Samedi 9 juin 2007 à 8:21

 


Y'aura du monde   ( Barbara/Barbara )   ( 1967 )


Y'aura du monde à l'enterrement,
Si l'on en croit les apparences.
S'ils viennent tous à l'enterrement,
Ceux que je trouve, avec outrance,
Couchés, là, sur mon paillasson
Lorsque je n'y suis pour personne
Ou pendus avec déraison
Au fil de mon téléphone,
Ou pendus avec déraison
Au fil de mon téléphone.

Y'aura du monde, assurément,
Au nom du Père, au nom du Fils,
S'ils viennent tous à l'enterrement,
Ceux que j'aimais de père en fils.
Ça me fera un gentil petit régiment
Me rendant les derniers offices
Pour mes bons et loyaux services
Le jour de mon enterrement,
Pour mes bons et loyaux services
Le jour de mon enterrement.

Les celles qui "Je l'ai bien connue.",
Les pas belles, les cancanières,
Les celles qui ont de la vertu
Et de bien méchantes manières
Viendront dans leur robe de bal
Me dire un petit compliment
Pour ma dernière générale
Le jour de mon enterrement,
Pour ma dernière générale
Le jour de mon enterrement.

Les mondains, les encanaillés
Et mesdames les sous-préfètes,
Trois petits fours et deux avé,
A la fête comme à la fête,
Se diront, pour passer le temps,
A voix basse, des bagatelles
Tout en se repassant la pelle
Le jour de mon enterrement,
Tout en se repassant la pelle
Le jour de mon enterrement.

Ah, je voudrais, rien qu'un instant,
Les voir, sur la dalle froide,
Agenouillés et marmonnant.
En avant pour la mascarade !
Ceux qui viennent et font semblant,
Effeuillant d'une main distraite,
Du bout du cœur, du bout des gants,
Un chrysanthème, un "je regrette",
Un peu, beaucoup, passionnément,
Le jour de la dernière fête,
Le jour de la dernière fête,

Le jour de mon dernier matin,
Le jour où je me ferai belle,
Le jour où "Salut les copains !
Je pars pour là-bas, on m'appelle."
J'irai cultiver mon jardin,
J'irai voir fleurir mes roses
De l'autre côté du chemin,
De l'autre côté du chemin.

Ça fera du monde à l'enterrement
Et finie, la douce habitude,
Celle-là de passer mon temps
A vivre dans la solitude.
Je sens qu'au dernier rendez-vous,
Non, non, je ne serai pas seulette.
Qu'ils viennent et ce sera vivant,
Le jour de mon enterrement.
Qu'ils viennent et ce sera vivant,
Le jour de mon enterrement.

Je veux que ce soit au printemps,
A l'heure de la belle lumière.
Je veux m'en souvenir longtemps,
De l'heure de mon heure dernière
Et lorsque, je serai couchée
Au dedans de la bonne terre,
Ô vous tous que j'ai tant aimés
Durant cette vie toute entière,
Si vous entendez la, la, la, la,
Ma dernière petite chanson,
Surtout, n'en ayez pas de peine.
C'est pour dire "Adieu, je vous aime."
Et je m'en vais le cœur content,
C'est pour dire "Adieu, je vous aime.",
Le jour de mon enterrement,
Le jour de mon enterrement.

Samedi 9 juin 2007 à 7:57


Bruxelles


 (
1968 )


J'étais mal dans ma peau. J'en avais assez de Paris. Alors, je suis allée à Bruxelles. J'ai traînaillé encore un peu. Qu'est-ce qu'on peut faire d'autre quand on a vingt ans ? J'ai rencontré des peintres qui vivaient dans une maison étrange. Tout m'arrive toujours, on ne sait pas comment ni pourquoi. J'ai dit aux peintres : " Je veux un piano " Et, le plus drôle, c'est qu'ils m'ont apporté un piano ! Je n'ai jamais su comment, ils étaient complètement fauchés, moi aussi. Comme je continuais à ne douter de rien; j'ai dit aux peintres : " Je veux un cabaret ! " A l'époque, j'étais un peu " Mademoiselle j'ordonne " On a fait le cabaret et j'ai débuté à Bruxelles.


