Je suis sur une scène la même qu'avec un homme que j'aime. Ce sont là deux manières de faire l'amour, mais dans lesquelles entre le même don total de moi. Barbara
Tu me fais des nuits et des jours
Et des jours et des nuits d'amour
Toi, je le sais, tu pourrais même
M'ensoleiller sous la pluie même,
Avant toi d'autres sont venus
Que je n'ai jamais reconnus
Pour toi je ne suis pas la même
Toi, ce n'est pas pareil, je t'aime
Je t'aime...
Tu me fais des nuits et des jours
Et des jours et des nuits d'amour
Tu me fais la mer et les dunes
Et les plages au clair de la lune
Avec ta gueule de Jésus
Tu es venu, oh bien venu
Et tu m'as griffée en douceur
Là, juste à la pointe du coeur
A la pointe du coeur
Tu me fais la nuit, le jour
Le jour et la nuit, l'amour
Et dans tes bras je fais naufrage
Sans même quitter le rivage
J'ai beau connaître mon affaire
Du boy-scout jusqu'au légionnaire,
Devant toi, j'étais vraiment nue,
Le jour où tu m'as dévêtue...
Tu m'as faite, au premier matin
Timide et vierge, vierge et catin
Pour toi, je ne suis plus la même
Toi, ce n'est pas pareil, je t'aime...
Sur le grand bassin du château de l'idole
Un grand cygne noir, portant rubis au col
Dessinait sur l'eau, de folles arabesques
Les gargouilles pleuraient, de leur rire grotesque
Un Apollon solaire de porphyre et d'ébène
Attendait Pygmalion, assis au pied d'un chêne
Je me souviens de vous
Et de vos yeux de jade
Là-bas, à Marienbad
Là-bas, à Marienbad
Mais, où donc êtes-vous
Avec vos yeux de jade ?
Si loin de Marienbad
Si loin de Marienbad
Je portais, en ces temps, étole d'engoulevent
Qui chantait au soleil et dansait dans les temps
Vous aviez les allures d'un dieu de lune inca
En ces fièvres, en ces lieux, en ces époques-là
Et moi, pauvre vestale, au vent de vos envies
Au coeur de vos dédales, je n'étais qu'ophélie
Je me souviens de vous
Du temps de ces aubades
Là-bas, à Marienbad
Là-bas, à Marienbad
Mais, où donc êtes-vous ?
Vous chantez vos aubades
Si loin de Marienbad
Bien loin de Marienbad
C'était un grand château, au parc lourd et sombre
Tout propice aux esprits qui habitent les ombres
Et les sorciers, je crois, y battaient leur sabbat
Quels curieux sacrifices, en ces temps-là
J'étais un peu sauvage, tu me voulais câline
J'étais un peu sorcière, tu voulais Mélusine
Je me souviens de toi
De tes soupirs malades
Là-bas, à Marienbad
A Marienbad
Mais, où donc êtes-vous
Où sont vos yeux de jade ?
Si loin de Marienbad
Bien loin de Marienbad
Mais si vous m'appeliez, un de ces jours prochains
Pour parler un instant, aux croix de nos chemins
J'ai changé, sachez-le, mais je suis comme avant
Comme me font, me laissent, et me défont les temps
J'ai gardé, près de moi, l'étole d'engoulevent
Les grands gants de soie noire et l'anneau de diamant
Je serai à votre heure
Au grand château de jade
Au coeur de vos dédales
Là-bas, à Marienbad
Nous danserons encore
Dans ces folles parades
L'oeil dans tes yeux de jade
Là-bas, à Marienbad
Avec tes yeux de jade
Nous danserons encore
Là-bas, à Marienbad
Là-bas, à Marienbad
Mais me reviendras-tu ?
Au grand château de jade
A Marienbad...
