Dimanche 18 juillet 2010 à 9:04



<   La complainte des filles de joie   >


La complainte des filles de joie ( G.Brassens/G.Brassens )


Bien que ces vaches de bourgeois
Bien que ces vaches de bourgeois
Les appellent des filles de joie
Les appellent des filles de joie
C’est pas tous les jours qu’elles rigolent
Parole, parole
C’est pas tous les jours qu’elles rigolent.

Car même avec des pieds de grue
Car même avec des pieds de grue
Faire les cent pas le long des rues
Faire les cent pas le long des rues
C’est fatigant pour les guiboles
Parole, parole
C’est fatigant pour les guiboles

Non seulement elles ont des cors
Non seulement elles ont des cors
Des œils de perdrix mais encore
Des œils de perdrix mais encore
C’est fou ce qu’elles usent de groles
Parole, parole
C’est fou ce qu’elles usent de groles.

Y’a des clients, y’a des salauds
Y’a des clients, y’a des salauds
Qui se trempent jamais dans l’eau
Qui se trempent jamais dans l’eau
Faut pourtant qu’elles les cajolent
Parole, parole
Faut pourtant qu’elles les cajolent.

Qu’elles leur fassent la courte échelle
Qu’elles leur fassent la courte échelle
Pour monter au septième ciel
Pour monter au septième ciel
Les sous croyez pas qu’elles les volent
Parole, parole
Les sous croyez pas qu’elles les volent

Elles sont méprisées du public
Elles sont méprisées du public
Elles sont bousculées par les flics
Elles sont bousculées par les flics
Et menacées de la vérole
Parole, parole
Et menacées de la vérole

Bien qu’toute la vie elles fassent l’amour
Bien qu’toute la vie elles fassent l’amour
Qu’elles se marient vingt fois par jour
Qu’elles se marient vingt fois par jour
La noce est jamais pour leur fiole
Parole, parole
La noce est jamais pour leur fiole

Fils de pécore et de minus
Fils de pécore et de minus
Ris pas de la pauvre Vénus
Ris pas de la pauvre Vénus
La pauvre vieille casserole
Parole, parole
La pauvre vieille casserole

Il s’en fallait de peu mon cher
Il s’en fallait de peu mon cher
Que cette putain ne fût ta mère
Que cette putain ne fût ta mère
Cette putain dont tu rigoles
Parole, parole
Cette putain dont tu rigoles.

Lundi 12 juillet 2010 à 6:54


<   Sans bagages   >


Sans bagages   ( S.Makhno/Barbara )   ( 1964 )



Le jour où tu viendras le jour où tu viendras
Le jour où tu viendras ne prends pas tes bagages
Que m'importe après tout ce qu'il y aurait dedans
Je te reconnaîtrai à lire ton visage
Il y a tant et tant de temps que je t'attends
Tu me tendras les mains je n'aurai qu'à les prendre
Et consoler les voix qui pleurent dans ta voix
Je t'apprivoiserai les lumières éteintes
Tu n'auras rien à dire je reconnaîtrai bien

Le tout petit garçon le regard solitaire
Qui cachait ses chagrins dans les jardins perdus
Qui ne savait jouer qu'aux billes ou à la guerre
Qui avait tout donné et n'avait rien reçu

Si je venais vers toi je viendrais sans bagages
Que t'importe après tout ce qu'il y aurait dedans
Tu me reconnaîtrais à lire mon visage
Il y a tant et tant de temps que tu m'attends
Je te tendrai les mains tu n'aurais qu'à les prendre
Et consoler les voix qui pleurent dans ma voix
Tu m'apprivoiserais les lumières éteintes
Je n'aurais rien à dire tu reconnaîtrais bien

La toute petite fille aux cheveux en bataille
Qui cachait ses chagrins dans les jardins perdus
Et qui aimait la pluie et le vent et la paille
Et le frais de la nuit et les jeux défendus

Quand viendra ce jour-là sans passé sans bagages
Nous partirons ensemble vers un nouveau printemps
Qui mêlera nos corps nos mains et nos visages
Il y a tant et tant de temps que l'on s'attend
A quoi bon se redire les rêves de l'enfance
A quoi bon se redire les illusions perdues
Quand viendra ce jour-là nous partirons ensemble
A jamais retrouvés à jamais reconnus

Le jour où tu viendras le jour où tu viendras
Il y a tant et tant de temps que je t'attends...