Barbara

Vendredi 8 juin 2007 à 8:22


Dieu


(
1979 )


Oui, je crois en Dieu, bien-sûr que je crois en quelque chose. Mais je ne crois pas qu'il y a un monsieur avec des petites ailes et une grande barbe blanche qui est là-haut, mais quelque chose de mystérieux, et je ne veux pas savoir ce que c'est. Cela dit, quand on voit ce qui se passe, on peut cesser d'y croire, en Dieu.


Barbara

Vendredi 8 juin 2007 à 8:19


barbara - mes hommes
envoyé par bisonravi1987



Mes hommes   ( Barbara/Barbara )   ( 1968 )


Ils marchent le regard fier,
Mes hommes
Moi devant et eux derrière,
Mes hommes
Et si j'allonge le pas,
Ils me suivent pas à pas
Je leur échappe pas
Mes hommes, mes hommes

Où que je sois, ils sont là,
Mes hommes
Je n'ai qu'à tendre les bras
En somme,
Je les regarde venir,
Fière de leur appartenir,
C'est beau de les voir sourire,
Mes hommes

Moi qui suis fille des brumes
En somme
De la nuit et de la lune,
Tout comme
Quand j'arrive, le teint clair,
Moi devant et eux derrière,
Je comprends bien que les gens
S'étonnent, s'étonnent

Car ils viennent de Tunisie,
Mes hommes
Marseille, Toulon, le Midi,
Mes hommes
Ils marchent avec insolence
Un petit rien dans la hanche
Ça ressemble à une danse
Mes hommes

Ils ne m'appellent Madame,
Mes hommes
Mais, tendrement, ils me nomment
Patronne
Ils se soumettent à ma loi,
Je me soumets à leur loi,
Que c'est doux d'obéir
A mes hommes

Tout d'amour et de tendresse,
Mes hommes
M'ont fait une forteresse,
Mes hommes
Non, vous ne passerez pas
C'est à eux, n'y touchez pas
Ils sont violents, quelquefois
Mes hommes, mes hommes

Ils se sont fait sentinelles,
Mes hommes
Ils pourraient être cruels,
Mes hommes
Ils me veillent, comme moi
Je les veille quelquefois
Moi pour eux et eux pour moi,
Mes hommes

Quand naissent les premières feuilles
D'automne
Quand le chagrin se fait lourd,
Mes hommes
Vont se mettre, sans un mot,
Debout, autour du piano
Et me disent tendrement
Patronne, patronne

C'est fou comme ils sont heureux,
Mes hommes
Quand le son du piano noir
Résonne
Ils vont faire leurs bagages
Et on reprend le voyage
Faut qu'ils voient du paysage,
Mes hommes

Quand descend la nuit furtive,
Mes hommes
A pas de loup, ils s'esquivent
Personne,
Ils vont chasser dans la nuit
Bergers, gardez vos brebis
Qui ont le goût et l'envie
Des hommes, des hommes

Car, de la blonde à la rousse,
Mes hommes
Ils vont coucher leur peau douce,
Mes hommes
Et repartent dans la nuit,
Courtois, mais pas attendris
Quand ils ont croqué le fruit,
La pomme

Ils reviennent au matin,
Mes hommes
Avec des fleurs dans les mains,
Mes hommes
Et restent là, silencieux,
Timides, baissant les yeux
En attendant que je leur
Pardonne

Ils ont installé mon lit,
Mes hommes
Au calme d'une prairie,
Mes hommes
Je peux m'endormir à l'ombre
Ils y creuseront ma tombe
Pour la longue nuit profonde
Des hommes, des hommes

Pas de pleurs, pas une larme,
Mes hommes
Je n'ai pas le goût du drame,
Mes hommes
Continuez, le regard fier,
Je serai là, comme hier
Vous devant et moi derrière,
Mes hommes.

Jeudi 7 juin 2007 à 9:27

Jeudi 7 juin 2007 à 8:58

 

Carrière


(
1969 )


Je ne regrette pas du tout que les choses se soient passées pour moi comme elles se sont passées. Je suis contente qu'il y ait eu tant d'années écoulées avant que m'arrivent tous ces bonheurs. Et si c'était à refaire, je referais exactement les mêmes choses. Même connaissant ce que je sais aujourd'hui du métier, je referais le même chemin, avec la même joie.