Jamais la fin d'été n'avait paru si belle
Les vignes de l'année auront de beaux raisins
On voit se rassembler, au loin les hirondelles
Mais il faut se quitter, pourtant l'on s'aimait bien
Quel joli temps pour se dire au revoir
Quel joli soir pour jouer ses vingt ans
Sur la fumée des cigarettes
L'amour s'en va, mon coeur s'arrête
Quel joli temps pour se dire au revoir
Quel joli soir pour jouer ses vingt ans
Les fleurs portent déjà les couleurs de Septembre
Et l'on entend, de loin, s'annoncer les bateaux
Beau temps, pour un chagrin, que ce temps couleur d'ombre
Je reste sur le quai, mon amour, à bientôt
Quel joli temps, mon amour, au revoir
Quel joli soir pour jouer ces vingt ans
Sur la fumée des cigarettes
L'amour nous reviendra peut-être
Peut-être un soir, au détour d'un printemps
Ah quel joli temps le temps de se revoir
Jamais les fleurs de Mai n'auront paru si belles
Les vignes de l'année auront de beaux raisins
Quand tu me reviendras, avec les hirondelles
Car tu me reviendras, mon amour, à demain...
< Le piano noir et Ma plus belle histoire d'amour >
Le piano noir ( D. Thinon/R.Charlebois ) ( 1987 )
Quand je serai morte,
Enterrez-moi
Dans un piano noir comme un corbeau
Do, ré, mi fa, sol, la, si, do
Quand je serai morte
Ecrivez dessus, comme il faut
Elle faisait bien son numéro
Do, ré, mi fa, sol, la, si, do
Quand je serai morte
Veuillez alors me mettre à l'eau
Sur l'eau d'un fleuve
Ou d'un ruisseau
Do, ré, mi fa, sol, la, si, do
Quand je serai morte
S'il vogue, vogue, mon piano
Viendrons s'y poser les oiseaux
Do, ré, mi fa, sol, la, si, do
Viendrons s'y poser les oiseaux
Viendrons s'y poser les oiseaux
Quand je serai
Quand je serai
Quand je serai
Morte...
Ma plus belle histoire d'amour (Barbara/Barbara ) ( 1967 )
Du plus loin que me revienne
L'ombre de mes amours anciennes,
Du plus loin du premier rendez-vous,
Du temps des premières peines
Lors j'avais quinze ans à peine,
Coeur tout blanc et griffes aux genoux
Que ce fût, j'étais précoce
De tendres amours de gosses
Ou les morsures d'un amour fou,
Du plus loin qu'il me souvienne
Si depuis j'ai dit je t'aime
Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous.
C'est vrai, je ne fus pas sage
Et j'ai tourné bien des pages
Sans les lire, blanches et puis rien dessus,
C'est vrai je ne fus pas sage
Et mes guerriers de passage
A peine vus, déjà disparus
Mais à travers leurs visages
C'était déjà votre image,
C'était vous déjà et le coeur nu,
Je refaisais mes bagages
Et poursuivais mon mirage,
Ma plus belle histoire d'amour c'est vous.
Sur la longue route, qui menait vers vous
Sur la longue route, j'allais le coeur fou
Le vent de Décembre, me gelait au cou
Qu'importait Décembre, si c'était pour vous ?
Elle fut longue la route
Mais je l'ai faite la route
Celle-là qui menait jusqu'à vous,
Et je ne suis pas parjure
Si ce soir, je vous jure,
Que pour vous, je l'eus faite à genoux
Il en eût fallu bien d'autres
Que quelques mauvais apôtres
Que l'hiver et la neige à mon cou,
Pour que je perde patience
Et j'ai calmé ma violence,
Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous.
Mais tant d'hivers et d'automnes
De nuits, de jours et personne,
Vous n'étiez jamais au rendez-vous
Et de vous perdant courage
Soudain me prenait la rage
Mon dieu, que j'avais besoin de vous
Que le Diable vous emporte !
D'autres m'ont ouvert leur porte,
Heureuse, je m'en allais loin de vous
Oui je vous fus infidèle
Mais vous revenais quand même,
Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous.
J'ai pleuré mes larmes, mais qu'il me fût doux
Oh qu'il me fût doux, ce premier sourire de vous
Et pour une larme qui venait de vous
J'ai pleuré d'amour, vous souvenez-vous ?