Dimanche 27 juin 2010 à 10:46



Une version craquante de l'époque

Lundi 12 avril 2010 à 8:44



<   Mémoire, Mémoire   >


Mémoire, Mémoire ( Barbara/L.Plamondon/Barbara )  ( 1986 )


Ecrire mes mémoires
Avec de l'encre noire
Sur un papier lilas
Que je n'enverrai pas
Parler des jours de gloire
Des soirs de désespoir
Et voir sa vie
Jusqu'à l'oubli
Mémoire
D'un autre temps
D'une autre vie
Tu me reviens
Dans l'eau d'un paysage
Se mirent les visages
Mémoire
Des aubes pâles
Des matins pâles
Tu me fais mal
Quand tu ramènes vers moi
Ceux qui ne sont plus là
Dans ma vie de recluse
Je me revois parfois
Sur la scène de l'Ecluse
Faisant mes premiers pas
Dans mes nuits sans sommeil
Ma mémoire appareille
Sur un passé soleil
Au fond rouge vermeil
Ma mémoire me diffuse
Des images confuses
Des visages
Me dévisagent
Vos visages
Mirages
Mémoire
D'un autre temps
D'une autre vie
Tu me reviens
Au bout de mes doigts
C'est vous que je vois
Mirage
Ne craignez rien
Je suis restée l'étrangère
Que vous aimiez naguère
Ce fut un long détour
Avant que je revienne
Je boucle mon parcours
J'ai traversé la Seine
Ce fut un long détour
Mais chanter me ramène
A deux pas de l'Ecluse
A deux pas de la Seine
Où chante ma mémoire
Ô Mémoire


Enregistrement fait au Châtelet 1987
( C'est une version différente de celle de Lily Passion 1986 )

Vendredi 9 avril 2010 à 8:21



A l'époque où Barbara chantait Léo Ferré

Dimanche 28 mars 2010 à 22:48



<   Quand ceux qui vont   >



Quand ceux qui vont   ( Barbara/Barbara )   ( 1970 )



Quand ceux qui vont, s'en vont aller
Quand le dernier jour s'est levé
Dans la lumière blonde
Quand ceux qui vont, s'en vont aller
Pour toujours et à tout jamais
Sous la terre profonde
Quand la lumière s'est voilée
Quand ceux que nous avons aimés
Vont fermer leur paupières
Si rien ne leur est épargné
Oh, que du moins soit exaucée
Leur dernière prière
Qu'ils dorment, s'endorment
Tranquilles, tranquilles

Qu'ils ne meurent pas au fusil
En expirant déjà la vie
Qu'à peine, ils allaient vivre
Qu'ils ne gémisent pas leurs cris
Seuls, rejetés ou incompris
Eloignés de leurs frères
Qu'ils ne meurent pas en troupeau
Ou bien poignardés dans le dos
Ou qu'ils ne s'acheminent
En un long troupeau de la mort
Sans ciel, sans arbre et sans décor
Le feu à la poitrine

Eux qui n' avaient rien demandé
Mais qui savaient s'émerveiller
D'être venus sur terre
Qu'on leur laisse choisir, au moins,
Le pays, fut-il lointain
De leur heure dernière
Qu'ils aillent donc coucher leurs corps
Dessous les ciels pourpres et or
Au-delà des frontières
Ou qu'ils s' endorment, enlacés,
Comme d'éternels fiancés
Dans la blonde lumière
Mais, qu'ils dorment, s'endorment
Tranquilles, tranquilles

Quans ceux qui vont, s'en vont aller
Pout toujours et à tout jamais
Au jardin du silence
Sous leur froide maison de marbre,
Dans les grandes allées sans arbre
Je pense à vous, ma mère
Qu'ils aient, pour dernier souvenir,
La chaleur de notre sourire
Comme étreinte dernière
Peut-être qu'ils dormiront mieux
Si nous pouvons fermer leurs yeux
A leur heure dernière
Qu'ils dorment, tranquilles...