(
1992 )


J'ai attendu dix-sept ans mais, après le premier disque, il s'est passé quelque chose. Il y a eu un cheminement très doux. Quelquefois, c'est vrai que ça me paraissait long, mais je ne me souviens pas d'avoir pensé abandonner. Je ne savais pas ce que voulait dire " vedette ou pas vedette " Je m'en moquais. Je souhaitais chanter. Rien ne m'aurait arrêtée, si ce n'est le succés car il m'a fait peur. Je trouvais ça lourd. C'était un décalage entre mon envie de chanter et mes nouvelles obligations. En 1965, j'ai sorti mon premier album, avec Pierre, Le bois de saint-Amant, Nantes, les premières chansons qui ont vraiment marché. Et, en 1968, j'ai fait un premier Olympia. Et des routes, des routes... Des spectacles partout en France.


1993 )


Il faut tracer son chemin tout seul. Bien sûr, il y a des rencontres qui font souvent avancer les choses. Je crois qu'il faut n'obéir qu'à sa propre loi. Et, si l'on ne sait pas toujours ce que l'on veut, savoir à coup sûr ce que l'on ne veut pas. Finalement, j'ai pu faire ce que je voulais, comme je le voulais, à part très peu de choses. Donc, mes erreurs, je les assume. Et, comme vous le savez, les succés, on les partage... Je crois avoir choisi, consciemment ou non, de m'économiser, de ne pas me répandre à foison. Je me referme sur moi pour mieux me donner.


Barbara

Mercredi 6 juin 2007 à 8:24


barbara - je serai douce
envoyé par bisonravi1987



Je serai douce   ( R.Forlani/Barbara )    ( 1970 )



Je serai douce, si douce
Quand tu me diras de l'être
Je serai obéissante
Quand tes mains caresseront
Mes mains, mes cheveux, mes lèvres
Oui, je serai très très douce,
Quand, à midi
Tu me coucheras
Sur un lit d'herbe roussie,
Sans vraiment aucun souci
Pour ma robe noire de veuve
Sans aucun souci, vraiment

Je serai tendre, si tendre
Quand tu me diras de l'être
Je serai obéissante
Quand tes mains caresseront
Mon cou, mes hanches, ma taille
Oui, je serai très très tendre

Quand à cinq heures
Tu me coucheras
Sur un lit de feuilles sèches
Sans vraiment aucun souci
Pour ma robe blanche d'épouse
Sans aucun souci vraiment

Je serai belle, si belle
Quand tu me diras de l'être
Je serai obéissante
Quand tes mains caresseront
Mes reins, mes seins, mon étoile
Oui je serai très très belle,
Quand, à minuit
Tu me coucheras
Sur un lit aux draps défaits
Sans vraiment aucun souci
Pour ma robe rouge d'amante
Sans aucun souci vraiment
Je serai douce, si douce
Je serai tendre, si tendre
Je serai belle, si belle...

Extrait de la pièce de théâtre : Madame

Mardi 5 juin 2007 à 8:17

http://mybabou.cowblog.fr/images/Chatelet87.jpg

 

Théâtre du Châtelet

 


(
1987 )


L'affichage, c'est, jusqu'à preuve du contraire, la meilleure façon de faire du bruit. Moi, je crois que les gens ont besoin de silence... Je crois le silence plus efficace que le tapage. Et puis, ce rendez-vous au Châtelet, c'est un rendez-vous d'amour. On ne fait pas d'affiches pour un rendez-vous d'amour. Si mon amant de mille bras n'est pas là, tant pis. S'il est là, je sais qu'il aura le visage que je souhaite, celui que je connais. Mon amour pour lui est le même depuis toujours. Moi, je change parfois, mon public, non. Il y aura des chansons que je n'ai jamais chantée en scène. Mais quelle importance ? Vieilles ou nouvelles chansons, c'est une question bidon. Il faut bousculer tout ça. La seule chose qui compte, c'est que j'ai envie de chanter mes chansons. Le reste... Ici, j'ai mis trois jours à trouver l'emplacement du piano. J'ai un fichu caractère, je sais, mais mes colères ne sont jamais des caprices.