Ce fut un soir de Septembre,
Vous étiez venu m'attendre
Ici même, vous en souvenez-vous ?
A vous regarder sourire,
A nous aimer sans rien dire
C'est là que j'ai compris tout à coup
J'avais fini mon voyage
Et j'ai posé mes bagages,
Vous étiez venu au rendez-vous
Qu'importe ce qu'on peut en dire,
Je tenais à vous le dire :
Ce soir je vous remercie de vous
Qu'importe ce qu'on peut en dire,
Tant que je pourrai vous dire,
Ma plus belle histoire d'amour,
C'est vous.
Liberté, liberté
Qu'as-tu fait, liberté,
Pour ceux-là qui voulaient te défendre,
Les voilà, tes amis,
Ils étaient trop petits,
Et demain, le bourreau va les pendre,
Ils aimaient bien leurs enfants,
Ils aimaient bien leurs parents,
Et pas qu'un peu, le vin rouge et l'amour,
Mais quelque chose manquait,
Qu'ils ne pouvaient expliquer,
Et c'était toi, liberté des beaux jours,
Avec une rose au chapeau,
Bien plus jolie qu'un drapeau,
Droit devant eux, un jour, s'en sont allés,
Mais ils n'ont pas fait quatre pas,
Que les sergents étaient là,
Qui les tenaient au bout des pistolets,
N'as-tu pas deux visages,
Liberté,
L'un joueux, l'autre grave,
Liberté,
Liberté, liberté,
Qu'as-tu fait, liberté,
Pour ceux-là qui t'ont crue, sur parole,
Ils ne t'ont jamais vue,
Ils ne te verrons plus,
Liberté, fameux rêve des hommes,
Ils ne vivaient que par toi,
Ils ne parlaient que de toi,
Et c'est pour toi qu'ils prierons dans leur ciel,
Rien n'a changé dans leur coeur,
Ils n'ont plus froid, n'ont plus peur,
C'est toujours toi, liberté, leur soleil,
Quand on les a condamnés,
Ils ont salué sans pleurer,
Et l'un à l'autre, ils se sont embrassés,
Ils ont prié "vive le roi,
Vive la reine et la loi,
Mais surtout, vive, vive la liberté"
Liberté, liberté, liberté...
Le verger en Lorraine ( J.Poissonnier/Barbara ) ( 1962 )
Tout le sang qu'ont versé
Les hommes dans la plaine
Et tous les trépassés
Des causes incertaines
Ont fait qu'à ce verger
Il pousse par centaines
La rose et le pommier,
Aussi la marjolaine
Tous ceux qui ont crié
Que leur mort était vaine,
Tous ceux qui ont pleuré,
Le front dans la verveine,
Tous ceux qui ont soufflé,
Là, leur dernière haleine
Ont fait de ce verger,
Sur la rive lorraine,
Un creux tendre où s'aimer
Quand les saisons reviennent
Tous ces désarçonnés
Qui n'eurent le temps même
De dire, émerveillés,
Ce sont tes yeux que j'aime
Toutes ces fiancées
Dont l'attente fut vaine,
Ces hommes arrachés
A leur noce prochaine
Sourient à regarder
Ceux que l'amour amène
Sur l'herbe du verger
Quand leurs bouches se prennent
Tous ceux qui ont laissé
Leurs amours quotidiennes,
Les membres fracassés
Et le sang hors des veines,
Tous ceux qu'on a pleurés
Lors des guerres anciennes,
Ceux qu'on a oubliés
Les sans noms, les bohèmes
Se lèvent pour chanter
Quand les amants s'en viennent
Insouciants, échanger
La caresse sereine
Qui leur fut refusée
Au nom d'une rengaine
Tout le sang qu'ont versé
Les hommes dans la plaine
Et tous les trépassés
Des causes incertaines
Ont fait qu'à ce verger
Il pousse par centaines
La rose et le pommier,
Aussi, la marjolaine,
Ont fait de ce verger
Sur la rive lorraine
Un creux tendre ou s'aimer
Quand les saisons reviennent