Mardi 2 mars 2010 à 8:09




<   Fragson   >



Fragson   ( Barbara/Barbara )   ( 1978 )


Allez savoir pourquoi, au piano, ce jour-là,
Y'avait une musique sur le bout de mes doigts
Une musique
Allez savoir pourquoi les pianos jouent parfois
De drôles de musiques sur le bout de nos doigts
Allez savoir pourquoi

Dans le salon vieil or où j'aime travailler
Tout en regardant vivre mes objets familiers,
Je jouais, jouais
Pendant que sur mon mur dansait la Loïe Fuller
Sous l'oeil énamouré et l'air patibulaire
De Fragson, Fragson

Allez savoir pourquoi il existe des nuits
Où, sous un ciel de soie, des papillons de nuit
Volent, multicolores
Allez savoir pourquoi, mais c'était une nuit
Où, seule à mon piano, j'étais au paradis
Quand tout à coup, venu de ta planète,
Le téléphone sonne sur mon île déserte
Et c'était toi, ô toi

Allô, allô, mon coeur, me murmurait ta voix
Je n'étais pas ton coeur et c'était une erreur
Mais je n'ai pas raccroché
Et tu n'as pas raccroché
Et si je n'ai jamais su qui tu cherchais
J'ai tout de même compris que l'on s'était trouvés
Et depuis ce jour-là, où tu l'as découverte,
Tu es le Robinson de mon île déserte,
Tu es le Robinson de mon île déserte

Parce qu'un jour, un piano, allez savoir pourquoi
Jouait une musique sur le bout de mes doigts
Une musique
Parce qu'un jour, un piano,
Un piano, un piano...


Créée à Bobino en février 1975, cette chanson a été enregistrée en public en 1978 à l'Olympia, puis en studio pour l'album Seule

Jeudi 4 février 2010 à 8:07




<   La musique   >



La musique   ( Barbara/Barbara )    ( 1978 )


Te souviens-tu de cette nuit,
De cette belle nuit d'automne ?
Je t'avais fait, je m'en souviens,
Une chanson de trois fois rien
Si les mots se sont envolés
Par notre fenêtre entr'ouverte
La musique, la musique,
La musique nous est restée
Les Cosanini sont partis
Je crois qu'ils ne reviendront plus
Et la rivière est asséchée
Là où nous allions nous baigner
Dans les allées du grand canal,
Les arbres sont décapités
Il ne reste plus rien,
Rien, plus rien
Que la musique,
Cette musique,
Ces quelques notes,
Ce trois fois rien
Que je t'avais fait, ce soir-là
Tu disais " ma musique,
Ce sera ma musique
A l'heure où je n'aurai plus rien,
Elle te sera comme un soleil "

Dans ta cellule de béton gris
Où tu as grillagé tes jours,
J'imagine ta solitude
Et je connais ton désarroi
Peut-être que sur ton transistor
Il t'arrive d'entendre ma voix
C'est le seul moyen qu'il me reste
Pour que parvienne jusqu'à toi
Cette musique,
Mon amour,
Ta musique,
Quelques notes,
Trois fois rien
Que tu aimais,
Que tu aimais
Tu disais " ma musique "
Et ce soir, ta musique,
Si tu crois que tu n'as plus rien,
Qu'elle te soit comme un soleil

C'est vrai que je t'avais promis,
Lorsque nous nous sommes quittés,
Que là où tu vivrais ta vie
Ma musique t'accompagnerait
Au long de ces tristes couloirs
Où tu marches ta vie chagrin
Fidèle comme la mémoire
Je sais qu'elle ira jusqu'à toi
C'est ta musique
Mon amour,
Je chante ta musique,
Quelques notes,
Trois fois rien
Pour toi, rien que pour toi
Et dans ton hiver,
Et dans ce désert,
Qu'elle brille comme un soleil

C'est ta musique,
Mon amour,
Ecoute, je chante ta musique,
Trois fois rien
Pour toi, rien que pour toi
Et dans ton hiver,
Et dans ce désert,
Qu'elle brille comme un soleil...


Chanson créée et enregistrée à l'Olympia ( février 1978 ) puis en studio pour l'album Seule.

Vendredi 29 janvier 2010 à 14:04



<   Madame   >



Madame   ( Barbara/Barbara )   ( 1967 )



Je reçois à l'instant où je rentre chez moi
Votre missive bleue, Madame
Vingt fois je la relis et mes yeux n'y croient pas,
Pourtant c'est écrit là, Madame,
Et de votre douleur, je me sens pénétrée,
Mais je ne pourrais rien, Madame,
Vous savez aujourd'hui que de l'avoir perdu,
C'est lourd à supporter, Madame

Vous demandez pardon de n'avoir pas compris
Ce qu'était notre amour, Madame,
Vous n'aviez que ce fils, vous aviez peur de lui
Et vous l'avez gardé, Madame,
Ne me demandez pas ce qu'a été ma vie
Quand vous me l'avez pris, Madame,
Je me suis toujours tue, ce n'est pas aujourd'hui
Que je vous le dirais, Madame

