chaud les hommes
Et plus c'est rare, plus ça tient chaud
J'aimerais que ce soit moins rare
Et tant pis si j'avais moins chaud
J'en ai connu plusieurs
Que le soir nous apporte
Et qu'au petit matin
Triste, l'on reconduit
Jusqu'au seuil de sa porte
J'en ai connu plusieurs
Mais le vent les emporte
Ils font de ma maison
Plus triste qu'un automne
Un jardin d'amour mortes

Si tu es l'homme, cet homme,
Qui ressemble à mon homme
Mon homme, en somme
Si tu es l'homme que j'espère,
Si tu es l'homme que j'attends,
Oh, tu devrais venir plus vite
Tu devrais venir maintenant
Si tu es l'homme après qui
Aucun autre homme sur ma vie
Ne sera plus jamais un homme
Ni dans mon coeur, ni sur ma peau
Oh, tu devrais venir plus vite,
Oh, tu devrais venir plus tôt,
Et tant pis, tant pis,
Si tu n'es pas beau

Toi l'homme
L'homme qui ressemble à un homme
Mon homme, en somme
Mon homme, mon homme, mon homme...

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