Découvrez Barbara!
Mercredi 24 septembre 2008 à 14:06
Il a signé les lumières de Gainsbourg, d'Hallyday, de Renaud, de Jane Birkin, de Goldman, de Julien Clerc, de Dutronc, et de beaucoup d'autres. Il garde pourtant de ses vingt années de travail et d'amitié avec Barbara une saveur toute particulière. L'affiche de Pantin trône en bonne place dans son appartement. Dessus, une dédicace de la dame : " magicien, tu es un magicien "
Barbara a toujours eu vingt ou vingt-cinq ans d'avance sur son temps. Dans sa façon d'être comme dans son travail. C'était une femme terriblement libre. L'un des êtres le plus libre que je connaisse. Elle imaginait des spectacles fantastiques. Si Lily Passion ne fait pas l'unanimité, c'est parce qu'il est très audacieux, novateur, fondamentalement d'avant-garde. Barbara doit être la seule avec Michel Berger à avoir fait mentir ceux qui prétendent qu'on ne sait pas faire de comédie musicale de ce côté-ci de l'Atlantique... Pour travailler avec elle, il fallait enfiler sa robe de bure et être disponible à 100% C'est chez elle que se faisait l'essentiel de la préparation. Je passais deux ou trois jours à Précy, on débattait des chansons, on parlait de climat, d'univers. Quand elle arrivait sur scène, nous étions tous hypnotisés, captivés par cette énergie, cette femme qui se donnait à fond. Elle savait parfaitement se déplacer, d'une façon étrange... Elle était d'avant-garde, là encore, avec ses gestes exagérés, son genou levé très haut, sa façon de tourner comme un Derviche ! Elle aimait la mise en scène. C'était une femme de spectacle, une femme de music-hall. Elle était totalement incontrôlable, elle prenait parfois des risques énormes. Je me souviens d'un récital en Hollande où l'on avait prévu de baisser une trappe entre deux chansons. Je lui avais dit : " pas question de revenir à ce moment-là, il y aura un trou énorme dans la scène, Restez en coulisses. " Devinez : elle a voulu revenir ! Il a fallu que Romanelli la retienne de toutes ses forces pour qu'on évite la catastrophe. Elle a eu de la chance. Elle sortait toujours de scène au bord de l'évanouissement. Elle n'a jamais compté ses efforts, même quand elle était fatiguée. On lui disait " doucement, doucement. " Mais on savait que c'était peine perdue. Et puis jamais personne ne m'a fait autant rire. Il fallait la voir, sur la plage de Marseille, avec tous ses froufrous noirs, nous regarder jouer au foot à neuf heures du matin et hurler pour nous encourager ! Barbara n'était pas une femme noire. Elle était terriblement drôle. On riait, avec elle, jusqu'à l'asphyxie. Tout le monde l'adorée. Je me souviens d'Hallyday au Zénith me disant : " fais-moi des lumière comme tu as fait à Barbara " Je me souviens aussi d'elle, allant voir Sardou en coulisses, et lui faire changer trois fois de ceinture... Il s'exécutait sans mot dire ! Pour moi, Barbara restera une sorte de mère spirituelle. C'était une très très grande humaine. Colossale d'âme. Tous les artistes m'ont apporté, mais elle...particulièrement. Pour moi, elle n'est pas morte. J'ai encore ses fax sur mon bureau, ses petits mots : " viens voir l'automne à Précy, il est magnifique "...
Jacques Rouveyrollis
Lundi 22 septembre 2008 à 8:18
Mercredi 17 septembre 2008 à 7:19
Elle se rappelle à nous. On la rappelle à soi. Une fois, deux fois, dix fois. Et la dame n'en finit pas de parcourir la scène du Vinci, de sa curieuse démarche animale. Pour dire merci à tout : aux gens qui l'applaudissent, aux " bravos " lancés des travées comme à l'opéra, aux bouquets de roses déposées dans un coin, à la vie qui va, à la musique. Comme ces personnes de contes de notre enfance qui dispensent le bonheur autour d'eux, Barbara fait du bien à qui la regarde, la désire de loin, jusqu'à ne plus faire qu'un mentalement avec elle.
Elle pourrait chanter l'annuaire téléphonique, elle collerait le frisson. Elle pourrait jouer les dédaigneuses, on en redemanderait quand même. Mais comme elle ne fait ni l'un ni l'autre, la jubilation ressentie à l'écouter, à la voir déambuler, se lover dans son rocking-chair, se tourner vers ses musiciens, bouger d'une main, se cacher derrière le piano, est totale.
Joyeuse, délivrée, juvénile, sûre d'elle, si proche et si aérienne à la fois, Barbara balance son univers sur les planches : pas le " boulet " lugubre des années qui passent, mais un paquet de souvenirs, d'élans, de notations, de choses intimes et de parfums qui vous mettent le cœur en émoi, et l'envie de ne plus bouger du fauteuil. De rester là, à flâner dans Göttingen, ou rue de la grange aux loups. A espérer " Christine si belle dans son jupon blanc ". Et à pleurer discrètement en attendant que Madame revienne...