Vous eussiez préféré, je vous retrouve là,
Qu'il fût mort en héros, Madame,
Oui c'eût été peut-être plus noble, je vous crois,
Que de mourir d'amour, Madame,
Mais qu'il soit mort ici ou qu'il mourût là-bas,
Auriez-vous versé moins de larmes?
Il en a décidé, lui seul avait le droit
Il faut vous résigner, Madame

C'est trop tard maintenant, pour que je vous revienne
Et vous vieillirez seule, Madame,
Et ne m'en veuillez pas si je parais cruelle
Mais je l'ai trop aimé, Madame,
Pour qu'à la fin du jour près d'une cheminée
Nous évoquions ensemble, Madame,
Celui que vous et moi nous avons adoré
Et perdu tout ensemble, Madame

Mais le chagrin m'égare, il faut me pardonner,
J'ai mal de votre mal, Madame,
Mais que faire et quoi dire puisqu'il s'en est allé
Je ne puis rien pour vous, Madame
Pour la seconde fois il va nous séparer,
Non je ne viendrai pas, Madame,
Car le perdre deux fois c'est lourd à supporter
Vous me comprendrez bien, Madame

Je reçois à l'instant où je rentre chez moi
Votre missive bleue, Madame,
Vingt fois je l'ai relue mes yeux n'y croyaient pas
Pourtant c'est écrit là, Madame
Et de votre douleur je me sens pénétrée
Mais je ne puis plus rien, Madame,
Vous saurez comme moi, que de l'avoir perdu,
C'est lourd à supporter, Madame.

Mercredi 6 janvier 2010 à 17:02





Plus rien   ( Barbara/Barbara )   ( 1968 )


Plus rien, plus rien
Que le silence
Ta main, ma main
Et le silence
Des mots, pourquoi
Quelle importance
Demain, plus tard,
Les confidences
Si douce, ta bouche
Et je m'affole
Je roule, m'enroule
Et tu t'affoles
La nuit profonde,
La fin du monde,
Une gerbe de feu
Pour se connaître,
Se reconnaître,
Pourpre et or et puis bleue
Plus rien, plus rien
Que le silence
C'est bien, nos mains
Et ce silence...

 


Tu sais   ( Barbara/Barbara )   ( 1968 )



Tu sais, si ce n'était pas toi
Si ce n'était pas toi
Au bout de ce voyage
Tu sais, si ce n'était pas toi
Referais-je les pas
Aurais-je le courage
De te venir
De recommencer un voyage
De te venir
De risquer peut-être un naufrage
Tu sais, je suis si lourde
Du temps que je porte
Si lourde, lourde
Et l'idée de refaire mes bagages
Au creux de l'hiver, c'est dur à mon âge
Je veux dormir, j'ai besoin de silence
Je n'en peux plus, et soudain je balance, je balance

Car toi, chaque fois que je te retrouve
Toi, c'est la vie que je redécouvre
J'ai beau savoir et te connaître et m'y attendre
C'est fou, mais je sais qu'encore tu vas me surprendre
M'étonner, m'émerveiller
Je viens et tant pis si l'on se déchire
Je viens, je veux le meilleur et le pire
Je viens demain car je veux te rejoindre
Je viens, je pars dès que le jour va poindre
Ce qu'il faut vivre, s'il faut le vivre
Je viens pour le vivre avec toi, toi, toi...


Les amis de Monsieur   ( Harry Fragson )   ( 1902 )

 

Bien qu'il possède une femme charmante,
L'ami Durand est un coureur.
V'la t'y pas qu'il reluque sa servante
Et qu'il la reluque en amateur.
Il lui murmure : " Dites donc, ma fille
Entre nous, vous êtes fort gentille
Et votre personne, crénom d'un chien,
Au naturel doit être très bien. "

" Ah ! Monsieur "  répond la petite bonne
 Ce que vous m'dites n'a rien qui m'étonne "
Car  fit-elle d'un air étourdi
" Tous les amis de Monsieur me l'ont déjà dit. "

Durand, de plus en plus, s'emballe.
A la petite bonne, il fait la cour
Et, pour décrocher la timbale,
Il lui jure toute une vie d'amour.
" Voyons, ne fais pas la dégoûtée.
Au contraire, tu devrais être flattée.
Dans la chambre, je monterai sans bruit.
Laisse donc ta porte ouverte, cette nuit. "

" Ah ! Monsieur " répond la petite bonne
" Ce que vous m'dites n'a rien qui m'étonne.
Parait que je possède un bon lit.
Tous les amis de Monsieur me l'ont déjà dit. "

Au rendez-vous, elle fut fidèle,
Mais comme elle hésitait un peu,
Durand s'excita de plus belle,
Avait la tête et le cœur en feu.
Voyant qu'elle retirait sa chemise
En devenant rouge comme une cherise,
Il s'écria, tout folichon :
" Je n'ai jamais vu d'aussi beaux...

