Jeudi 21 mai 2009 à 7:00

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Ma mère me chantait sa Petite cantate. Je la trouvais magique, un peu morbide, merveilleuse. J'étais sensible à son côté slave. Je n'ai longtemps écouté qu'elle et la chanson anglaise. Ado, j'ai refusé d'aller la voir au Châtelet. Je m'en suis toujours voulu. Plus tard, j'ai acheté le DVD :  la splendeur de Barbara, la beauté de la salle, l'ambiance électrique... Tout m'a donné envie de chanter là, et d'y faire un spectacle assez dépouillé. Je l'ai fait, en octobre 2006. Puisque j'étais là à cause d'elle, je devais la chanter. Mais j'ai du mal  :  j'y perds mon souffle, j'ai la gorge serrée, des sanglots montent. J'ai parlé d'elle avec Bernard Lavilliers, avec Jean-Louis Aubert qui l'ont connue. Jean-Louis m'a raconté qu'elle voulait que chaque minute soit intense, qu'il y avait un tourbillon artistique autour d'elle... Ca manque, des êtres comme elle qui fédèrent, qui génèrent. Il y a une grâce totale dans ses enregistrements des années 1960, juste dans le son : on entend ses lèvres, son souffle, la pression de l'air. On entend ce qu'il y a de miraculeux dans cette voix, qui l'était toujours même brisée, dans les années 1980. Elle allait haut, très haut...

Raphaël   ( Chanteur )

Mardi 19 mai 2009 à 8:41


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Je me souviens du soir où, à la fin de son récital du Châtelet, après d'innombrables rappels, elle nous avait entraînés presque en courant, mon fils et moi, dans sa loge. " Surtout, m'avait-elle dit , ferme bien la porte, ILS seraient capables de venir jusqu'ici. ILS sont terribles. Dieu que je les aime, mais ILS m'empêchent de respirer. ILS finiront par m'étouffer, oui, m'étouffer. " Et puis elle s'était accroupie, avec Gabriel, devant un grand réfrigérateur rempli de petits pots pour bébés aux fruits. " Je ne mange plus que ça, très bon pour ma voix  " A eux deux, ils en avalèrent une dizaine pendant que, m'improvisant garde du corps, je bloquais la porte du pied et jetais un œil attendri sur ce jardin d'enfance improvisé à même la moquette. " NE LES laisse pas entrer !  " Quand elle ne chantait pas, Barbara ne quittait jamais Précy, où elle figurait une séquestrée. Les journées étaient courtes, les nuits, très longues. Elle pouvait demeurer éveillée plus de soixante-douze heures. Dans chaque pièce, des lampes rouges figuraient les coursives d'un paquebot à la dérive. Fugueuse cathodique, elle regardait beaucoup la télévision, suçait des bâtons de réglisse, des demis-citrons et des cornichons, zappait jusqu'à l'aube en tricotant la laine, le coton et le velours-chenille, exécutait pendant d'ennuyeux débats, d'insipides feuilletons américains et des dessins animés japonais, des écharpes trop longues, couleur chocolat, qui rejoindraient d'improbables pull-over aux manches d'inégales longueurs. L'insomniaque envoyait des fax tendres au cœur des ténèbres, arrosait sous la lune les fleurs de son jardin et se couchait quand le jour se levait. Longtemps, en effet, elle a pensé, grand oiseau de nuit, que le soleil était son ennemi personnel.

Mardi 12 août 2008 à 12:54

 

 Le mal de vivre  (Barbara/Barbara )  ( 1965 )
 

Ça ne prévient pas quand ça arrive
Ça vient de loin
Ça c'est promené de rive en rive
La gueule en coin
Et puis un matin, au réveil
C'est presque rien
Mais c'est là, ça vous ensommeille
Au creux des reins.

Le mal de vivre
Le mal de vivre
Qu'il faut bien vivre
Vaille que vivre.

On peut le mettre en bandoulière
Ou comme un bijou à la main
Comme une fleur en boutonnière
Ou juste à la pointe du sein
C'est pas forcément la misère
C'est pas Valmy, c'est pas Verdun
Mais c'est les larmes aux paupières
Au jour qui meurt, au jour qui vient.

Le mal de vivre
Le mal de vivre
Qu'il faut bien vivre
Vaille que vivre.

Qu'on soit de Rome ou d'Amérique
Qu'on soit de Londres ou de Pékin
Qu'on soit d'Egypte ou bien d'Afrique
Ou de la porte Saint-Martin
On fait tous la même prière
On fait tous le même chemin,
Qu'il est long lorsqu'il faut le faire
Avec son mal au creux des reins
Ils ont beau vouloir nous comprendre
Ceux qui nous viennent les mains nues
Nous ne voulons plus les entendre
On ne peut pas, on n'en peut plus.
Alors seuls dans le silence
D'une nuit qui n'en finit plus
Voilà que soudain on y pense
A ceux qui n'en sont pas revenus.

Du mal de vivre
Leur mal de vivre
Qu'ils devaient vivre
Vaille que vivre.

Et sans prévenir ça arrive
Ça vient de loin
Ça c'est promené de rive en rive
Le rire en coin
Et puis un matin, au réveil
C'est presque rien
Mais c'est là ça vous émerveille
Au creux des reins.

La joie de vivre
La joie de vivre
Oh viens la vivre
Ta joie de vivre.
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