(
1993 ) 


J'y serai dès le matin et j'attendrai le lever du rideau. Le soir, j'entendrai les spectateurs arriver, comme si ils descendaient des collines. Je capterai leurs discusions, leurs chuchotements, leurs éclats de rire. J'avancerai alors vers la scène avec ma peur. Le théâtre protège de tout. Entre ces murs, on a l'impression d'être à l'abri, d'être dans un monde où ne pénètrent ni la violence ni la guerre.


Barbara

Lundi 4 juin 2007 à 10:21

 

Bonheur


(
1981 )


Tout se paie. Le bonheur se paie. Je ne suis pas du genre qui traverse la vie en faisant " cui, cui, cui " J'aime mieux être seule que seule avec quelqu'un. L'habitude tue.


Barbara

Lundi 4 juin 2007 à 8:33


barbara - mes insomnies
envoyé par bisonravi1987




Les insomnies   ( Barbara/Barbara )   ( 1978 )



A voir tant de gens qui dorment et s'endorment à la nuit,
Je finirai, c'est fatal, par pouvoir m'endormir aussi
A voir tant d'yeux qui se ferment, couchés dans leur lit,
Je finirai par comprendre qu'il faut que je m'endorme aussi

J'en ai connu des grands, des beaux, des bien bâtis, des gentils
Qui venaient pour me bercer et combattre mes insomnies
Mais au matin, je les retrouvais, endormis dans mon lit
Pendant que je veillais seule en combattant mes insomnies

A force de compter les moutons qui sautent dans mon lit,
J'ai un immense troupeau qui se promène dans mes nuits
Qu'ils aillent brouter ailleurs, par exemple, dans vos prairies
Labourage et pâturage ne sont pas mes travaux de nuit

Sans compter les absents qui me reviennent dans mes nuits,
J'ai quelquefois des vivants qui me donnent des insomnies
Et je gravis mon calvaire sur les escaliers de la nuit
J'ai déjà connu l'enfer, connaîtrai-je le paradis ?

Le paradis, ce serait, pour moi, de m'endormir la nuit
Mais je rêve que je rêve qu'on a tué mes insomnies
Et que pâles, en robe blanche, on les a couchées dans un lit
A tant rêver que j'en rêve, les revoflà mes insomnies

Je rôde comme les chats, je glisse comme les souris
Et Dieu lui-même ne sait pas ce que je peux faire de mes nuits

Mourir ou s'endormir, ce n'est pas du tout la même chose
Pouttant, c'est pareillement se coucher les paupières closes
Une longue nuit, où je les avais tous deux confondus,
Peu s'en fallut, au matin, que je ne me réveille plus

Mais au ciel de mon lit, y'avait les pompiers de Paris
Au pied de mon lit, les adjudants de la gendarmerie
Ô Messieurs dites-moi, ce que vous faites là, je vous prie
Madame, nous sommes là pour veiller sur vos insomnies

En un cortège chagrin, viennent mes parents, mes amis
Gravement, au nom du Père, du Fils et puis du Saint-Esprit
Si après l'heure, c'est plus l'heure, avant, ce ne l'est pas non plus
Ce n'est pas l'heure en tout cas, mais grand merci d'être venus

Je les vois déjà rire de leurs fines plaisanteries,
Ceux qui prétendent connaître un remède à mes insomnies
Un médecin pour mes nuits, j'y avais pensé moi aussi
C'est contre lui que je couche mes plus belles insomnies

A voir tant de gens qui dorment et s'endorment à la nuit,
J'aurais fini, c'est fatal, par pouvoir m'endormir aussi
Mais, si s'endormir c'est mourir, ah laissez-moi mes insomnies
J'aime mieux vivre en enfer que dormir en paradis
Si s'endormir c'est mourir, ah laissez-moi mes insomnies
J'aime mieux vivre en enfer que de mourir en paradis...


Créée à Bobino en février 1975, cette chanson a été enregistrée en public en 1978 à l'Olympia, puis en studio pour l'album Seule.

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