" Ah ! Monsieur " répond la petite bonne
" Ce que vous m'dites n'a rien qui m'étonne
Je comprends que vous soyez ébahi.
Tous les amis de Monsieur me l'ont déjà dit. "

Comme Durand a de la galette
Et qu'il n'est pas vilain garçon,
Elle fit pas longtemps la coquette
Et céda sans faire de façons.
Ici des points pour la censure
Puis il s'écria : " Je t'assure
Je te trouve exquise, c'est merveilleux
Et que ma femme tu t'y prends bien mieux. "

" Ah ! Monsieur "  répond la petite bonne
" Ce que vous m'dites n'a rien qui m'étonne,
Que je m'y prends mieux que Madame, pardi
Tous les amis de Monsieur me l'ont déjà dit. "


Les deux ménétriers  ( J.Richepin/L.Durand )   ( 1924 )

 
Sur les noirs chevaux sans mors
Sans selle et sans étriers
Par le royaume des morts
Vont deux blancs ménétriers
Ils vont un galop d'enfer
Tout en raclant leur crincrin
Avec des archets de fer
Ayant des cheveux pour crin
Au fracas des durs sabots
Au rire des violons
Les morts sortent des tombeaux
Dansons et cabriolons !

Et les trépassés joyeux
S'en vont par bonds et soufflant
Avec une flamme aux yeux
Rouge dans leurs crânes blancs
Et les noirs chevaux sans mors
Sans selle et sans étriers
Font halte et voici qu'aux morts
Parlent les ménétriers :

Le premier dit, d'une voix
Sonnant comme un tympanon :
" Voulez-vous vivre deux fois ?
Venez, la Vie est mon nom ! "
Et tous, même les plus gueux
Qui de rien n'avaient joui
Tous, dans un élan fougueux
Les morts ont répondu : " Oui ! "

Alors l'autre, d'une voix
Qui soupirait comme un cor
Leur dit : " Pour vivre deux fois
Il vous faut aimer encore !
Aimez donc ! Enlacez-vous !
Venez, l'Amour est mon nom ! "
Mais tous, même les plus fous
Les morts ont répondu : " Non ! "

Et leurs doigts décharnés
Montrant leurs cœurs en lambeaux
Avec des cris de damnés
Sont rentrés dans leurs tombeaux
Et les blancs ménétriers
Sur leurs noirs chevaux sans mors
Sans selle et sans étriers
Ont laissé dormir les morts.


Tous les passants   ( S.Makhno/Barbara )   1965 )


Tous les passants s'en sont allés,
Plus rapides que la mémoire,
Ecrire un petit bout d'histoire
Les uns debout, d'autres couchés
Certains sont entrés dans l'histoire,
Sans avoir eu le temps d'y croire,
Pas même le temps d'y songer

Tous les passants s'en sont allés,
Jean de Flandre et Jean de Navarre,
Qui voulaient la mer à boire
La mer, je crois, les a gardés
Le petit John des Amériques
Devenu John le magnifique,
La gloire ne l'a pas épargné

Tous les passants s'en sont allés,
Ceux qui buvaient à la fontaine,
Ont maintenant leur cave pleine
De vins aux noms ensoleillés
Ceux qui voulaient gagner des guerres,
La guerre a du les décimer

Tous les passants s'en sont allés
Mais toi, plus têtue que la pierre,
Tu n'as pas quitté la rivière
Ni la colline aux fleurs de mai
Tu gardes le feu et la table,
La rose et le sirop d'érable
Comme au temps des très lourds secrets

Si les passants s'en revenaient,
Au lieu de leurs vingt ans superbes,
Sur lesquels a repoussé l'herbe
Je ne sais s'ils s'arrêteraient
Moi, je vois couler l'eau profonde
Sans m'y pencher une seconde
J'ai peur d'y voir ce que j'étais

Tous les passants s'en sont allés,
Jean de Flandre, Jean de Navarre,
Le petit John des Amériques,
Tous les passants s'en sont allés...

 

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